Très Cher...Toi dont le surnom est « Patriote Gabonais », je
t’écris pour t’informer de ce que nous vivons au Gabon, dans la province du
Moyen-Ogooué, en particulier à Lambaréné.
Comme tu le sais, la Province est située à une sorte de
carrefour.
Les voyageurs qui partent de Libreville pour se rendre au
Sud, au nord et un peu partout à l’intérieur du pays passent par le
Moyen-Ogooué. Les uns bifurquent par Bifoun vers Ndjolé et plus loin dans le
Woleu, l’Ogooué-Ivindo, le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Lolo... Les autres continuent
par Lambaréné pour la Nyanga et la Ngounié.
Depuis de nombreuses années, Lambaréné souffre de tous les
maux communs à toutes les villes qui ont cette position géographique.
La population de la ville est en croissance continue par un
fort afflux des compatriotes en provenance des autres parties de la République.
Ce phénomène a été accentué et rendu anarchique par des politiciens véreux qui,
pour assurer leur puissance et leur domination, ont favorisé ce mouvement pour
constituer un électorat captif, au lieu de donner aux arrivants une place
normal dans la ville.
C’est cette politisation de l’évolution démographique de la
ville qui perpétue un système abject qui fait que les victoires électorales
sont toujours en faveur des mêmes groupements d’intérêts communautaires.
Mon cher Mbina, je t’en parle pour que tu fasses comprendre
aux gens de Lambaréné et d’ailleurs qu’il faut changer de comportement et de
mentalité pour redonner à Lambaréné son caractère pluriethnique normal, où
toutes les communautés linguistiques doivent vivre en harmonie en participant
librement au progrès de leur lieu de vie.
Je t’écris aussi, toi qui es journaliste, par ce que
l’actualité politique nationale est dominée, comme tu le sais, par les
prochaines élections locales. Et, bien entendu, les puissants hommes et femmes
politiques de la ville se préparent à cette compétition et fourbissent déjà leurs armes.
Comme tu le sais, ils évoluent tous dans la même catégorie,
comme du reste tous les candidats de leur bord politique qui sont au pouvoir
depuis des décennies à travers le pays et qui ne veulent pas lâcher prise et se
retirer de la vie politique locale pour laisser la place aux jeunes.
La confection d’un fichier électoral biométrique ne changera
rien aux comportements, aux habitudes et aux pratiques de ces politicards qui
mettent tout en œuvre pour continuer à dominer, sans partage, la vie sociale du
pays.
Mbina, pauvreté n’est pas vice, mais il est préférable
d’être pauvre, que riche de façon malhonnête, parce que, comme disait
quelqu’un, « l’argent gagné malhonnêtement est un venin ».
C’est avec ce venin que les gabonais sont dominés depuis
longtemps. Comme les autres citoyens, je me suis fait enregistrer à Lambaréné
le week-end dernier. Ce que j’y ai vu est effroyable. Il y a comme une course
de vitesse, un concours autour de l’opération dite d’enrôlement, entre les
politiciens locaux et leurs filleuls politiques, futurs candidats aux conseils
locaux.
Les deux arrondissements de la ville, surabondent
d’électeurs, un engouement inédit qui surprend plus d’un riverain et qui est du
à un vaste déplacement d’électeurs transportés de l’Estuaire, de l’Ogooué
Maritime et d’ailleurs.
J’ai été surpris de voir des compatriotes des autres
provinces se faire enrôler à Lambaréné. A la question « vous habitez quel
quartier ? et à quel bureau avez-vous l’habitude de voter ? », ils étaient
incapables de répondre par méconnaissance de la ville.
Certains avouaient qu’ils avaient été transportés par
autocars en prévision de leur vote à Lambaréné moyennant une somme d’argent.
Pour mieux asservir un peuple, il faut d’abord l’appauvrir !
Lambaréné est le lieu de tous les excès : crimes rituels,
fétichisme, sectes maçonniques, sorcellerie et vampirisme, délation, viols,
vols et abus de biens sociaux, corruption, mépris et arrogance, excès de
pouvoir et de position etc.
A l’évidence, un candidat pauvre ne peut jamais mettre en
place une opération de ce type, seuls les détenteurs d’énormes moyens
financiers peuvent louer des autobus, soudoyer les jeunes, filles et garçons,
pour "fidéliser" un électorat en vue de gagner l’élection.
Cher Mbina, peux-tu me dire quelle joie et quel plaisir un
Etre équilibré peut ressentir, après avoir gagné les élections avec le concours
des personnes qui ne sont pas de sa circonscription ?
Comment peut-on fêter une victoire sans gloire ?
Un illustre auteur français avait dit qu’à vaincre sans
péril, on triomphe sans gloire et, qui peut vivre infâme est indigne du jour.
Qu’en penses-tu mon frère ?
Notre parti, l’Union Socialiste Gabonaise (USG) qui soutient
l’action du chef de l’Etat n’a pas les moyens pour participer à cette élection.
Ce n’est plus l’époque où son fondateur avait les fonds, mais surtout un talent
et une intelligence immense, pour conduire des actions politiques qui ont
profité à l’USG, au régime d’Omar et à tout le pays.
A l’époque, l’USG du
Docteur Serge Mba Bekale avait « le pétrole (les fonds) et les idées (le savoir
faire) ». Aujourd’hui, l’USG n’a plus que des idées et des convictions
patriotiques fortes. Elle n’est pas morte et elle aura toujours une place au
Gabon, si minime soit-elle.
Nous devons l’introduction de la biométrie dans le système
électoral gabonais à Monsieur Pierre Mamboundou, charismatique président de
l’UPG, paix à son âme.
Présentement, l’application de ce processus démontre que la
transparence électorale est lointaine. La biométrie n’aura pour effet que de «
légitimer » la fraude électorale. Ceux qui déplacent les gabonais d’une
circonscription à une autre affirment qu’il est légal qu’un citoyen vote où il
veut. Cela est vrai, et compréhensible pour l’élection présidentielle. Mais mon
frère, les élections locales, qui se prolongent en sénatoriales, sont des
élections de proximité. Ce sont les habitants de la localité qui donnent le
pouvoir à certains riverains pour gérer leurs affaires communes. Ca n’a rien à
voir avec les votants qui n’ont aucune attache à la localité.
Comment un individu né à Lambaréné, à Mouila, à Makokou où
ailleurs, où il a sa maison, ses parents, les tombes de ses grands parents, son
passé et ses intérêts matériels et moraux qui doit choisir les responsables de
leur biens communs, peut-il être amené à s’inscrire dans une autre localité
pour voter les responsables de cette dernière ?
Mbina, il faudrait demander à ces citoyens-électeurs
transportés de voter selon leur conscience et leur choix.
Mon cher ami, le Gabon est foutu par ce que les gens de peu
de conscience et de peu de valeur l’ont pris en otage avec la complicité de
l’étranger. Ces gens sont foncièrement égoïstes et diaboliques. Ils ne se
soucient que de leurs comptes bancaires et de leurs intérêts personnels. Ils
sont rompus à tous les bas stratagèmes politiques, ils sont grandiloquents,
impurs et parjures.
Se croyants immortels, ils ne sont que des mortels,
assoiffés d’honneurs et de biens.
Mon frère, évite-les ! Reste pauvre, digne et honnête. Ne
sois jamais un riche, infâme et diabolique !
Les autocars ont déversé des centaines de personnes à
Lambaréné pour enrôlement. C’est très affligeant de constater que les personnes
supposées valables se comportent comme des peignes culs.
Les personnes qui fraudent à 50-60 ans trichent depuis leur
jeunesse. Ils l’ont fait dans leurs jeux, leurs études, leur profession, leur
foyer etc.
Mon Frère, je t’écris pour te conforter dans la douloureuse
ligne de conduite et de vie que nous avons choisie.
Ne change jamais, demeure un homme digne, accroche-toi à ta
liberté, crois de tout ton cœur, de toute ton âme, mais sans excès, à Dieu : le
seigneur refuse tout excès.
Aime qui t’aime et pardonne à ceux qui nous détestent, lis
l’ecclésiaste, ce merveilleux et sublime texte du Roi Salomon, l’ami de Hiram,
bâtisseurs du Temple et souviens-toi que parmi les 7 jours de la semaine,
chacun de nous a le sien : son dernier.
Evite d’être esclave de l’argent, des honneurs et du sexe.
Rentre en toi pour t’accorder avec le divin qui est vivant dans tes tréfonds,
méprise les apparats du monde et retiens que l’existence à venir, après la vie
sur terre, est plus longue que notre éphémère passage ici bas et que, c’est le seul
enrôlement qui dure éternellement.
L’enrôlement aux mairies de Lambaréné centre et d’Isaac
étaient sous contrôle à distance par des gourous tapis dans l’ombre. Les
téléphones portables y ont largement participé.
Souviens-toi Mbina, qu’ensemble nous avons moult fois rêvé
et pleuré sur le Gabon, l’Afrique et le noir.
Après l’esclavage de l’occident, nous voilà esclaves de
nous-mêmes, esclaves des nôtres.
Ô Mbina, Dieu est merveilleux ! Il a fait la lumière et les
ténèbres, l’homme et la Femme, la vie et la mort pour nous éduquer et nous
préparer aux réalités qui seront après la mort.
Pour cette raison, ceux qui sont encore vivants doivent à
ceux qui sont morts la reconnaissance en rendant à leurs bonnes œuvres un
perpétuel hommage.
Si un jour, un Panthéon, ce monument réservé aux grands
hommes d’une nation, est créé au Gabon, certains noms devraient être
sélectionnés pour y figurer.
Après plus de 50 ans d’indépendance, nous sommes confrontés
aux mêmes difficultés. Le Gabon est l’un des pays au monde où le diable (le
mal) a élu domicile.
Le pays souffre par manque d’amour et de fraternité entre
ses habitants qui se comportent comme s’ils attendaient que des extra
terrestres viendront faire ce qu’ils ont à faire.
La paresse, la culture festive, jouissive et la facilité ont
remplacé la rigueur, la discipline et l’ardeur au labeur indispensables à la
construction d’un avenir collectif meilleur.
Les élections libres, propres et transparentes sont
devenues, pour les populations, un rêve lointain, un luxe inaccessible.
La démocratie est étrangère et n’a aucune emprise dans les
Etats nègres. Démocratie sans démocrates n’est que mortalité des valeurs et
abattoir d’hommes.
Dans le passé comme aujourd’hui, tous les progrès faits par
l’humanité en matière de liberté et de démocratie écrasent leurs auteurs. Il
n’y a jamais eu de progrès, de démocratie et de Liberté sans effusion du sang,
qui est le prix et la contre partie de ces valeurs. La Liberté, l’Egalité, la
Fraternité et les Droits de l’homme légués à l’humanité par la Révolution
française ruissèlent encore et toujours du sang des vaillants démocrates
républicains, au rang desquels Robespierre, Danton, Blanqui, Desmoulins et de
nombreux autres.
Mbina, nous sommes dépositaires des valeurs bâties et
confectionnées ailleurs, nous n’en comprenons pas l’essence et par conséquent,
nous ne sommes pas capables de les conceptualiser et de les appliquer. Cela ne
signifie nullement que nous devons mourir idiots, mais cela signifie que nous
devons participer, sans haine et passion, en compagnie des compatriotes sérieux
et patriotes aux changements positifs et graduels de notre pays.
Frérot, toi et moi sommes trop vieux et las, après tant
d’énergie et d’efforts gaspillés pour des résultats et des progrès médiocres.
Il nous revient à dire aux jeunes générations de prendre
part à tout projet qui porterait un minimum d’espoir…
Puisque que ces gens de peu de colère se contentent de peu.
A notre âge, Jean Christ Mbina, il nous reste à attendre le
précieux et ultime rendez-vous de l’au-delà, en éduquant notre jeunesse et en
vivant par avance notre gloire avenir, acquise au prix de la connaissance de
Dieu, et des peines vécues.
« L’homme est un apprenti et la douleur est son Maitre et
nul ne se connait s’il n’a pas souffert…».
Mon très cher Frère et Ami, si cela m’est donné, je
t’écrirais encore pour te raconter ce que j’ai vécu dans notre pays : torture,
humiliations, emprisonnement, privations diverses, mépris et injures…
J’attends ton courrier retour à mon nouveau mail
(guynang.bekale@gmail.com) et ton appel téléphonique au numéro habituel.
Ne dis rien de précieux au téléphone, par ce que, comme tu
le sais, nos conversations pourraient être écoutées par les gens qui veillent,
nuit et jour, sur la sécurité de la république et sur les écorchés vifs comme
nous.
Porte-toi bien et que Dieu te garde et te bénisse.
Même si nous semblons avoir tout perdu, il nous reste la
Liberté et l’Amour acquis dans la souffrance et les privations qui sont des
sanctuaires inaccessibles.
Bien à toi fraternellement.
A bientôt.
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