2 déc. 2016

CLIN D'OEIL AU PASSE : AUX PATRIOTES GABONAIS

Contrairement à la Comète, les jours passent en laissant des traces sur une page de l’histoire du Gabon. Y a-t-il des américains US, des européens français, des asiatiques chinois,  des africains et des gabonais patriotes pour prêter une vigilante et bienveillante attention à ces perpétuelles clameurs de tristesse, d’impuissance et de rage qui proviennent des tréfonds des mapanes, quartiers populeux de nos villes, de nos villages et de nos campements, clameurs qui veulent se transformer en espoir.
Les rares vieillards encore vivants qui ont conservé quelque sagesse s’interrogent sur l’avenir, non plus de leurs enfants, mais de leurs  petits enfants qui n’ont pas connu les premières années porteuses de la promesse d’un Gabon de bonheur jamais construit. 

Mba Léon, commis de douanes, faisait partie de ce qui était considéré à son époque, par le colonisateur français, comme élite. Il fut repéré, pris par la main, accompagné et porté à la direction du nouvel « Etat indépendant ». 

D’autres personnalités, Chefs des forces politiques en présence affichaient également ouvertement ou insidieusement leur prétention à accéder à la direction du pays ; ce sont : J.H Aubame, P.Gondjout, E.Amogo, Sousatte … 

Les raisons du choix de Mba sont mal connues et diverses. L’on peut cependant supposer que les examinateurs-décideurs colons avaient pris en compte certaines données tels que sa formation, sa capacité à s’exprimer vaille que vaille en français, son origine provinciale, natif  de l’Estuaire ; son appartenance à l’ethnie majoritaire Fang et son ancrage dans les valeurs culturelles traditionnelles du Gabon profond. Courageux militant actif anticolonial, il était craint des colons qui « l’avaient à l’œil ». 

Léon MBA Minko a été et sera pour l’éternité le premier président de la «  République gabonaise ». La jeune intelligentsia gabonaise montante composée entre autres de A.G. Anguilet, E.Kassa Mapsi, G. Mba Nguema, M.S. Nan Nguema, E.A Mbouy Boutsi, J.Engone etc avait été exclue de ce choix qui a été considéré par les opposants à Mba  comme injuste, indécent et non objectif. Pour certains, Aubame était naturellement le plus apte à diriger l’Etat, pour d’autres, c’était P.Gondjout ou A.G. Anguilet. 

Le pouvoir de MBA a eu pour supports : son charisme, sa forte personnalité, son puissant « ancrage dans nos traditions» et surtout l’appui des forces politiques et économiques françaises à une époque où le multipartisme ambiant se mélangeait avec les relations affectives familiales, ésotériques et avec les intérêts de la puissance coloniale ; époque où les secteurs du bois et des mines du Gabon, au sortir de la guerre de 1945 qui avait détruit les bases industrielles de l’économie métropolitaine, avaient une importance stratégique pour la redynamisation de celles-ci. 

Le Gabon a été et demeure encore l’une des anciennes et néo colonies françaises qui a toujours grandement et positivement contribué à l’approvisionnement de l’industrie française et à sa trésorerie. L’amitié entre la France et ses anciennes colonies, devenues pays amis à l’indépendance, a toujours été magnifiée par les responsables étatiques des deux pays. 

De Gaulle, dans un discours prononcé à Brazzaville le 30 janvier 1944, disait :
« Au moment où commençait la présente guerre mondiale (1945), apparaissait déjà la nécessité d’établir sur des bases naturelles les conditions de la mise en valeur de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l’exercice de la souveraineté française… Dans les territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n’y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n’en profitaient pas moralement et matériellement, (développement des communications et ressources etc.) s’ils ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C’est le devoir de la France de faire en sorte qu’il en soit ainsi »…Peine perdue !

Toutes les relations tranquilles ou tumultueuses entre le Gabon et la France, tant au plan économique et financier que diplomatique et politique, s’expliquent et dépendent de la sympathique et consensuelle gestion de ces relations historiques entre nos deux pays. Il est indubitable que dans cette cogestion, la France occupe une position dominante sur le Gabon…Il ne peut en être autrement. 

Jusqu’en 1960, tous les gabonais étaient de nationalité française. Du reste, la première équipe  gouvernementale du jeune nouvel Etat montre fidèlement l’indispensable et savante cohabitation qu’il fallait maintenir, afin d’assurer un climat sociopolitique serein pour sécuriser  la coopération  entre la France et le Gabon et pour fidéliser la coexistence des intérêts des deux parties. 

En mai 1957, dans le premier Conseil de gouvernement de 13 membres de Léon Mba, qui avait certainement été formé sous la supervision des politiciens et des magnats des secteurs forestier et minier français, il y avait 4 métropolitains : P. Flandre (finances et économie), M. Jourdan (Santé publique), P. Mariani et E. Duhaut (Economie et commerce). 

Puis vint 1967. Mba est malade, il fallait prévoir et/ou anticiper sa succession sans heurts à la direction du pays après 7 ans de commandement traversé par un coup d’Etat militaire qui avait surpris et choqué la France qui le considéra comme une  humiliation. Cette dernière avait réagi violemment à ce crime de « lèse majesté ». Quatre soldats patriotes : Valère Essono lieutenant parachutiste, Jacques Mombo lieutenant, Daniel Mbéné et Daniel Ondo-Edou  sous-lieutenants de gendarmerie composaient le comité révolutionnaire du push raté. Des témoins (dont nous même), s’étaient rendus à la morgue de l’hôpital générale située sur le côté droit de la ruelle qui part du château d’eau jusqu’au siège de canal vers l’Avenue de Cointet. Là, étaient allongés en treillis, les corps des militaires gabonais morts lors des affrontements. Certains avaient sous la tête une cuvette pour recueillir leur sang. Officiellement, on avait annoncé que l’armée gabonaise n’avait perdu qu’un soldat.  

Plus tard, sous la supervision du croque-mort Bouin, un groupe de jeunes (dont nous même), avaient été recrutés pour  déterrer les tombes du cimetière de Likoula, à l’emplacement actuel des bureaux de la SNI. Le gain était de 15.000 FCFA par tombe ouverte. Certaines de ces tombes contenaient  les ossements de musulmans reconnaissables par la qualité des bijoux et d’autres objets. D’autres tombes renfermaient des corps en tenue de soldat … 

Réclamer la liberté, la justice, la dignité, la considération et la démocratie pour notre pays devient un devoir, une obligation patriotiques. Qui peut reprocher au peuple gabonais d’avoir violemment réagi à l’assassinat de J. Redjambé, ce zélé partisan du changement qui est mort tué par les mains de ceux qui pensent que l’éternité est de ce monde ? 

Il y a des citoyens dont les déchirures internes provoquent insomnies et pleurs sur le sort du peuple gabonais qui n’a toujours pas compris la réalité de son pays. Un pays exceptionnel qui est un maillon important de l’évolution de toute l’humanité. Un pays qui a fabriqué des riches, créé des fortunes à travers le monde ; richesses qui vont massivement dans les poches des autres, de ceux qui en ont déjà ; et peu dans celles de ses nationaux. Un pays qualifié de « béni des dieux » ; ce à quoi on ajouterait placé sous le joug de Satan. 

Revenons à la succession de Mba qui a été l’œuvre de J. Foccart (et consorts) ce néo négrier, virtuose dans le montage des schémas politiques destinés à humilier les peuples francophones d’Afrique. 

Monsieur Foccart raconte dans ses mémoires que le Général de Gaule lui avait prescrit la mission de faire de Bongo le successeur de Mba. L’accession de Bongo au pouvoir en 67 est dans la même logique que celle de Mba. En 2009, Bourgi nous a affirmé que la candidature d’Ali a bénéficié du soutien de l’Elysée de Sarkozy (dans la mythologie grecque, les Champs Elysées étaient le lieu de Séjour des âmes vertueuses dans l’au-delà). Ce mode d’accession au pouvoir d’Etat doit laisser la place au processus démocratique. En instituant au Gabon l’enseignement des valeurs, des principes et des faits historiques des sociétés occidentales qui se réclament de la civilisation universelle, les pouvoirs français successifs ont intégré les nègres francophones dans un mode de pensée et de comportements mimétiques aux leurs. 

L’obtention d’un grade de diplôme, après formation en France, était supposée destiner le lauréat à un positionnement privilégié dans sa société en référence aux us et pratiques de la France. Pour accéder aux disciplines scientifiques : mathématiques, physique, chimie, sciences naturelles etc. l’africain doit d’abord apprendre la langue française. Nombreux d’entre nous ont chanté, à gorge déployée avec passion et conviction la « Marseillaise » ; ce glorieux hymne poignant, extraordinaire chant patriotique et guerrier… Et puis patatras. Ils se sont, à postériori, rendu malheureusement compte que la France, qui est supposée être la première à défendre les valeurs par elle véhiculées et acquises grâce à elle, s’est souvent grossièrement rendu complice et coresponsable de leur violation continue en Afrique depuis des décennies. 

Le citoyen nègre francophone a aussi envie, avant de mourir, de goûter aux joies de la Liberté, de la Fraternité, de la Démocratie, de la République qui sont contenues dans son héritage colonial positif français. Après cela, pourquoi s’étonner de voir les crises, les violences et les terreurs éclater à travers la planète ? 

Quand un peuple est longtemps maintenu dans la soumission, il finit par se rebeller. Le degré de violence de sa rébellion est souvent proportionnel à la dureté et à la durée de sa servitude. Certes, la France doit passer des alliances avec les pouvoirs africains francophones ;  mais, celles-ci doivent obéir à la « raison » et aux aspirations des peuples concernés…

Même si comme disent les con-naisseurs, la morale et les sentiments n’ont pas de place en politique ; ce lieu de malheurs où trônent les intérêts est devenu le royaume de la violence et du crime. 

L’élection présidentielle de cette année est d’une sensibilité particulière. Pour la première fois dans l’histoire électorale du Gabon, un candidat-président a eu en face de lui des candidats de l’opposition coalisés, ses anciens compagnons et/ou soutiens, déterminés à le destituer par la voie légale et démocratique. La suite……un contentieux qui perdure et qui est loin d’être vidé... (à suivre).

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