15 mars 2014

AUX AMBASSADEURS ACCRÉDITES AU GABON...

Excellence, Madame, Monsieur ! 

La situation sécuritaire en l’Afrique francophone nous interpelle tous. C’est pour cette raison que nous souhaitons vous faire réagir, ou simplement vous faire réfléchir, sur la mise en œuvre, par vos Etats, des missions salvatrices en faveur des pays nègres francophones qui sombrent dans de meurtriers conflits sociaux. 

Nous constatons, avec beaucoup d’admiration et de  reconnaissance, qu’au moment où certains de vos pays amis du continent européen sont secoués par de violentes crises sociales provoquées par les revendications populaires multiformes, vous déployez d’énormes moyens économiques, matériels, financiers, militaires et politiques pour régler les conflits qui naissent à travers le monde, et en particulier en Afrique noire française subsaharienne. 

Cette marque d’intérêt et d’amitié est louable et réjouit les humanistes du continent… Peu importe le volume des moyens, la Paix et la Démocratie que nous appelons tous de nos vœux n’ont pas de prix et justifient ces sacrifices.

Madame, Monsieur ! 

Ce qui est horripilant, c’est de savoir que depuis des décennies, les incendies que vous venez éteindre partent du même foyer de tension. La cause majeure qui est à l’origine des crises qui justifient vos interventions militaires en Afrique est « la prise illégale et l’exercice brutale du pouvoir d’Etat par des groupuscules qui violent à la fois la loi, et les fondements élémentaires de la démocratie »

Evidemment, vous savez parfaitement qu’en Afrique, les élections, en particulier l’élection présidentielle, sont des mascarades, et votre complaisant comportement à l’égard des mauvais gagnants fait dire que vous les cautionner et que vous en êtes complices. 

Pourquoi n’intervenez-vous que pour rétablir l’ordre suite aux crises sociales aiguës, aux coups d’Etat et aux violents conflits post électoraux ? 

Savoir que vous dépensez d’énormes sommes d’argent qui peuvent servir à autres choses et surtout, que vous perdez des vies humaines (vos soldats meurent à travers le monde) pour des responsables qui ne parviennent pas à gérer convenablement leurs institutions et à respecter les lois qu’ils ont librement édictées et adoptées, suscite une réelle curiosité. 

Pourquoi ne déployez-vous pas ces moyens pour imposer des élections libres, justes, transparentes et propres… pour prévenir les violences ?

Excellence ! 

Vous êtes témoin inactif de la transformation en royauté de la forme républicaine donnée aux Etats, par vous, en même temps que les indépendances de vos anciennes colonies. Par tous les moyens, les fils de président succèdent à leur père, confisquent les pouvoirs, offensent les démocrates et instaurent les monarchies d’un type nouveau. 

Quand le désespoir arrive à saturation et la misère à son comble, le moindre accrochage se transforme en affrontement, toutes les haines éclatent, le sang coule, les populations sont déplacées, des camps de réfugiés se forment… Et, à posteriori, vous arrivez sur les lieux pour constater les dégâts et pacifier le pays. 

Les africains apprécient à leur juste valeur les énormes efforts que vous faites pour les aider à retrouver la paix après leurs sanglantes « guerres ethno-religio-politiques ». Néanmoins, votre impartial appui aux processus d’accès au pouvoir d’Etat par des élections transparentes serait de nature à réduire progressivement les  cas de violences armées et autres génocides en Afrique…tout autant que vos interventions militaires. Il vaut mieux prévenir que guérir... 

Dans quelques mois, les élections présidentielles seront organisées dans certains pays africains francophones, dont le Gabon. Des chefs d’Etat en poste seront sûrement candidat à leur succession….Ailleurs, certains tentent déjà de s’imposer en falsifiant la constitution. Il y a encore du temps pour engager des actions qui permettraient d’éviter la manipulation des processus électoraux, par la fraude, l’utilisation de la violence armée et toutes les formes de combines occultes funestes. 

Nous disons « Oui à l’Ingérence Politique Electorale (IPE) » pour organiser des élections libres propres, transparentes, démocratiques…

…Aux gabonais nos compatriotes !

Que ceux d’entre vous qui sont détribalisés traduisent ce texte à ceux qui ne parlent pas et ne lisent pas le français. Je me mets en demeure de tenir ces propos, compte tenu de mon âge, de mon expérience militante et d’homme, de mes sentiments humanistes et patriotiques mais aussi, au regard des signes avant-coureurs qui annoncent des moments de violences, à court terme, pour le Gabon.  

Cet écrit, n’est nullement une invitation à la haine ou à la désobéissance. C’est un acte préventif qui doit être considéré comme un appel au patriotisme, à la valorisation des comportements citoyens. 

Depuis l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba à la direction du Gabon, vous êtes dans une posture qui associe plusieurs sentiments contradictoires dont le doute, l’indifférence, l’espoir, l’agacement, l’incompréhension, la méfiance, la crainte et, malheureusement la peur et la haine aussi. 

Des trois fils qui ont succédé à leur père à la direction des Etats africains, seul Ali Bongo n’a pas judicieusement associé les anciens à son pouvoir. Quand on regarde les actualités politiques de la RD-Congo ou du Togo, on remarque la présence des personnes d’un certain âge aux côtés des plus jeunes. 

Au Gabon, les formations des équipes gouvernementales et institutionnelles sont  marquées par le rajeunissement. Le socle politique du vieux régime PDG est composé de technocrates, de diplômés et de minets…de jeunes dans du vieux sans les vieux.

Depuis les indépendances, beaucoup de pays noirs ont connu des changements politiques. Notre pays a connu 3 prises du pouvoir par les civils, et un coup de force armée qui n’a pas abouti à la prise du pouvoir.  
Ainsi, deux catégories d’agents sont susceptibles d’arriver à la direction des Etats noirs : les politiciens et les militaires. 

Les premiers y parviennent généralement par la fraude soutenue par la force des soldats, tandis que les militaires utilisent ce qui constitue leur raison d’être : les armes. 

Personne n’est assez intelligent, riche, courageux et habile pour prendre, seul, le pouvoir dans un pays. Il lui faut des alliés. La personnalité qui arrive au pouvoir présidentiel par l’élection (qui est très rarement libre et transparente en Afrique) ou par coup d’Etat (qui est souvent critiqué avant d’être reconnu officiellement) a toujours une dette à l’égard d’autres acteurs proches ou lointains : les populations dans le cas du vote et les soldats en cas de putsch. 

Si le bulletin de vote est une arme pacifique, le fusil est un outil dangereux. Et, les intellectuels, les cols blancs, les hommes d’opinions et de convictions, souvent poltrons et veules n’ont pour principale arme que la plume. Ils se trouvent désemparés, à la fois face à la fraude électorale, et face à la violence armée. 

Outre la France, ancien pays colonisateur, il y a des entités sociopolitiques qui ont une influence indéniable sur les processus électoraux des pays francophones anciennement colonisés, ce sont : les politiciens alphabétisés, les intellectuels diplômés et les militaires lettrés. Ils ont été formés aux écoles occidentales, et tous ont pour références, l’organisation occidentale de l’Etat et ses institutions publiques. 

Ceux qui pensent que l’une de ces catégories peut être apolitique ne commettent pas seulement une erreur mais font preuve de crétinisme politique. Pour chacune de ces entités, la forme prise par son arrivée au pouvoir, les moyens utilisés pour y séjourner longtemps et la façon de diriger les peuples comportent quelques nuances. 

A ce jour, un seul dirigeant africain a réussi à se donner une image d’homme d’Etat à partir de la fusion des qualités de deux de ces catégories : Thomas Sankara, « intellectuel soldat », jeune leader charismatique qui n’a jamais tenté de devenir politicien. Adulé par les peuples africains, il a été honni par la communauté internationale… Depuis des siècles, c’est toujours le même stratagème qui a cours dans les sociétés humaines. C’est pour la défense des intérêts de la masse et des valeurs que des hommes de cœur et d’honneur ont toujours été condamnés à mort, sacrifice suprême souvent accepté par avance par les victimes, dont l’amour pour les autres et l’intelligence des choses surpassent la moyenne humaine de leur temps : depuis le Christ jusqu’à nous. 

Mourir pour avoir voulu prendre le pouvoir, mourir après avoir exercé le pouvoir sont deux situations historiques qui ont marqué l’histoire et l’évolution des Etats africains post coloniaux, et leur organisation politico-institutionnelle. 

Souvent, deux formes de soutien sont apportées à tous ceux qui aspirent au pouvoir d’Etat. L’un national est valorisé à travers le pseudo-vote fondé sur le choix libre du peuple qui souvent, ne sait pas très bien où se situent ses intérêts. L’autre, international est le fait des pays développés dont les intérêts importants sont encadrés par de puissantes forces multiformes. 

La lutte pour la prise du pouvoir d’Etat en Afrique est une lutte à mort qui met en branle ces intérêts : ceux de chaque candidat et ses partisans ceux des populations indigènes portés par les candidats et enfin les intérêts des pays étrangers défendus par les Etats de la « Communauté internationale » et les firmes multinationales. 

L’élection du président d’un pays francophone noir n’est ni neutre, ni anodine. En réalité, les intérêts d’un pays ne sont ni exclusifs, ni sans partage. Ils sont liés aux intérêts des autres pays du monde, en particulier des pays partenaires. 

En conséquence, la compétition pour la prise du pouvoir dans un pays donné intéresse inévitablement, par ricochet, les pouvoirs constitués dans d’autres Etats du monde. Pour ne pas être surpris, tout candidat africain doit connaître et s’approprier cette vérité avant de s’engager dans une élection présidentielle qui est la décision cruciale pour tout acteur politique. 

Plutôt que considérer les intérêts en présence comme opposés, divergents ou contradictoires, il faut les agréger dans une stratégie politique et un plan d’actions nationale et internationale réaliste qui tienne compte de ce que nous baptisons « l’Ordre Géopolitique Mondial : OGM » qui doit déboucher sur une ingérence politique électorale transparente et publique de la Communauté Internationale. 

Cette conception internationale des relations des pouvoirs politiques étatiques concerne, sans exception, la totalité des pays du monde. Aussi, l’ingérence politique pratiquée par la Communauté Internationale trouve son officialisation et sa légalisation dans l’Ingérence Politique Electorale (IPE). Cette dernière doit être intégrée dans les agendas politiques des pays partenaires membres de la communauté internationale. L’IPE doit s’exercer avant, pendant et après la tenue de l’élection présidentielle dans un pays. Cette suggestion concerne davantage les pays où les fraudes électorales sont avérées et provoquent de sanglantes crises sociales; en particulier en Afrique noire francophone. 

Les partenariats économiques et financiers entre les pays en voie de développement et les pays démocratiques occidentaux doivent se prolonger en partenariats politiques électoraux-démocratiques pour assurer la transparence, la paix et la bonne gouvernance dans ces parties du monde. 

L’IPE aura pour but de légitimer l’arbitrage des puissants pays du monde dans les processus électoraux défaillants. Si en Afrique il n’y a pas d’élections présidentielles propres, c’est par ce que certains individus sont incapables de respecter la loi. En conséquence, cela les disqualifie à diriger un Etat de droit. 

3 mars 2014

L’ÉMERGENCE PAR "GABON D'ABORD" POUR MODERNISER ET ACTUALISER "L’UNITÉ NATIONALE"

Les propositions qui sont adressées aux responsables étatiques par les honnêtes citoyens, débarrassés de tout subjectivisme, et par les partisans désintéressés de la MRE, sont moquées et non prises en compte. 

Dans cet article, nous suggérons quelques pistes de réflexion aux acteurs sociopolitiques, socioculturels, socioéconomiques et financiers qui forment le groupe des incontournables  gestionnaires du Gabon  émergent.  

Il faut mettre en œuvre une "économie solidaire" à travers les projets nationaux intégrateurs. Pour cela, la Nouvelle Economie Politique Officielle (NEPO), doit se donner un volet social innovant fondé sur l’encouragement et l’appui à l’initiative privée nationale.

Face à la gestion politique scabreuse du PDG, bientôt ou tard, le milieu politique connaîtra une configuration qui pourrait débuter par une ouverture politique qui, pour être salvatrice et maîtrisée, doit être initiée et conduite sous le strict contrôle du chef de l’Etat. 

Les cas d’indiscipline signalés parmi les conseillers-électeurs pédégistes  lors des votes des conseils locaux ne sont que des signes avant coureurs qui indiquent qu’un examen global de « l’état du Gabon » est devenu nécessaire. 

Sans cela, une géante vague sociale, formée par « la masse silencieuse » des « non inscrits », les compatriotes qui ne sont membres d’aucun parti politique, pourrait balayer les stratégies et les montages politiques tactiques du plus grand parti de la MRE et du pays. Pour n’avoir pas appliqué la résolution relative à la présentation des listes communes « au cas par cas », prise à la réunion des chefs des partis de la Majorité, le PDG va s’obliger à collaborer, non pas avec ses compagnons, mais  avec certains de ses adversaires dans la gestion des conseils, avec le risque de crises en cascade. 

Le PDG est vieillissant, il faut : soit le restructurer et le transformer complètement, soit le remplacer par un nouveau parti politique qui serait le reflet de la politique d’émergence qu’Ali est en train de dessiner. Il ne faut pas être magicien ou voyant pour constater qu’il y a un véritable décalage, un vaste fossé entre les objectifs « idéologiques et fonctionnelles » du PDG et les bases de la nouvelle économie politique officielle (NEPO). 

Quoiqu’encore limitée et maladroite, la mise en place de ce que nous qualifions de « démocratie socioéconomique », que le chef de l’Etat initie par l’intermédiaire d’une politique sociale et solidaire destinée aux gabonais les plus défavorisés n’atteint que très timidement une infime minorité des intéressés. 

Le montage d’une économie libérale et solidaire doit nécessairement et obligatoirement s’accompagner d’un système politique démocratique et responsable impulsé par les personnalités dirigeant des partis politiques sérieux et expérimentés. C’est dans les réalisations économiques bénéfiques pour la masse des gabonais nécessiteux, et dans la prise des décisions justes et saines qu’il faut aller chercher les outils pour combattre et changer l’idée, vraie ou fausse, suivant laquelle : « les gabonais n’aiment pas Ali ». 

Les gabonais, hommes et femmes jeunes doivent davantage apparaître dans les structures et les institutions qui incarnent l’Etat, en commençant par la Présidence de la République. Le désamour d’une grande partie du peuple gabonais pour son Président se trouve d’abord dans l’insuffisance, l’absence de présence ou la sous représentation des gabonais autour de lui. 

C’est certainement par patriotisme, et nullement par fantaisie, par effet de mode ou par hasard que le vieux slogan « Gabon d’abord » a conservé son charmant attrait jusqu’aujourd’hui. 

Le Gabon et son peuple ont contribué, à toutes les époques, de la coloniale à l’indépendance jusqu’à maintenant, au progrès des autres pays francophones sans gains retours significatifs. Ce fait est installé de façon indélébile dans la mémoire des gabonais conscients. 

Seuls ceux qui ne connaissent pas l’histoire du pays peuvent négliger cette donnée historique qui se perpétue et se pratique sous diverses formes actuellement. Sous Omar Bongo, « l’unité nationale » était avant tout et surtout une idéologie à connotation politique voire politicienne qui était véhiculée, défendue et appliquée par des politicards médiocres, vénaux et veules qui l’ont transformée en un slogan vide de sens. 

Ali doit « moderniser » cette référence (Unité nationale) et lui  donner « une valeur adaptée », conforme au contexte du moment. Cette « modernisation-actualisation de l’unité nationale » devrait prendre sa source dans l’harmonisation des projets, des programmes, des plans nationaux fédérateurs (dont le processus est décrit dans le schéma directeur national des infrastructures) de développement avec leur traduction et leur transposition dans les discours des acteurs politiques des directions des partis de la MRE. 

Les comportements des élus locaux du PDG qui sont qualifiés d’indiscipline par certains analystes et observateurs traduisent une vérité fondamentale que les gouvernants ne peuvent pas percevoir parce qu’ils sont trop absorbés par leurs responsabilités, et par la gestion de leurs intérêts personnels. 

Cette vérité est que le peuple a besoin d’unité, de justice, de solidarité et de patriotisme : « Le pays doit être géré au centre » et non par la dictature d’un seul parti, le PDG, dont les victoires sont souvent contestables et contestées.  « Gérer au centre » ne signifie pas forcément entrer au gouvernement, c’est faire en sorte que des gabonais expérimentés et talentueux prennent par au fonctionnement du pays, en commençant par  les institutions républicaines et d’autres centres de décisions : voilà la substance du message des élus PDG qui votent pour les non pédégistes en direction de leur chef. Cette attitude est louable, par ce qu’elle est teintée de patriotisme. 

Cela ne doit bien évidemment pas remettre en cause l’existence des partis, ce qui porterait un coup à la liberté d’expression dont nous sommes friand. Le message est clair. Avant et depuis 2009, le peuple politique a besoin de consensus et d’une démocratie assainie. 

Ce besoin a été mal exprimé par la tapageuse et maladroite demande de la tenue d’une « Conférence nationale souveraine » quelques mois seulement après la présidentielle. 

A cette occasion nous avons eu, et encore maintenant nous avons la preuve qui confirme que le PDG-émergent est mal géré. Il est moins bien géré qu’au temps d’Omar. 

Quel élu PDG-rénovation pouvait donner son vote à un candidat tiers sans son onction ? 

Répétons que le PSGE est porteur d’espoir et de grandeur pour le pays. Il doit être méticuleusement mis en œuvre, sans précipitation, sans excès d’optimisme et sans fanfaronnades. Le PSGE doit privilégier les « projets nationaux intégrateurs » à court et moyen terme que sont les infrastructures de communications (qui font désormais partie du social, en particulier à Libreville), au nombre desquelles les routes nationales, les voiries urbaines, les moyens de transports fluviaux et maritimes et leurs quais et embarcadères. 

C’est à travers les projets de ces secteurs que l’Etat doit affirmer le principe de solidarité sociale et la mission de service public dévolue à son administration, en laissant au secteur privé une place de premier rang dans le transport aérien.  

Au titre des projets de l’émergence que nous qualifions « projets nationaux intégrateurs ou fédérateurs», il y a bien évidemment « l’action sociale » de l’Etat. Ici, les priorités et les urgences sont la santé, les logements, le coût de la vie dans les capitales provinciales et l’emploi qui doit être soutenu par le secteur privé avec l’accompagnement de l’Etat pour la création des entreprises petites et moyennes (PME)… 

Aussi, le plan de modernisation et d’actualisation de l’Unité Nationale à travers le PSGE doit s’appuyer sur un volet « PME gabonaises » qui deviendrait l’outil de la politique de l’émergence en matière de création d’emplois des jeunes, avec pour préalable, la confection d’une « stratégie patriotique de promotion des entreprises : SPPE» orientée vers l’auto emploi. 

La politique sociale traditionnelle de l’Etat, qui consiste à aider les plus vulnérables, à lutter contre les inégalités sociales en créant des organismes spécialisés pour une justice sociale, doit être complétée par d’autres formes et modes de solidarité. 

« L’aide à l’initiative entrepreneuriale privée » est à intégrer dans la Politique sociale de l’émergence. Cette politique de création d’emplois doit bénéficier du soutien des sociétés aux capitaux publics gabonais. 

La formation d’une classe d’entrepreneurs nationaux passent par la solidarité entre les sociétés qui existent et qui ont réussi et celles qui sont en difficultés ou en création. 

Il faut donc compléter les rapprochements politiques qui se font « spontanément » entre les élus PDG et les autres, par un plan d’insertion et de renforcement des nationaux dans les activités économiques du pays. Investissement pour placer les nationaux dans le monde des affaires relève du patriotisme et comporte un risque que nous connaissons pour l’avoir affronté et vaincu par moments. Ce risque est vivace par ce que depuis plusieurs années, les gabonais sont exclus du monde des affaires, de ce fait, ils n’ont ni expérience, ni esprit entrepreneurial qui s’acquièrent par la pratique expérimentale de la gestion d’une entreprise. 

Il revient aux experts de l’émergence d’enrichir le PSGE tout au long de sa mise en œuvre et de l’intégrer habilement et fortement dans le discours politique mobilisateur du chef de l’Etat. 

Il ne s’agit pas de réciter l’affirmation selon laquelle « on veut faire du Gabon un pays émergent… Que des chantiers sont en cours pour la concrétisation des projets programmés etc. », il faut développer la stratégie économique de l’émergence en y intégrant un puissant volet social à conceptualiser politiquement…. 

Le PSGE gagnerait à être expliqué clairement et en permanence aux populations. Les cadres et experts qui sont les plus proches du chef de l’Etat et qui sont les metteurs en scène privilégiés de son projet de développement économique et de progrès social ont le devoir de maîtriser ses contours et de l’enrichir : pas en théorie, mais pratiquement.   

26 janv. 2014

DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : CE QUE LE CHEF DE L'ETAT A DIT...CE QU'ON LUI A FAIT DIRE !

Dans aucun pays au monde, un chef suprême ne prend la plume pour rédiger intégralement ses discours. Chaque Chef d’Etat forme un groupe de rédacteurs choisis suivant certains critères dont deux sont essentiels à savoir : la connaissance et la maîtrise de sa pensée et de son programme politique et, la qualité et le bon style rédactionnel des écrivains sélectionnés… 

Les observateurs nationaux et internationaux assidus qui s’intéressent, depuis des années, à la politique gabonaise peuvent constater des différences entre les discours présidentiels du PDG-rénovation et ceux du PDG-émergent. 

Il est vrai que les hommes ne sont plus les mêmes, les niveaux de formation et d’expérience aussi… En comparaison, les nouveaux discours sont moins lourds, peu cohérents et de faible portée…   
« Depuis 2009, notre pays est un vaste chantier pour construire le Gabon émergent…de nombreux projets ont pris corps. Ils ont permis de consolider les fondamentaux Paix, Développement et Partage »
Quatre ans après sa prise du pouvoir, et dans la ligne droite qui mène à la présidentielle de 2016 (qui ne doit être reportée sous aucun prétexte), c’est avec une attention particulière que nous avons pris connaissance de l’allocution adressée par le Chef de l’Etat à son peuple. 

Aussi, nous avons tenu à examiner et à commenter très rapidement, de façon critique, ce que le Président gabonais a dit ou ce que les auteurs de son discours, du 31 décembre 2013, lui ont fait dire à ses compatriotes.

Une fois de plus, le « comité » qui a formalisé et traduit en discours la stratégie politique, économique, financière et sociale d’émergence du Gabon du Chef de l’Etat, a fait une présentation quelconque des projets en « cours d’exécution » y relatifs, qui doivent désormais constituer les supports permanents d’appui et d’accompagnement de ses discours.

Le caractère solennel de cet évènement, qui a lieu deux fois par an (31 décembre et 17 août), n’a été à peine perceptible que dans la restitution dynamique du texte par un orateur qui se voulait convaincant et convaincu. 

Objectivement et malheureusement, une fois encore, l’argumentaire n’a pas été suffisamment robuste. 

A la lecture, on s’aperçoit clairement que le discours présidentiel est mal agencé, il est déséquilibré et composé de paragraphes aux articulations incohérentes. 

On a l’impression que le discours est le produit de quelques rédacteurs et qu’il a été confectionné à partir des parties éparses reliées bout à bout, sans une synthèse logique de l’assemblage de celles-ci. Et pourtant, ce ne sont pas les éléments à mettre en valeur qui manquent aux émergents. Ce qui rabaisse davantage la portée des propos présidentiels, c’est le mode de présentation qui est fait de thèmes disparates, jetés pèle mêle. 

Ces thèmes ne sont pas hiérarchisés et ordonnancés… Et surtout, dans ce mode de communication, certaines données importantes n’y ont pas de place, et peuvent, de ce fait, paraître saugrenues, à l’exemple du « parachutage » des montants des ressources relatives à l’emprunt international et à la dotation du FNAS (700 et 300 milliards). 

Toujours est-il que l’orateur s’est montré serein et décontracté, confiant, sûr et certain que son action donne une impulsion au pays. Nous étions loin de l’image qui se dégageait de lui lors de l’allocution prononcée devant le parlement et le sénat  réunis en congrès, image d’un président nerveux, excité, prêt au combat contre ses contradicteurs. 

Ce changement pourrait s’expliquer par l’autosatisfaction qu’Ali tire des avancées qu’il constate, malgré des retards, dans la mise en œuvre des projets contenus dans « l’avenir en confiance », qu’il a naturellement vanté. 

Quant au contenu, c’est certainement l’un des discours le moins bien argumenté depuis son accession au pouvoir en 2009. Les  thèmes aussi importants que la paix, le dialogue, la biométrie, la solidarité, le patriotisme n’ont été qu’effleurés. Il a parlé de « Paix, Développement et Partage » en les illustrant par  la biométrie : 
« Je me réjouis de ce que la mise en œuvre effective de la biométrie ait été une occasion de consolider notre démocratie ». 
Et le président de la république de remercier les acteurs politiques et les autres instances pour « le bon déroulement d’un scrutin libre et transparent qui contribue à renforcer davantage la crédibilité et le prestige de notre pays ».  

Tout citoyen, celui qui est garant des institutions le premier,  a le droit d’apprécier à sa manière les évènements sociopolitiques du pays. Concernant la biométrie électoraliste, peu de gens en tire satisfaction par le fait que rien n’a changé. L’organisation et la gestion du scrutin par les autorités électorales ont été mauvaises… Les comportements scandaleux de certains candidats qui ont pré-inscrit les citoyens sur les listes électorales et déplacé les électeurs vers leur circonscription pour voter en leur faveur, ont dénaturé la liberté de vote et la véracité des résultats.

La biométrie n’a eu pour effet que de valider la massive fraude électorale organisée par les riches candidats. Si le scrutin pour les locales « contribue à renforcer davantage la crédibilité et le prestige de notre pays », qu’en sera-t-il du scrutin présidentiel ? 

Sans une révision du code électoral, sans une réorganisation juste et impartiale des organes chargés de la conduite des élections, la biométrie ne sera d’aucun apport pour la transparence électorale et le vote ne sera jamais libre au Gabon. 

A terme, la biométrie se transformera en un instrument au service des mêmes forces et acteurs politiques pour assurer leurs victoires électorales, elle accréditera la fraude et annihilera le contentieux post électoral. A l’évidence, il y a encore d’énormes améliorations à apporter dans ce domaine. 

Autre thème important évoqué : les négociations entre le Gouvernement et les partenaires sociaux qui « témoignent de la vitalité de notre dialogue social »

Généralement, le dialogue social (en réalité négociations sociales), met en présence les organisations professionnelles, patronales et syndicales privées ou publiques en cas de conflits. Ces négociations (dialogue) font partie des modalités à mettre en œuvre pour la résolution des crises. 

Au dessus de ce cadre de concertation se trouve le cadre politique qui est, par nature, le lieu où le dialogue prend un tout autre sens. Voir « la vitalité de notre dialogue », même social, dans les négociations gouvernement-partenaires sociaux, est réducteur de cette valeur qui est l’une des composantes de la Paix sociale et de la démocratie. 

Les termes « concertation » ou « négociation» paraissent plus appropriés que « dialogue» qui est plus global et plus conforme aux situations sociopolitiques. 

Dans ce contexte spécifique, Ali a annoncé la création du « Conseil national de l’éducation, de la formation et de la recherche et d’un Compte spécial pour les investissements des formations sanitaires publiques ». 

Puis il a parlé des activités financières et économiques : de l’obtention de 700 milliards F CFA sur le marché financier international, de la possibilité de diversifier l’économie… de la livraison du barrage de Grand Poubara et de la centrale d’Alenakiri, puis il a réaffirmé sa vision par une formule appropriée : 
« Le Gabon est en marche vers l’émergence grâce à une approche cohérente et structurante de notre stratégie. »
En condamnant certaines pratiques, le président a pris le risque de faire passer son discours pour un « catalogue de bonnes intentions », d’« effets d’annonces » ou un « aveu d’échec ». 

Il dit  de la CNAMGS qu’elle canalise d’importantes ressources financières …mais, ajoute-t-il, « j’observe la persistance d’un problème de redistribution des fonds destinés à chaque structure sanitaire » et de préconiser la « création d’un compte spécial (un de plus !) pour les investissements des formations sanitaires publiques… »

Passant à l’important dispositif de solidarité du «  Fonds National d’Aide Sociale : FNAS», qui doit profiter davantage aux foyers économiquement faibles, le Chef de l’Etat parle de reconsidérer « la stratégie de solidarité sociale en déployant une nouvelle politique d’accompagnement de ces foyers »

Il nous a informé que sur les 300 milliards F CFA de crédits budgétaires alloués à l’aide et subventions, « seuls 20% bénéficient réellement aux couches sociales les plus défavorisées »… où vont les 80% restants ? 

Réaction d’Ali : « cela doit changer, et cela va changer en 2014 », que le dispositif officiel d’aide sociale coexiste avec un dispositif plus efficace et plus lisible mis en place par son épouse, autour du FNAS et de la CNAMGS… « pour lutter contre la pauvreté et s’attaquer aux facteurs aggravants de précarité et d’exclusion »…. 

Conclusion normale, « cette assistance de l’Etat aux personnes les moins favorisées ne se fera pas sans conditions » : lesquelles ? 

Il n’en parle pas… mais déclare que ce « principe de l’effort en contrepartie du soutien de l’Etat sera étendu à tous les secteurs…» 

Indubitablement, ce discours est peu convaincant et décevant pour les populations, pour les forces politiques et sociales, en particulier celles qui soutiennent son action ; mais peut-être moins pour les partenaires du Gabon. 

Le discours ne comporte aucun élément positif pouvant susciter l’enthousiasme des couches les plus vulnérables qui sont les plus nombreuses. On retient que des organismes existants seront réorganisés et de nouveaux créés, que les modalités de gestion financière seront rendues plus efficaces, que « des efforts seront demandés aux catégories sociales les plus vulnérables en contrepartie de l’aide sociale de l’Etat »

C’est ici que la politique sociale de l’émergence perd toute sa crédibilité. Quels efforts peuvent fournir les catégories sociales les plus vulnérables ? Quelles catégories sociales peuvent être qualifiées de plus vulnérables au Gabon ? Handicapés, jeunes filles mères célibataires, chômeurs, retraités, grands malades…Ali ne les cite pas et leur demande de faire des efforts pour avoir l’aide sociale de l’Etat : nous sommes dans le donnant-donnant. 

A la fin de son discours, le Président de la République gabonaise a lancé un appel à ses compatriotes. Cet appel contient toute la substance, toute l’essence et traduit l’état d’esprit des « éminences grises de l’émergence » qui participent au quotidien à la mise en œuvre de la nouvelle économie politique du Gabon. 

Cet historique appel aux accents "Omariens" : 
« Une fois encore, une fois de plus, je voudrais réitérer mon appel au patriotisme et inviter chacun au rassemblement devant les défis que l’histoire nous invite à relever ensemble. Je demande à chacune et à chacun de rejeter résolument les critiques primaires et subjectives, la stigmatisation systématique de l’action publique, les dénigrements intempestifs, instinctifs et stériles » 
et d’ajouter que « Les marques de confiance que nous témoigne la communauté internationale doivent nous interpeller et nous rassurer sur la pertinence de nos choix »

Pour terminer, notons que le Chef de l’Etat ne s’est pas prononcé sur : la politique d’accès au logement, la situation globale des finances publiques, le processus de démocratisation du pays et la place de l’opposition dans la vie politique…Les crimes rituels, la sécurité et la protection des biens et des personnes….Vive le 17 Août 2014 et vivement 2016.

POUR UNE DÉMOCRATISATION DE LA POLITIQUE SOCIALE DE L'EMERGENCE

Dans les pays qui ont un tissu économique robuste et opérationnel, il est facile de construire des plans pour l’avenir en partant des structures existantes. Les leaders politiques et leurs partis peuvent ainsi échafauder des programmes qui intègrent la totalité des secteurs économiques et divers aspects sociaux de la vie communautaire. 

Dans ce contexte, les personnalités  qui se portent candidates à une élection présidentielle peuvent  parler de projet pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Cette amélioration se résume en une série de décisions traduites en actes à travers les réformes assises sur la loi. 

Dans ces pays, les institutions étatiques sont en relation et agissent étroitement de façon coordonnée. Le Gouvernement, le Parlement et les hautes administrations travaillent  à partir des mêmes dossiers et en se référant aux valeurs identiques. 

Dans les pays du tiers monde dit "en développement", il semble incorrect, voire indécent de parler de projet de société pour des Etats qui tentent de créer des structures pour une vie collective satisfaisante, tant dans le domaine économique que dans le politique et le social. 

De plus, le mandat présidentiel étant limité à 5 ou 7 ans suivant les pays, une action gouvernementale dont l’échéance est fixée à une date au-delà de cette limite suscite un questionnement que les observateurs avertis et les politiciens chevronnés doivent examiner sans passion, mais dans l’intérêt supérieur des populations. 

La qualité et la nature des choix à faire face aux situations problématiques sont d’une importance capitale pour la paix et la concorde d’un pays. Aussi, les décisions gouvernementales doivent en priorité se focaliser sur la satisfaction des besoins qu’expriment les couches sociales nécessiteuses, qui sont majoritaires.  

Au Gabon, par leur importance vitale, et sans les hiérarchiser, 4 de ces situations doivent être traitées et faire l’objet d’une politique structurelle, ce sont : 
- la santé, 
- le logement, 
- la formation et  
- l’immigration. 

La santé :

En matière de santé, si la construction et l’équipement des hôpitaux modernes ne sont pas suivis des conditions d’accès rapides et peu coûteuses aux soins qui doivent être continuellement de meilleure qualité, on ne peut pas parler de « santé pour tous »

Admirer de beaux bâtiments abritant des hôpitaux et des  dispensaires, sans pouvoir en profiter, est un mal plus grand que de disposer des centres médicaux modestes fonctionnels où les malades reçoivent des soins réguliers. Un hôpital se compose de bâtisses, d’équipements et matériels, des personnels aux qualifications diverses et variées, mis à la disposition des patients, riches ou pauvres, qui sont demandeurs de soins pour recouvrer leur intégrité physique.  

Le logement :

A la santé s’ajoute le logement qui, à certains égards est assimilable à la santé. Nous avons déjà fait des suggestions pour aborder cette difficulté sociale, en partant du fait avéré que les gabonais se sont toujours échinés pour se donner un logis, aussi rudimentaire soit-il. 

En conséquence, ce n’est pas l’Etat qui doit construire ou faire construire les logements aux citoyens par des agences immobilières privées. 

L’Etat doit créer les meilleures optimales pour que les nécessiteux acquièrent des parcelles de terrain pour bâtir leur maison suivant un plan d’aménagement des lotissements strict, placé sous le contrôle des organismes techniques. 

L’on devrait  établir une nette distinction entre les personnes qui sont aptes à vivre dans un appartement, en respectant les conditions d’hygiène et la discipline de voisinage qui s’imposent et ceux qui, objectivement, ne remplissent pas ces conditions. 

Le gabonais est habitué à avoir un minuscule espace autour de sa maison, espace qui n’est nullement assimilable aux espaces verts des immeubles qui ont des ascenseurs, des minuteries avec parfois l’obligation de climatiser les pièces. 

Tant que la politique du logement social sera traité sous l’angle des affaires avec pour objectif la rentabilité, 10% voire 5% des demandeurs de logements n’accèderont jamais à la propriété. 

La formation :

La formation, qui part désormais de la crèche à l’université, est caractérisée, malgré les efforts, par une logique qui porte les stigmates des ratés du passé. Les réformes entreprises doivent être plus audacieuses pour créer des cadres d’enseignement et de formation à la hauteur des ambitions d’un « pays en voie d’émergence : PVE ». 

Les actions entreprises pour rapprocher les milieux scolaires des milieux professionnels sont porteuses de progrès et doivent être sans cesse améliorées. De même, l’Etat doit être exigeant en matière de formation. 

Le gouvernement doit s’assurer que les établissements privés avec lesquels il a signé des contrats de partenariat sont respectueux des orientations légales édictées par la loi. Les formes, les qualités des formations et des formateurs sont des critères fondamentaux pour conduire une société « l’Emergence ». Les succès dans ce domaine dépendent à la fois de la qualité des programmes de formation que de celle des formateurs. 

L'immigration :

Concernant l’immigration, le gouvernement de l’émergence semble ne pas porter une attention à ce très sensible phénomène social qui a un fort impact sur l’image et la crédibilité des institutions de la république. 

Les gabonais pensent et disent qu’il y a trop d’étrangers dans leur pays et que cela devient dangereux et très menaçant pour l’harmonie de la vie collective : pour nos mœurs, nos coutumes, nos habitudes, nos modes de vie, nos croyances et nos convictions. 

Le Parlement devrait entreprendre une action dans le sens de la confection (ou de l’amélioration) de la loi sur l’immigration et les conditions de séjour au Gabon et une autre sur les conditions d’octroi de la nationalité gabonaise en traitant de manière égalitaire les demandeurs. 

Partout dans le pays, jusqu’aux endroits les plus éloignés de la capitale, on trouve des étrangers, pour la plupart des commerçants, qui se substituent aux autochtones et fructifient leurs affaires en profitant des revenus des villageois et en prenant sur eux un ascendant qui les place sous leur dépendance.  

Guidés par la volonté de s’enrichir conformément à leur plan d’immigration, ce sont les étrangers qui détiennent : les leviers économiques et financiers du Gabon, l’essentiel de l’épargne privée, les PME. Ils profitent des opportunités d’affaires en bénéficiant des  soutiens pour la réalisation et la gestion de leurs projets d’investissement. 

La démocratisation de ces 4 secteurs sociaux est rendue compliquée à cause du choix des gouvernants qui est de privatiser à outrance les activités socioéconomiques et financières du pays. Le tout privé n’est pas une garantie d’efficacité. L’implication des Etats occidentaux dans la recherche et la mise en œuvre des solutions pour résoudre la crise financière internationale de 2008, provoquée par les agents du secteur privé, a démontré que le secteur public et le secteur privé ne sont pas inconciliables et que, si l’Etat prélève parfois lourdement les fonds privés sous forme d’impôts, il apporte aux agents privés des concours multiformes en cas de besoin. 

L’option des managers de l’Emergence, qui consiste à tout privatiser jusqu’à la gestion des services administratifs sensibles de l’Etat, est mauvaise et pourrait s’avérer très coûteuse à moyen terme. 

Nous ne sommes pas solidaire de ce choix. 

Si l’on pense rendre l’administration efficace en la privatisant, il ne faut pas s’arrêter à quelques services et/ou activités. Il faut privatiser toute l’administration en instituant un système contractuel entre l’Etat et chacun de ses agents à tous les niveaux de la hiérarchie, ce qui imposerait à chaque partie de se soumettre au caractère synallagmatique de tout contrat qui est fait de droits, devoirs, sanctions, discipline, obligations réciproques etc… 

Il est plus facile de détruire que de construire. Le régime de la Rénovation de 1967 a détruit les vestiges de ce qui était le symbole du Gabon colonial pré indépendant. L’église Saint Pierre, le Stade RP Lefebvre, Le beau et prestigieux Palais du gouverneur, la chambre de commerce et d’autres imposants édifices coloniaux qui embellissaient le bord de mer, pour mettre à la place, des immeubles fades sans esthétique. 

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo, de toutes les casses effectuées, celles de la cité qui a pris la dénomination de démocratie sont les plus incompréhensibles. 

Etait-il judicieux de détruire ce lieu qui avait pris, avec la conférence nationale de 1990, une valeur affective populaire, quand on sait qu’il y a assez d’espace pour de nouvelles réalisations ? 

Les hommes au pouvoir, jeunes pour la majorité, agissent comme s’ils voulaient faible « table rase » de ce qui a été avant eux au Gabon. L’immense projet d’aménagement du littoral qui part de l’emplacement de l’ancienne place de la foire avec en perspective la destruction du port môle semble plus concevable. 

Signalons que ce port riquiqui a été édifié pendant que dans la même période, un port de qualité était construit à Pointe Noire.

Les images du Chef de l’Etat visitant les chantiers en cours d’exécution démontrent que ses paroles sont confirmées par des actes et qu’il présentera aux populations des réalisations incontestables en matière d’infrastructures routières, hospitalières, énergétiques… qui formeront l’actif de son bilan de fin de mandat. Nous attendons que certains de ces chantiers soient inaugurés. 

Le malheur est que ces chantiers ne participent pas directement à l’amélioration des conditions de vie des gabonais. Un choix politiquement bien plus rentable aurait été d’entreprendre la réfection des voiries urbaines, la création d’une compagnie de transports publics structurée et fiable, l’aménagement des marchés populaires propres et organisés, la création des parcelles pour les logements, la réorganisation efficace d’une société nationale de gestion des ordures ménagères dans chaque chef lieu de province, le traitement des difficultés de circulation en voiture à Libreville et Port-Gentil, la réduction et le blocage (limité dans le temps) des prix des produits de premières nécessités, la construction ou la réfection des bâtiments des centres d’enseignement de tous les niveaux, en particulier une profonde réforme de l’UOB, la limitation du nombre d’étrangers au Gabon et la remise à plat de toutes les nationalités acquises par effraction… 

Une politique nationale est faite de multiples facettes qui sont d’ordre matériel et immatériel, de réalisations physiques, de sentiments affectifs et d’autres données subjectives qui peuvent éclipser les plus belles œuvres visibles. 

Tout homme qui s’attriste de compassion face à la misère de son prochain est sur la voie de la justice et de la vérité. Ses œuvres ne sont plus faites de vanité, elles lui permettent d’accéder à la grandeur qui ne vaut que par les saines pensées, les choix justes et durent à travers le temps. 

Le Gabon a certainement besoin de grandeur et vouloir « faire du Gabon un pays émergent » est un choix de grandeur et de fierté. 

Ce choix doit se construire méthodiquement et rationnellement avec la participation des gabonais qui sont les premiers concernés et qui de ce fait, doivent être impliqués à tous les niveaux. L’émergence du Gabon ne doit pas ressembler à l’œuvre d’un petit groupe de nationaux assistés par les forces de l’étranger… Le sens profond de toute action politique consiste à prendre conscience des difficultés de vie autres et de respecter leur mode d’existence.

7 janv. 2014

ELECTIONS LOCALES BIOMETRIQUES : D'UNE ELECTION A UNE AUTRE !

Les leaders des partis et les politiciens africains, chefs d’Etat ou pas,  n’ont jamais compris le rôle déterminant de la fonction de Conseiller. Du reste, l’un de ces chefs avait publiquement déclaré que ses Conseillers n’étaient bons qu’à lire les journaux (l’Union) et que c’est lui qui conseillaient ses Conseillers. 

Ce rapetissement de la fonction de  Conseiller traduit le manque de considération et les négatives prédispositions politiques et mentales à l’égard de cette catégorie de collaborateurs des hommes politiques et/ou d’Etat. Très souvent, les Chefs préfèrent les flatteries et les idées approximatives des opportunistes, véreux courtisans qui recherchent faveurs, prébendes et honneurs….Evidemment, les conseilleurs ne sont pas les payeurs !

Avant et après la sortie des résultats des urnes, les anomalies et autres malveillants propos relatifs aux locales ont été distillés ici et là par les médias et par le bouche à oreilles. La toute première conclusion à tirer des locales est que le PDG ne dominera plus la scène politique gabonaise comme il l’a fait pendant des décennies ; en particulier à Libreville qui compte la majorité des électeurs du pays. Désormais, d’autres forces qui lui sont alliées ou non, vont s’affirmer. Certes, chaque élection a sa spécificité, mais les récentes locales placent indiscutablement le Gabon à la croisée des chemins et dessinent le contexte de la présidentielle à venir. A cela s’ajoutent d’autres données. 

Ainsi, certains acteurs politiques, qualifiés pour l’instant d’indépendants, pourraient se réclamer de l’un des camps traditionnels. On peut également se poser la question de savoir si la MRE restera unie jusqu’à la présidentielle de 2016. 

Logiquement, les résultats des locales pourraient et devraient susciter une recomposition et une reconfiguration politiques nationales comme nous l’indiquions il y a quelques mois. 

Enfin, le scrutin montre que, malgré la fraude massive orchestrée par les riches candidats, les électeurs gabonais commencent timidement à faire preuve de discernement. Ils votent, non plus forcément pour un candidat, un parti riche ou pauvre de la majorité ou de l’opposition ; mais  pour les candidats qui sont proches d’eux et qui sont porteurs des valeurs et des références qui ressemblent au patriotisme. 

L’évolution du processus de démocratisation politique d’un pays qui sort d’un demi-siècle de parti unique est lente, mais irréversible. L’impossible est en voie de devenir possible si demain, quelques indépendants deviennent membres des bureaux ou présidents des conseils locaux ; si le Sénat compte quelques membres correctement élus et donc représentatifs des populations… bref, si certains centres de gestion du pouvoir républicain reviennent aux nouvelles forces qui sont en train d’émerger. 

Depuis près de 23 ans, toutes les compétitions politiques ou électorales semblent malheureusement se résumer à une lutte qui oppose le PDG au reste du Gabon politique.

Cette image s’est accentuée par le fait que depuis 2009, le PDG n’a de considération ni pour ses partenaires, ni pour ses adversaires politiques. Il conduit ses activités politiques sans prendre en compte qu’il gère les biens de l’Etat qui sont réputés être la propriété de tout le peuple ; qu’il est le plus ancien parti du pays ; qu’il s’est souvent lié à d’autres partis politiques par une alliance nationale officielle et que certains de ses anciens membres qui sont passés dans l’opposition savent comment sont bâties ses victoires électorales. 

En politique, l’erreur est facile et, dans ce domaine, « se faire hara kiri » est la pire. Les résultats officiels vont permettre aux directions des partis de faire des analyses en se  basant sur des données vraies ; de construire des argumentaires et de poser des hypothèses réalistes. Des indices et des faits fiables indiquent que le Gabon est au tout début de la fin d’un long monopole politique. 

L’actuel contexte démontre clairement que rien n’est définitivement acquis en politique; que tout est en gestation continue et en perpétuel mouvement pour enfanter le nouveau. 

Le renouveau politique national pourrait-il ou devrait-il commencer par les locales ? 

Les stratèges technocrates et politiciens du PDG-Emergent (tout comme ceux de l’opposition) doivent sérieusement se mettre au travail pour préparer, dès à présent, un avenir qui comporte de réelles préoccupations et des tenaces difficultés pour une éventuelle candidature d’Ali en 2016, même s’il est vrai que par tactique ou par peur, aucune personnalité politique n’apparait clairement aujourd’hui comme un potentiel concurrent : redoutable, sérieux et déterminé face à lui… 

Parmi les grands domaines de gestion que compte un pays, trois sont cruciaux : la gestion sociopolitique ; la gestion économique et financière, et la gestion administrative et institutionnelle. Quand la gestion de ces trois centres n’est pas harmonieuse et coordonnée, il y a un risque de crise et de rupture entre les gouvernants en place et les populations ; crise qui ouvrirait la voie au changement et à l’alternance politique du fait du basculement et de l’inversion du rapport des forces en présence, au détriment de l’équipe au pouvoir. Ne pas le comprendre pour anticiper et organiser son traitement constitue une faute lourde de la part des gouvernants. Et, quand les populations retirent leur confiance aux gouvernants, le pouvoir va fatalement à la dérive et se perd. 

Par manque d’expérience et par la méconnaissance du terrain, il apparait clairement que les sémillants émergents ne soutiennent pas suffisamment raisonnablement et méthodiquement la politique de leur leader de président. La victoire en demi teinte du PDG-émergent aux locales devrait pousser le chef de l’Etat à tirer les leçons qui s’imposent pour dessiner un avenir plus prometteur et serein. 

Les façons d’agir et les comportements des responsables du PDG et des « technocrates » du régime de l’émergence laissent croire qu’ils ont décrété un partage des rôles entre la gestion administrative de l’Etat par les « technocrates politiques », et la gestion de la politique par « les politiciens du PDG » ; donnant ainsi l’impression qu’ils considèrent ou qu’ils pensent que  leur « pouvoir est apolitique ». 

Or, tout pouvoir est d’abord et avant tout politique… Ses hommes et ses femmes doivent être unis et solidaires face aux forces politiques adverses qui ont pour objectif légitime la prise du pouvoir d’Etat par l’alternance qui peut commencer par les pouvoirs locaux ou territoriaux. 

Les résultats des locales vont donner ou augmenter chez certaines personnalités élues de l’opposition, le goût des victoires électorales obtenues à la régulière, dans la transparence avec la ferveur populaire. Le peuple va commencer à prendre conscience qu’il est possible de se mobiliser pour le changement démocratique ; quand bien même, pour se faire élire, certains candidats  n’hésitent plus à constituer un électorat captif et personnalisé. 

A la vérité, les élections ont été organisées comme par le passé et n’avaient de biométriques que le qualificatif. Si la biométrie, tant vantée, avait été appliquée, les résultats des élections locales auraient été immédiatement rendues publics quelques heures après les votes des électeurs. Le retard constaté est éloquent et traduit le malaise et la gêne des autorités électorales qui ont fait valoir la nécessité de rassembler les données.   

Le contexte politique, caractérisé par les limites constatées dans l’organisation des locales biométriques, par l’abondance de listes indépendantes et le comportement devenu une habitude des riches candidats, qui se réservent de votants grâce à leur fortune, pour remporter les victoires, dicte que l’on prenne certaines décisions et que l’on entreprenne quelques réformes qui consisteraient à : 

1- Limiter et contrôler les dépenses des candidats à chaque élection. 

2- Interdire l’utilisation des biens de l’Etat pour les campagnes électorales, par ceux qui en sont les dépositaires 

3- Réorganiser légalement le cadre politique pour institutionnaliser quatre familles politiques de référence qui seraient : la Majorité, l’Opposition, le Centre et les Indépendants. 

4- Revenir au scrutin majoritaire à 2 tours pour les élections nationales.

Pour l’instant, et pour nombre de gabonais, ces propositions pourraient sembler ringardes et dénuées de bon sens. Mais fondamentalement, ces propositions-réformes sont de nature à participer à une démocratie apaisée. Elles sont porteuses de paix, de concorde, de dialogue, de démocratie et de légitimité. 

Diriger un pays avec une « majorité » de 15 ou 20% des électeurs est source potentielle de conflits sociaux et politiques. Faire une élection, plus encore une élection présidentielle, à un tour dans un pays faiblement peuplé et en voie de démocratisation revient à édifier une anti-chambre à la gloire de la dictature, à s’attacher à l’autocratie par une ficelle dorée et à museler la liberté d’expression du peuple. 

Ce mode de scrutin à un tour confine au sectarisme, à l’exclusion, au repli dit ethnique, identitaire et au rejet des alliances politiques qui sont des éléments constitutifs du pluralisme démocratique. C’est après l’institutionnalisation d’un « Cadre Politique de Référence » que le mode de scrutin proportionnel, applicable aux locales, trouvera sa valorisation. 

La participation de l’opposition légale aux locales, représentée par les partis et les indépendants, a empêché le PDG à réaliser un raz de marée électoral comme ce fut le cas aux législatives ; quand il avait obtenu une victoire écrasante avec 114 députés sur 120… 

Les spéculations et les supputations sur la gestion de la performance du CLR par J.B. Asselé à Libreville alimentent les conversations. Le CLR est signataire de la Charte de la Majorité ; ce qui l’oblige à respecter ses engagements, sauf à décider de quitter la majorité pour une nouvelle alliance ; ce qui à priori, semble impossible pour son leader ; au regard de la nature des relations qui existent entre les personnalités du PDG, des autres partis de la MRE et le président du CLR. 

Sauf par extraordinaire, Asselé dans sa position, sans être condamné à le faire, ne peut négocier qu’à l’intérieur de la majorité, avec le PDG ; et point en dehors, encore moins avec les opposants. 

Quant à J.Eyeghe Ndong, candidat déclaré à la mairie de Libreville, son élection serait une véritable performance politique, un vrai miracle qui, s’il se réalise, produira des effets dans 3 ans. 

Si les performances de P. C. Maganga Moussavou à Mouila, de V. Essono Mengue et Owono Nguema à Oyem, d’Eyeghe Ndong, Chantal  Myboto Gondjout……. à Libreville se traduisent par l’occupation des postes dans les directions des Conseils, l’avancée démocratique du Gabon serait en cours…..

A nos lecteurs, bonne et heureuse année 2014 !

A l’occasion de l’année qui va commencer, je formule mes sincères vœux de Bonheur : Santé, Prospérité et Réussite… à tous les compatriotes détribalisés, démocrates, patriotes qui prennent le temps de lire nos articles et nous témoignent en retour leur sympathie, nous encouragent et nous adressent des critiques constructives. Que 2014 soit pour nous tous, hommes, femmes ; jeunes, adultes et vieux, une année d’introspection, de décision et d’amour. Puissent la Liberté, la Justice et la Démocratie s’installer inexorablement dans le pays. Que Dieu préserve le Gabon de toute dictature.