26 janv. 2014

POUR UNE DÉMOCRATISATION DE LA POLITIQUE SOCIALE DE L'EMERGENCE

Dans les pays qui ont un tissu économique robuste et opérationnel, il est facile de construire des plans pour l’avenir en partant des structures existantes. Les leaders politiques et leurs partis peuvent ainsi échafauder des programmes qui intègrent la totalité des secteurs économiques et divers aspects sociaux de la vie communautaire. 

Dans ce contexte, les personnalités  qui se portent candidates à une élection présidentielle peuvent  parler de projet pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Cette amélioration se résume en une série de décisions traduites en actes à travers les réformes assises sur la loi. 

Dans ces pays, les institutions étatiques sont en relation et agissent étroitement de façon coordonnée. Le Gouvernement, le Parlement et les hautes administrations travaillent  à partir des mêmes dossiers et en se référant aux valeurs identiques. 

Dans les pays du tiers monde dit "en développement", il semble incorrect, voire indécent de parler de projet de société pour des Etats qui tentent de créer des structures pour une vie collective satisfaisante, tant dans le domaine économique que dans le politique et le social. 

De plus, le mandat présidentiel étant limité à 5 ou 7 ans suivant les pays, une action gouvernementale dont l’échéance est fixée à une date au-delà de cette limite suscite un questionnement que les observateurs avertis et les politiciens chevronnés doivent examiner sans passion, mais dans l’intérêt supérieur des populations. 

La qualité et la nature des choix à faire face aux situations problématiques sont d’une importance capitale pour la paix et la concorde d’un pays. Aussi, les décisions gouvernementales doivent en priorité se focaliser sur la satisfaction des besoins qu’expriment les couches sociales nécessiteuses, qui sont majoritaires.  

Au Gabon, par leur importance vitale, et sans les hiérarchiser, 4 de ces situations doivent être traitées et faire l’objet d’une politique structurelle, ce sont : 
- la santé, 
- le logement, 
- la formation et  
- l’immigration. 

La santé :

En matière de santé, si la construction et l’équipement des hôpitaux modernes ne sont pas suivis des conditions d’accès rapides et peu coûteuses aux soins qui doivent être continuellement de meilleure qualité, on ne peut pas parler de « santé pour tous »

Admirer de beaux bâtiments abritant des hôpitaux et des  dispensaires, sans pouvoir en profiter, est un mal plus grand que de disposer des centres médicaux modestes fonctionnels où les malades reçoivent des soins réguliers. Un hôpital se compose de bâtisses, d’équipements et matériels, des personnels aux qualifications diverses et variées, mis à la disposition des patients, riches ou pauvres, qui sont demandeurs de soins pour recouvrer leur intégrité physique.  

Le logement :

A la santé s’ajoute le logement qui, à certains égards est assimilable à la santé. Nous avons déjà fait des suggestions pour aborder cette difficulté sociale, en partant du fait avéré que les gabonais se sont toujours échinés pour se donner un logis, aussi rudimentaire soit-il. 

En conséquence, ce n’est pas l’Etat qui doit construire ou faire construire les logements aux citoyens par des agences immobilières privées. 

L’Etat doit créer les meilleures optimales pour que les nécessiteux acquièrent des parcelles de terrain pour bâtir leur maison suivant un plan d’aménagement des lotissements strict, placé sous le contrôle des organismes techniques. 

L’on devrait  établir une nette distinction entre les personnes qui sont aptes à vivre dans un appartement, en respectant les conditions d’hygiène et la discipline de voisinage qui s’imposent et ceux qui, objectivement, ne remplissent pas ces conditions. 

Le gabonais est habitué à avoir un minuscule espace autour de sa maison, espace qui n’est nullement assimilable aux espaces verts des immeubles qui ont des ascenseurs, des minuteries avec parfois l’obligation de climatiser les pièces. 

Tant que la politique du logement social sera traité sous l’angle des affaires avec pour objectif la rentabilité, 10% voire 5% des demandeurs de logements n’accèderont jamais à la propriété. 

La formation :

La formation, qui part désormais de la crèche à l’université, est caractérisée, malgré les efforts, par une logique qui porte les stigmates des ratés du passé. Les réformes entreprises doivent être plus audacieuses pour créer des cadres d’enseignement et de formation à la hauteur des ambitions d’un « pays en voie d’émergence : PVE ». 

Les actions entreprises pour rapprocher les milieux scolaires des milieux professionnels sont porteuses de progrès et doivent être sans cesse améliorées. De même, l’Etat doit être exigeant en matière de formation. 

Le gouvernement doit s’assurer que les établissements privés avec lesquels il a signé des contrats de partenariat sont respectueux des orientations légales édictées par la loi. Les formes, les qualités des formations et des formateurs sont des critères fondamentaux pour conduire une société « l’Emergence ». Les succès dans ce domaine dépendent à la fois de la qualité des programmes de formation que de celle des formateurs. 

L'immigration :

Concernant l’immigration, le gouvernement de l’émergence semble ne pas porter une attention à ce très sensible phénomène social qui a un fort impact sur l’image et la crédibilité des institutions de la république. 

Les gabonais pensent et disent qu’il y a trop d’étrangers dans leur pays et que cela devient dangereux et très menaçant pour l’harmonie de la vie collective : pour nos mœurs, nos coutumes, nos habitudes, nos modes de vie, nos croyances et nos convictions. 

Le Parlement devrait entreprendre une action dans le sens de la confection (ou de l’amélioration) de la loi sur l’immigration et les conditions de séjour au Gabon et une autre sur les conditions d’octroi de la nationalité gabonaise en traitant de manière égalitaire les demandeurs. 

Partout dans le pays, jusqu’aux endroits les plus éloignés de la capitale, on trouve des étrangers, pour la plupart des commerçants, qui se substituent aux autochtones et fructifient leurs affaires en profitant des revenus des villageois et en prenant sur eux un ascendant qui les place sous leur dépendance.  

Guidés par la volonté de s’enrichir conformément à leur plan d’immigration, ce sont les étrangers qui détiennent : les leviers économiques et financiers du Gabon, l’essentiel de l’épargne privée, les PME. Ils profitent des opportunités d’affaires en bénéficiant des  soutiens pour la réalisation et la gestion de leurs projets d’investissement. 

La démocratisation de ces 4 secteurs sociaux est rendue compliquée à cause du choix des gouvernants qui est de privatiser à outrance les activités socioéconomiques et financières du pays. Le tout privé n’est pas une garantie d’efficacité. L’implication des Etats occidentaux dans la recherche et la mise en œuvre des solutions pour résoudre la crise financière internationale de 2008, provoquée par les agents du secteur privé, a démontré que le secteur public et le secteur privé ne sont pas inconciliables et que, si l’Etat prélève parfois lourdement les fonds privés sous forme d’impôts, il apporte aux agents privés des concours multiformes en cas de besoin. 

L’option des managers de l’Emergence, qui consiste à tout privatiser jusqu’à la gestion des services administratifs sensibles de l’Etat, est mauvaise et pourrait s’avérer très coûteuse à moyen terme. 

Nous ne sommes pas solidaire de ce choix. 

Si l’on pense rendre l’administration efficace en la privatisant, il ne faut pas s’arrêter à quelques services et/ou activités. Il faut privatiser toute l’administration en instituant un système contractuel entre l’Etat et chacun de ses agents à tous les niveaux de la hiérarchie, ce qui imposerait à chaque partie de se soumettre au caractère synallagmatique de tout contrat qui est fait de droits, devoirs, sanctions, discipline, obligations réciproques etc… 

Il est plus facile de détruire que de construire. Le régime de la Rénovation de 1967 a détruit les vestiges de ce qui était le symbole du Gabon colonial pré indépendant. L’église Saint Pierre, le Stade RP Lefebvre, Le beau et prestigieux Palais du gouverneur, la chambre de commerce et d’autres imposants édifices coloniaux qui embellissaient le bord de mer, pour mettre à la place, des immeubles fades sans esthétique. 

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo, de toutes les casses effectuées, celles de la cité qui a pris la dénomination de démocratie sont les plus incompréhensibles. 

Etait-il judicieux de détruire ce lieu qui avait pris, avec la conférence nationale de 1990, une valeur affective populaire, quand on sait qu’il y a assez d’espace pour de nouvelles réalisations ? 

Les hommes au pouvoir, jeunes pour la majorité, agissent comme s’ils voulaient faible « table rase » de ce qui a été avant eux au Gabon. L’immense projet d’aménagement du littoral qui part de l’emplacement de l’ancienne place de la foire avec en perspective la destruction du port môle semble plus concevable. 

Signalons que ce port riquiqui a été édifié pendant que dans la même période, un port de qualité était construit à Pointe Noire.

Les images du Chef de l’Etat visitant les chantiers en cours d’exécution démontrent que ses paroles sont confirmées par des actes et qu’il présentera aux populations des réalisations incontestables en matière d’infrastructures routières, hospitalières, énergétiques… qui formeront l’actif de son bilan de fin de mandat. Nous attendons que certains de ces chantiers soient inaugurés. 

Le malheur est que ces chantiers ne participent pas directement à l’amélioration des conditions de vie des gabonais. Un choix politiquement bien plus rentable aurait été d’entreprendre la réfection des voiries urbaines, la création d’une compagnie de transports publics structurée et fiable, l’aménagement des marchés populaires propres et organisés, la création des parcelles pour les logements, la réorganisation efficace d’une société nationale de gestion des ordures ménagères dans chaque chef lieu de province, le traitement des difficultés de circulation en voiture à Libreville et Port-Gentil, la réduction et le blocage (limité dans le temps) des prix des produits de premières nécessités, la construction ou la réfection des bâtiments des centres d’enseignement de tous les niveaux, en particulier une profonde réforme de l’UOB, la limitation du nombre d’étrangers au Gabon et la remise à plat de toutes les nationalités acquises par effraction… 

Une politique nationale est faite de multiples facettes qui sont d’ordre matériel et immatériel, de réalisations physiques, de sentiments affectifs et d’autres données subjectives qui peuvent éclipser les plus belles œuvres visibles. 

Tout homme qui s’attriste de compassion face à la misère de son prochain est sur la voie de la justice et de la vérité. Ses œuvres ne sont plus faites de vanité, elles lui permettent d’accéder à la grandeur qui ne vaut que par les saines pensées, les choix justes et durent à travers le temps. 

Le Gabon a certainement besoin de grandeur et vouloir « faire du Gabon un pays émergent » est un choix de grandeur et de fierté. 

Ce choix doit se construire méthodiquement et rationnellement avec la participation des gabonais qui sont les premiers concernés et qui de ce fait, doivent être impliqués à tous les niveaux. L’émergence du Gabon ne doit pas ressembler à l’œuvre d’un petit groupe de nationaux assistés par les forces de l’étranger… Le sens profond de toute action politique consiste à prendre conscience des difficultés de vie autres et de respecter leur mode d’existence.

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