7 janv. 2014

ELECTIONS LOCALES BIOMETRIQUES : D'UNE ELECTION A UNE AUTRE !

Les leaders des partis et les politiciens africains, chefs d’Etat ou pas,  n’ont jamais compris le rôle déterminant de la fonction de Conseiller. Du reste, l’un de ces chefs avait publiquement déclaré que ses Conseillers n’étaient bons qu’à lire les journaux (l’Union) et que c’est lui qui conseillaient ses Conseillers. 

Ce rapetissement de la fonction de  Conseiller traduit le manque de considération et les négatives prédispositions politiques et mentales à l’égard de cette catégorie de collaborateurs des hommes politiques et/ou d’Etat. Très souvent, les Chefs préfèrent les flatteries et les idées approximatives des opportunistes, véreux courtisans qui recherchent faveurs, prébendes et honneurs….Evidemment, les conseilleurs ne sont pas les payeurs !

Avant et après la sortie des résultats des urnes, les anomalies et autres malveillants propos relatifs aux locales ont été distillés ici et là par les médias et par le bouche à oreilles. La toute première conclusion à tirer des locales est que le PDG ne dominera plus la scène politique gabonaise comme il l’a fait pendant des décennies ; en particulier à Libreville qui compte la majorité des électeurs du pays. Désormais, d’autres forces qui lui sont alliées ou non, vont s’affirmer. Certes, chaque élection a sa spécificité, mais les récentes locales placent indiscutablement le Gabon à la croisée des chemins et dessinent le contexte de la présidentielle à venir. A cela s’ajoutent d’autres données. 

Ainsi, certains acteurs politiques, qualifiés pour l’instant d’indépendants, pourraient se réclamer de l’un des camps traditionnels. On peut également se poser la question de savoir si la MRE restera unie jusqu’à la présidentielle de 2016. 

Logiquement, les résultats des locales pourraient et devraient susciter une recomposition et une reconfiguration politiques nationales comme nous l’indiquions il y a quelques mois. 

Enfin, le scrutin montre que, malgré la fraude massive orchestrée par les riches candidats, les électeurs gabonais commencent timidement à faire preuve de discernement. Ils votent, non plus forcément pour un candidat, un parti riche ou pauvre de la majorité ou de l’opposition ; mais  pour les candidats qui sont proches d’eux et qui sont porteurs des valeurs et des références qui ressemblent au patriotisme. 

L’évolution du processus de démocratisation politique d’un pays qui sort d’un demi-siècle de parti unique est lente, mais irréversible. L’impossible est en voie de devenir possible si demain, quelques indépendants deviennent membres des bureaux ou présidents des conseils locaux ; si le Sénat compte quelques membres correctement élus et donc représentatifs des populations… bref, si certains centres de gestion du pouvoir républicain reviennent aux nouvelles forces qui sont en train d’émerger. 

Depuis près de 23 ans, toutes les compétitions politiques ou électorales semblent malheureusement se résumer à une lutte qui oppose le PDG au reste du Gabon politique.

Cette image s’est accentuée par le fait que depuis 2009, le PDG n’a de considération ni pour ses partenaires, ni pour ses adversaires politiques. Il conduit ses activités politiques sans prendre en compte qu’il gère les biens de l’Etat qui sont réputés être la propriété de tout le peuple ; qu’il est le plus ancien parti du pays ; qu’il s’est souvent lié à d’autres partis politiques par une alliance nationale officielle et que certains de ses anciens membres qui sont passés dans l’opposition savent comment sont bâties ses victoires électorales. 

En politique, l’erreur est facile et, dans ce domaine, « se faire hara kiri » est la pire. Les résultats officiels vont permettre aux directions des partis de faire des analyses en se  basant sur des données vraies ; de construire des argumentaires et de poser des hypothèses réalistes. Des indices et des faits fiables indiquent que le Gabon est au tout début de la fin d’un long monopole politique. 

L’actuel contexte démontre clairement que rien n’est définitivement acquis en politique; que tout est en gestation continue et en perpétuel mouvement pour enfanter le nouveau. 

Le renouveau politique national pourrait-il ou devrait-il commencer par les locales ? 

Les stratèges technocrates et politiciens du PDG-Emergent (tout comme ceux de l’opposition) doivent sérieusement se mettre au travail pour préparer, dès à présent, un avenir qui comporte de réelles préoccupations et des tenaces difficultés pour une éventuelle candidature d’Ali en 2016, même s’il est vrai que par tactique ou par peur, aucune personnalité politique n’apparait clairement aujourd’hui comme un potentiel concurrent : redoutable, sérieux et déterminé face à lui… 

Parmi les grands domaines de gestion que compte un pays, trois sont cruciaux : la gestion sociopolitique ; la gestion économique et financière, et la gestion administrative et institutionnelle. Quand la gestion de ces trois centres n’est pas harmonieuse et coordonnée, il y a un risque de crise et de rupture entre les gouvernants en place et les populations ; crise qui ouvrirait la voie au changement et à l’alternance politique du fait du basculement et de l’inversion du rapport des forces en présence, au détriment de l’équipe au pouvoir. Ne pas le comprendre pour anticiper et organiser son traitement constitue une faute lourde de la part des gouvernants. Et, quand les populations retirent leur confiance aux gouvernants, le pouvoir va fatalement à la dérive et se perd. 

Par manque d’expérience et par la méconnaissance du terrain, il apparait clairement que les sémillants émergents ne soutiennent pas suffisamment raisonnablement et méthodiquement la politique de leur leader de président. La victoire en demi teinte du PDG-émergent aux locales devrait pousser le chef de l’Etat à tirer les leçons qui s’imposent pour dessiner un avenir plus prometteur et serein. 

Les façons d’agir et les comportements des responsables du PDG et des « technocrates » du régime de l’émergence laissent croire qu’ils ont décrété un partage des rôles entre la gestion administrative de l’Etat par les « technocrates politiques », et la gestion de la politique par « les politiciens du PDG » ; donnant ainsi l’impression qu’ils considèrent ou qu’ils pensent que  leur « pouvoir est apolitique ». 

Or, tout pouvoir est d’abord et avant tout politique… Ses hommes et ses femmes doivent être unis et solidaires face aux forces politiques adverses qui ont pour objectif légitime la prise du pouvoir d’Etat par l’alternance qui peut commencer par les pouvoirs locaux ou territoriaux. 

Les résultats des locales vont donner ou augmenter chez certaines personnalités élues de l’opposition, le goût des victoires électorales obtenues à la régulière, dans la transparence avec la ferveur populaire. Le peuple va commencer à prendre conscience qu’il est possible de se mobiliser pour le changement démocratique ; quand bien même, pour se faire élire, certains candidats  n’hésitent plus à constituer un électorat captif et personnalisé. 

A la vérité, les élections ont été organisées comme par le passé et n’avaient de biométriques que le qualificatif. Si la biométrie, tant vantée, avait été appliquée, les résultats des élections locales auraient été immédiatement rendues publics quelques heures après les votes des électeurs. Le retard constaté est éloquent et traduit le malaise et la gêne des autorités électorales qui ont fait valoir la nécessité de rassembler les données.   

Le contexte politique, caractérisé par les limites constatées dans l’organisation des locales biométriques, par l’abondance de listes indépendantes et le comportement devenu une habitude des riches candidats, qui se réservent de votants grâce à leur fortune, pour remporter les victoires, dicte que l’on prenne certaines décisions et que l’on entreprenne quelques réformes qui consisteraient à : 

1- Limiter et contrôler les dépenses des candidats à chaque élection. 

2- Interdire l’utilisation des biens de l’Etat pour les campagnes électorales, par ceux qui en sont les dépositaires 

3- Réorganiser légalement le cadre politique pour institutionnaliser quatre familles politiques de référence qui seraient : la Majorité, l’Opposition, le Centre et les Indépendants. 

4- Revenir au scrutin majoritaire à 2 tours pour les élections nationales.

Pour l’instant, et pour nombre de gabonais, ces propositions pourraient sembler ringardes et dénuées de bon sens. Mais fondamentalement, ces propositions-réformes sont de nature à participer à une démocratie apaisée. Elles sont porteuses de paix, de concorde, de dialogue, de démocratie et de légitimité. 

Diriger un pays avec une « majorité » de 15 ou 20% des électeurs est source potentielle de conflits sociaux et politiques. Faire une élection, plus encore une élection présidentielle, à un tour dans un pays faiblement peuplé et en voie de démocratisation revient à édifier une anti-chambre à la gloire de la dictature, à s’attacher à l’autocratie par une ficelle dorée et à museler la liberté d’expression du peuple. 

Ce mode de scrutin à un tour confine au sectarisme, à l’exclusion, au repli dit ethnique, identitaire et au rejet des alliances politiques qui sont des éléments constitutifs du pluralisme démocratique. C’est après l’institutionnalisation d’un « Cadre Politique de Référence » que le mode de scrutin proportionnel, applicable aux locales, trouvera sa valorisation. 

La participation de l’opposition légale aux locales, représentée par les partis et les indépendants, a empêché le PDG à réaliser un raz de marée électoral comme ce fut le cas aux législatives ; quand il avait obtenu une victoire écrasante avec 114 députés sur 120… 

Les spéculations et les supputations sur la gestion de la performance du CLR par J.B. Asselé à Libreville alimentent les conversations. Le CLR est signataire de la Charte de la Majorité ; ce qui l’oblige à respecter ses engagements, sauf à décider de quitter la majorité pour une nouvelle alliance ; ce qui à priori, semble impossible pour son leader ; au regard de la nature des relations qui existent entre les personnalités du PDG, des autres partis de la MRE et le président du CLR. 

Sauf par extraordinaire, Asselé dans sa position, sans être condamné à le faire, ne peut négocier qu’à l’intérieur de la majorité, avec le PDG ; et point en dehors, encore moins avec les opposants. 

Quant à J.Eyeghe Ndong, candidat déclaré à la mairie de Libreville, son élection serait une véritable performance politique, un vrai miracle qui, s’il se réalise, produira des effets dans 3 ans. 

Si les performances de P. C. Maganga Moussavou à Mouila, de V. Essono Mengue et Owono Nguema à Oyem, d’Eyeghe Ndong, Chantal  Myboto Gondjout……. à Libreville se traduisent par l’occupation des postes dans les directions des Conseils, l’avancée démocratique du Gabon serait en cours…..

A nos lecteurs, bonne et heureuse année 2014 !

A l’occasion de l’année qui va commencer, je formule mes sincères vœux de Bonheur : Santé, Prospérité et Réussite… à tous les compatriotes détribalisés, démocrates, patriotes qui prennent le temps de lire nos articles et nous témoignent en retour leur sympathie, nous encouragent et nous adressent des critiques constructives. Que 2014 soit pour nous tous, hommes, femmes ; jeunes, adultes et vieux, une année d’introspection, de décision et d’amour. Puissent la Liberté, la Justice et la Démocratie s’installer inexorablement dans le pays. Que Dieu préserve le Gabon de toute dictature.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire