16 déc. 2018

"OPPOSANTS SEDITIEUX" ET EMERGENTS VORACES : DANS LE BOURBIER POLITICO-ELECTORAL

Les résultats du premier tour des élections groupées sont connus. Ce sont les législatives qui fournissent les données les plus intéressantes à analyser. Comme par le passé, une fois de plus l’opposition gabonaise est victime de ses turpitudes et de ses tares. Les états-majors et les leaders des partis se réclamant de la CNR qui ont pris part à ces scrutins doivent tirer les enseignements de leur débâcle avec objectivité, courage, franchise et lucidité. Dans l’attente la fin de la compétition, nous prenons acte des résultats et tendances du premier tour qui seront vraisemblablement confirmés par le second.

Ces résultats et tendances jettent un éclairage sur le débat qui a divisé l’opposition coalisée entre ceux qui jugeaient qu’il était opportun de participer aux élections et ceux qui n’avaient cure d’y aller. L’officialisation des résultats finaux, suivie de la formation du gouvernement, va définitivement clore ce débat. D’ores et déjà, on peut affirmer que l’opposition formée autour de la victoire de Ping n’avait aucun intérêt à aller aux législatives.

La quasi majorité des personnalités politiques et cadres membres de la CNR qui s’y sont risqués ont échoué. Non point parce qu’ils étaient de mauvais candidats, mais simplement parce qu’ils sont sortis du cadre politique logique solidaire et se sont détournés de l’objectif prioritaire fixé par Ping et la CNR qui est aussi celui de la majorité des citoyens gabonais : « Ping au pouvoir ». Ce qui aurait pu être, en d’autres circonstances, un vote sanction du PDG et un plébiscite des forces du changement s’est mué en vote-rejet d’une fraction de l’opposition qui est apparue aux populations comme un « groupe d’opposants coalisés séditieux » mal inspirés.

Certains recalés des législatives, par leur qualification technique, leurs diplômes universitaires et leur expérience professionnelle, sont intrinsèquement de bons, de très bons candidats à l’exemple de Messieurs Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, Michel Menga m’Essone, Hugues Alexandre Barro Chambrier, Emmanuel Ntoutoume Ndong, Guy Nzouba Ndama, Njambiempolo Gondjout Paul Marie, Etienne, Pierre Ndong Meye… qui, postulant pour le compte de la CNR dans un contexte et sous un régime démocratiques, auraient été élus sans accroc. Chacun d’eux a le profil approprié pour relever le niveau des débats à l’Assemblée nationale et contrôler efficacement les activités, voire être membre d’un gouvernement ; qu’il soit du PDG ou pas.

Dommage qu’en cherchant la cohabitation avec le PDG émergent et « une tribune pour s’exprimer », ils se sont écartés de la stratégie unitaire. Ils se sont dévalorisés, se sont fait entuber par l’arrogance des PDGistes et broyer par leur efficace et vorace vieille machine à gagner.

A l’examen des chiffres par localité, l’on est tenté de croire que, cette fois, le PDG-émergent n’a pas eu besoin de beaucoup tricher pour triompher. Il a été très bien aidé par les opposants qu’ils ont affrontés et qui, par ignorance ou par naïveté, lui ont offert la victoire rubis sur l’ongle sur un plateau doré. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une défaite programmée de « l’opposition électoraliste » et d’une victoire terne et sans gloire du PDG.

Les législatives ont contribué à clarifier davantage les intérêts et les positions socio-politiques des partis et des leaders de la coalition au sein de laquelle devrait ou pourrait s’engager un débat contradictoire constructif dans un proche avenir. L’un des enseignements immédiats à tirer de la division causée par la participation d’une partie des opposants, membres de la coalition, aux élections est qu’en politique c’est se faire « hara-kiri » que de se désolidariser de ses compagnons après avoir mobilisé les populations autour d’une espérance commune.

Les partis et les leaders politiques factieux qui ont abandonné, sans délai, sans raisons valables et sans vergogne la stratégie politico-électorale solidaire qui a abouti au rassemblement patriotique autour de la victoire de Ping à la présidentielle de 2016 ont subi les foudres de l’électorat du changement et de l’alternance. A l’évidence, les tendances et les résultats du premier tour des législatives donnent le PDG grandement gagnant et mettent dans l’embarras tant « l’opposition électoraliste » que les résistants.

Quid de cette partie majoritaire des résistants gabonais qui sont restés fidèles à la coalition qui soutient le président élu Ping et dont la diaspora est la pièce maîtresse et l’avant-garde ? Pour ces résistants, la priorité demeure l’installation de Ping au pouvoir, conformément aux résultats du suffrage universel de la présidentielle de 2016. Tout le reste relève, pour l’instant, de la fumisterie.

Le « package législatives-locales-sénatoriales » confirme que le dialogue gouvernemental et la révision constitutionnelle qui s’en est suivie n’ont été que les étapes du parcours qui conduisait au piège des premières élections groupées. Et grâce à la clairvoyance et à la lucidité politiques des sincères résistants patriotes, en tête desquels Jean Ping, la coalition a été sauvée d’un naufrage collectif. C’est l’occasion de redire que les émergents ne sont pas prêts à lâcher prise. Il faudrait pourtant un jour à venir céder la présidence à Jean Ping qui est, pour le peuple gabonais, le légitime légataire de son pouvoir souverain.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire