15 févr. 2011

AU VAILLANT PEUPLE IVOIRIEN...

Le silence, presque coupable des politiciens, des intellectuels conventionnels et de la société civile de notre pays sur la situation de crise post électorale de la Cote d’Ivoire m’oblige à m’exprimer, en ma qualité d’Homme d’opinions, de Liberté et de Justice pour tenter de susciter un débat contradictoire bénéfique pour notre Démocratie.
FRERES ET AMIS IVOIRIENS, JE VOUS SALUE BIEN !

Indubitablement, vous êtes en train d’écrire une merveilleuse page de l’histoire de la Nouvelle Afrique chez vous, chez nous en Cote d’Ivoire où trois forces en présence sont engagées, dans une crise post électorale que certaines parties prenantes veulent résoudre par les armes pour installer l’un des candidats à l’élection présidentielle.

La première de ces forces et de loin la plus importante et le plus légitime, c’est Toi peuple ivoirien qui, malgré un rapport de puissance à priori en ta défaveur, affirmes haut, fort et courageusement ta détermination à défendre ta souveraineté et ton libre arbitre, Bravo !

La seconde force est pompeusement appelée « Communauté Internationale ». Elle s’est engagée aveuglement et brutalement, devant l’Humanité entière, dans votre crise sans retenue ni pudeur ; avec un acharnement inédit. Composée des organisations et des puissants pays dits les plus riches du monde, cette force est conduite par l’ONU et l’UE dont les Etats membres sont, depuis des siècles, à la recherche des sources d’approvisionnement en matières premières à travers le monde, prioritairement en Afrique, pour assurer et garantir le bonheur de leurs citoyens au détriment de nos peuples.

La dernière force en présence est formée des camps politiques des deux leaders qui sont restés en compétition pour le second tour de vos élections présidentielles.



Cette tragédie donne l’occasion de rappeler deux importantes données indécrottables qui sont désormais intégrées dans les processus électoraux africains, à savoir, d’une part, que les Chefs d’Etat en place, candidat à leur succession, perdent rarement l’élection. Ils sont souvent élus au premier tour avec plus de 50% des voix pour ne pas aller au second et perdre l’élection. C’est pour cette raison que nombreuses révisions constitutionnelles portent sur l’instauration des scrutins à un tour. 

D’autre part, les contentieux post électoraux aboutissent rarement à la remise en cause des résultats proclamés en faveur du candidat président. Dans le cas ivoirien, nous sommes dans schéma extraordinaire… De quoi s’agit-il alors ?  

L’Afrique consciente est atterrée et stupéfaite par la tournure multinationale  et le caractère violent que prend le contentieux post électoral ivoirien, crise qui  mobilise les puissants du monde entier qui poussent leur assistance et leur amitié pour la Cote d’Ivoire jusqu’à se substituer aux Institutions nationales légales.

Il est inacceptable que des ivoiriens appellent à intervenir militairement contre leur pays pour accéder au pouvoir. Dire que l’on va « chasser par la force » un Chef d’Etat comme on chasserait  un animal, un gibier est un langage ordurier qui discrédite et disqualifie ses auteurs et qui démontre leur degré de haine à l’égard du Président Gbagbo.  

Signe des temps prémonitoires, la zone arabe et le Moyen-Orient, sous les révoltes populaires, sont entrés dans une période de remise en cause et de destitution des pouvoirs quasi monarchiques que l’Occident croyait immuables, inamovibles et intouchables.

Quand le mur de la honte est tombé en Europe, l’Afrique a bougé à la Baule. Maintenant que tombent les Etats, l’Afrique entière, tôt ou tard, basculera forcément et, Votre Résistance, comme un signe avant coureur, est aujourd’hui à l’avant-garde de ce phénomène qui sommeille et git, silencieux, dans les entrailles de chaque pays noir francophone. 

Plutôt que de vouloir faire marche arrière en s’ingéniant à installer à la direction de nos Etats des fantoches et des valets à la solde de leurs intérêts, les Pays dits développés et civilisés doivent comprendre que l’époque est aux Institutions Souveraines créées par la volonté des peuples et que, c’est avec ces Institutions qu’ils doivent désormais coopérer ; sans cela, ils seront encore surpris comme les européens et les américains en Tunisie.

Les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grande Bretagne, l’Union Européenne, l’Organisation des Nations Unies… d’une seule voix, ont proclamé vos élections sans qu’ils aient  reçu, de vos autorités républicaines, le mandat officiel.

Le face à face politique que vous vivez oppose deux personnalités dont les profils et les images sont contrastés : Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo que nous ne connaissons qu’à travers leurs discours et leur réputation faite de vérités et de faussetés.

Le premier, Ouattara, excellent économiste et technocrate chevronné, a déjà exercé, nous a-t-on dit, le pouvoir à la fonction de Premier Ministre du défunt Président Houphouët Boigny. D’origine voltaïque, il est devenu ivoirien par la volonté du charismatique Président qui l’a imposé à son peuple et surtout à l’élite politique du PDCI, composée des ivoiriens de sa génération ; au nombre desquels l’opposant de l’époque, Laurent Gbagbo.

Sorti du moule du Fonds Monétaire International (FMI) qui octroie aux cadres de partout le label de haute intelligence et de gestionnaire infaillible, Ouattara est marié à une femme qui est très versée dans les affaires aux côtés de son époux.

Politicien et homme d’affaires ayant des relations dans les milieux d’affaires internationaux et africain y compris chez nous, Ouattara a le profil et le curriculum vitae idéal pour avoir la confiance de toute Puissance politique, économique et financière étrangère qui se destine à coopérer avec un pays africain détenteur de richesses, en particulier du pétrole. Et, à regarder de près, Ouattara est logiquement soutenu par la monde  occidental dont certains membres considèrent encore Etats comme les comptoirs de commerce colonial de naguère.    

Le second, Laurent Gbagbo, nous donne l’image d’un homme humble, sorti des entrailles de son peuple. Son passé politique se trouve dans l’opposition au « règne » du système de Houphouët. Jeté en prison avec épouse et parent par ce système, il est arrivé normalement au pouvoir à la surprise de ses anciens bourreaux qui, certainement pris de peur, ont pris les devants pour le déstabiliser en créant, contre lui, un groupe de rebelles armés.

Patriote, affable, simple et modeste, il se dégage de cet homme ce qui se dégage de tout individu qui a connu les geôles (nous même avons été prisonnier politique), les humiliations et la privation de la Liberté pour avoir réclamé la Justice, la Liberté et la Démocratie dans une société dirigée par un Pouvoir autocratique. Gbagbo semble sobre et peu porté sur le clinquant et les honneurs faciles.

Frères et Amis,

Le profil aristocratique de Alassane Ouattara contraste avec le profil d’homme du peuple de Laurent Gbagbo, homme désintéressé et patriote dont le monde entier est en train de découvrir la forte personnalité et dont le message est pour une partie des jeunes de notre continent une leçon d’intégrité, de courage, de droiture. 

Comment ne pas admirer, quand on est jeune, un Che de ce calibre qui honore les hommes de cœur et d’intelligence patriotes par ses convictions et sa fermeté sur les principes ? 

Peuple ivoirien ! Depuis maintenant plusieurs semaines tu refuses, à raison, de soumettre ton pays à l’arbitrage des forces étrangères partiales et intéressées par-dessus tout aux richesses de votre pays.

C’est à travers la RTI (canal 115), que nous suivons, émus et écœurés votre combat : certains disent que c’est de la propagande pro Gbagbo. Argument ridicule au regard de l’importance de l’enjeu, de la qualité, de la nature et des moyens déployés par les forces adverses qui transforment la scène politique ivoirienne en une immense foire d’empoignes.

Les larmes au fond des yeux et la gorge serrée par des sanglots refoulés, nous avons écouté le témoignage d’un ancien chef rebelle, patriote convaincu, les harangues de Monsieur Blé Goudé qui a placé son avenir politique dans le Peuple et les interviews de deux monuments de la politique ivoirienne et africaine : Laurent Dona Fologo, que j’ai eu le plaisir et l’honneur de rencontrer à Libreville il y a plusieurs années, au cours d’un diner chez un ami Ministre, et Pascal Affi N’Guessan, le Président du FPI, au discours argumenté et d’un calme olympien. Ils nous ont éclairés sur la création, le financement et le fonctionnement de la rébellion, sur  les tumultueuses relations au sein de PDCI  mais aussi sur le passé politique de Laurent Gbagbo et sur son caractère et ses dispositions morales.

C’est étonnamment admirable d’entendre de la bouche d’un ancien adversaire politique des paroles élogieuses. Dans une prestation télévisée, les propos de Fologo à l’endroit de Gbagbo étaient si valorisants que l’on ne peut que tomber sous le charme de leur sagesse. Heureux êtes-vous Messieurs, quelle grandeur d’esprit !

Quand d’éminentes personnalités de la dimension de Dona Fologo et Affi N’Guessan, connues dans le monde, se sont clairement exprimées sur un évènement aussi grave, sensible et vital qui déshonore, désole et dérange la vie et le devenir de leur nation et de son peuple, la Communauté Internationale et tous les stipendiés pro communautaires de tout acabit doivent cogiter, puis se taire. Ils doivent agiter le drapeau blanc de la Paix et se retirer, pour laisser les ivoiriens, les vrais, régler leurs palabres dans la tranquillité.

Il est dommage qu’en cette exceptionnelle circonstance, le Président Henri Konan Bédié ne puisse pas librement se prononcer sur des évènements qui exigent, de chaque ancien haut dignitaire politique ivoirien de son envergure, la Vérité et les obligent.

Frères Ivoiriens, quel que sera l’issue de la crise, que Ouattara soit « intronisé » Chef de l’Etat ou que Gbagbo continue l’exaltante œuvre qu’il a commencée, vous êtes en train de poser votre marque sur l’édification de l’Afrique du Futur qui sera respectée, digne, courageuse et intelligente. Nous sommes en présence des partenaires qui ne nous comprennent pas, qui ne nous considèrent pas et qui nous refusent toute initiative indépendante et autonome. 

Tenez, aussitôt que le nouveau et jeune Pouvoir gabonais avait pris la décision de ne plus exporter le bois en billes de grumes, des voix se sont élevées dans les milieux d’affaires occidentaux pour crier à l’infamie, à la trahison des gouvernants.

Puisque l’Afrique est habituée au statuquo, il faut que le Président Laurent conserve le pouvoir. Ce Gbagbo, que certains milieux intellectuels et d’affaires ne comprennent pas, est certainement un Homme de Bien.

Frères et sœurs, pour terminer, rappelez-vous que l’Humanité, à toutes les époques, semble marcher avec un bandeau devant les yeux pour ne l’enlever qu’à de longs intervalles pour entrevoir son chemin. Chacun de ses pas sur la voie du progrès écrase celui qui le lui fait faire. Ce fut le cas du Christ qui a été crucifié par des sbires, au Golgotha,  entre ciel et terre dans l’indifférence d’une foule en colère excitée par les pharisiens et les grands prêtres. Cette  même foule qui avait auparavant mangé ses pains, ses poissons, bu son vin et assisté à ses multiples miracles.

C’est encore le cas aujourd’hui pour de nombreux  patriotes noirs qui sont emprisonnés ou assassinés par une horde de voyous qui défend ses intérêts avec un acharnement et une violence qui leur fait oublier qu’ils sont mortels. 

Chers Frères et Amis, puisse Dieu et nos ancêtres bénir et sauver la Cote d’Ivoire et son héroïque Peuple.

Très Fraternellement.

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