15 févr. 2011

OU EN EST L'OPPOSITION GABONAISE ?

Avertissement : Cette analyse-critique ne doit pas être considérée comme des attaques ou comme un plaidoyer contre ou en faveur de certains partis ou leaders politiques. C’est l’opinion d’un simple citoyen patriote sexagénaire, sans ambitions ni calculs égoïstes, mais qui a  pour souci de contribuer très modestement à la promotion d’une Démocratie Gabonaise de Partage et Apaisée.


A plusieurs égards, et en considérant les périodes post-électorales présidentielles et pré-électorales législatives à venir, les questions de savoir comment se prépare, se porte, et se comporte l’opposition gabonaise et quels partis et dirigeants politiques la composent sont d’une actualité indéniable pour tous les patriotes. Elles se posent d’abord en matière de l’organisation politique interne de l’opposition, puis en ce qui concerne ses Hommes : leaders et partisans. 

Dans un passé relativement récent, l’opposition était composée et incarnée par des partis ou groupements politiques qui sont, entre autres : le FUAPO, la COD, le HCR le MORENA, le PGP, les Bucherons, le PSD, l’UPG, le FAR, le MESP, le PLD, l’ADERE, le CDJ, l’UGDD, etc.

Ces partis et groupements étaient, pour la plupart, dirigés par des gens à la fois assez proches et/ou éloignés de la génération d’Omar Bongo et, tous ou presque, avaient un souvenir en commun à partager avec le défunt Chef de l’Etat… Affaire de Générations !

Près de nous, les personnalités les plus représentatives de l’opposition gabonaise, sans toutes les citer ont pour noms : Oyono Aba’a, Moumbamba Nziengui, N. Ngwa Nguema, Nzoghe Nguema, Begone Nsi, A.Nzoghe, M. Ropivia, PL Agondjo, J. Redjambe, P. Mamboundou, Mbou Yembit, Pr Mbub King, Pr P.A Kombila, P. Mba Abessole, M Nan Nguema, A Akelaguelo, Mboumbou Ngoma… et bien d’autres encore.

Les allers-retours et les chassés croisés entre la Majorité et l’Opposition ont été encouragés et favorisés par les gouvernants. Ce phénomène a donné au milieu politique gabonais son caractère hétéroclite et sa configuration changeante, l’ensemble baignant dans une confusion et un flou artistiques indescriptibles.  

Depuis 1990, des leaders, des hommes et des femmes politiques n’arrêtent pas de passer de l’Opposition à la Majorité PDG et de la Majorité PDG à l’Opposition. 

Parmi ceux-ci, il y a pèle mêle : P.Mba Abessole, P. Kombila, P.C. Maganga Moussavou et Epouse, Oyono Aba’a, Nzoghe Nguema ; J.B.Ogouliguende, L.G. Mayila, Z. Myboto ; plus près de nous, C. Oye Mba, Eyeghe Ndong, P. Missambo, A Mba Obame etc.

L’observation des comportements des uns et des autres montre que ce sont les démissionnaires ou les exclus qui sont les plus virulents contre leur camp d’origine. Les opposants qui avaient rejoint la Majorité après la Conférence Nationale ont été les principaux pourfendeurs de l’opposition. A l’inverse, les dissidents du PDG ont souvent été les plus critiques envers leurs anciens camarades.

Ce mouvement de va-et-vient entre le PDG et l’Opposition a eu des conséquences multiples dans les deux camps. Il a eu pour effet d’affaiblir, à la fois les partis de l’Opposition et de la Majorité, de décrédibiliser certains leaders ou de leur imposer des vacances politiques plus ou moins longues, de jeter involontairement d’autres dans le camp adverse, de réduire l’opposition à un groupuscule et surtout de faire de l’Opposition une sorte de cadre de blanchiment politique des arrivants du côté du Pouvoir.    

Aujourd’hui, l’Opposition est formellement symbolisée par deux entités qui sont l’ACR et l’UN. Au sein de ces deux groupes, on trouve réunis les « traditionnels opposants » et « les nouveaux opposants » en provenance du PDG. Ce mélange des genres est l’une des principales causes de mésentente, de  discorde, du manque de solidarité et de coordination que l’on constate dans cette Opposition rénovée qui pourra très difficilement bâtir une stratégie unifiée de prise démocratique du pouvoir.

En effet, il sera compliqué de façonner une Opposition unie et soudée avec des Personnalités à l’égo très marqué, aux parcours et aux passés différenciés. Certaines de ces Personnalités ayant occupé d’importants et puissants postes gouvernementaux et/ou ayant participé directement ou indirectement aux maux subis par ceux qui se trouvaient déjà dans l’opposition et qui subissaient les affres du pouvoir politique que les premiers servaient.

L’une des solutions, somme toute envisageable, pour tenter de reconstituer une Opposition gabonaise crédible, valable et robuste, consisterait à organiser des « Etats Généraux de l’Opposition » qui seront un Forum au cours duquel, un large débat direct et véridique serait engagé entre les opposants déclarés.

Concernant  les responsables politiques actuels des deux blocs de l’opposition en provenance du PDG, dont  quelques uns il faut le reconnaitre, ont des qualités intrinsèques qui font d’eux de potentiels hommes d’Etat, notons que pour l’instant, nul ne peut préjuger de leur degré d’engagement et de conviction étant donnée leur courte et récente présence dans l’Opposition. Seul le temps, à l’épreuve des rudesses et des privations liées à la Condition d’Opposant en donnera le verdict.

Parmi cette grappe d’Opposants, le « leader traditionnel » qui est resté le plus longtemps dans l’Opposition en résidant sur le sol gabonais est Pierre Mamboundou de l’UPG. C’est lui qui a maintenu allumée la flamme de ce bord politique pendant près de 20 ans, quand d’autres en partaient pour y revenir au gré de leurs intérêts ou alors vagabondaient d’un camp à l’autre à la recherche de la notoriété, de la fortune ou simplement d’un revenu pour survivre. Les mieux récompensés se sédentarisaient dans la Majorité. L’Honnêteté nous oblige à rendre à Pierre ce qui est à Pierre.

Las de trahison, de lâchage et diminué par le poids du Temps qui passe et les années d’exil, de luttes vaines, d’énergie gâchée, d’efforts gaspillés, des victoires usurpées suivies par des instants de solitude nourris de colères refoulées, Pierre Mamboundou se trouve maintenant à un moment de la vie où tout Homme de plus d’un demi-siècle d’existence entre en lui-même pour contempler en silence les actes posés, le chemin parcouru, et puis, évaluer celui qui reste à faire et cogiter sur les décisions à prendre. 

Comme à priori, une alliance entre les membres de l’Opposition semble compliquée à cause de la configuration de celle-ci, il reste à l’UPG et à Pierre Mamboundou de choisir entre deux stratégiques qui doivent courageusement être portées à la connaissance des gabonais par tous les hommes de convictions, pour taire le verbiage et les poltronnes analyses journalistiques faites de subjectivisme et de couardise que nous lisons et entendons ici et là.
Les choix stratégiques en question pour l’UPG et Mamboundou sont :

-  Soit de continuer à végéter dans l’Opposition en compagnie des partisans de toutes les catégories, dont ceux qui ont participé pendant des décennies à la « gestion » du Pays sans grands succès et préparer avec eux les législatives en vue et la présidentielle future.

-  Soit passer une alliance de gouvernement d’un type nouveau avec le tout jeune pouvoir sur la base des principes patriotiques, de considération mutuelle et de solidarité agissante. Alliance inédite mais compréhensible pouvant être justifiée devant le peuple gabonais. D’abord, à cause de l’abandon de leur camp par les ténors du PDG et leur positionnement dans l’opposition qui ont porté un coup au Pouvoir. Ensuite, Ali Bongo a hérité d’un système et d’un pays qu’il souhaite reformer. Cette réforme passe nécessairement et inéluctablement par l’ouverture aux autres. Cette ouverture ne peut se faire qu’en direction des forces politiques hors Majorité et de la Société civile. Le choix politique porterait sur l’ACR ou l’UN ou, l’ACR et l’UN.

Et, c’est d’une cocasserie sans pareil, voire indécente de constater que le jeune et nouveau Président a pour opposants ses anciens compagnons politiques et gouvernementaux dont quelques uns, plus âgés que lui, ne sont pas loin de la génération de son père. Certes, en politique rien ne doit être ni exclu, ni négligé, ni tenu pour définitivement acquis.

Qui oserait reprocher à Mamboundou de vouloir contribuer, dans ce nouveau contexte, à la  gestion de son pays si l’UPG est disposée et pressentie pour une alliance de gouvernement ?

L’UGDD et les autres partis légaux de l’Union Nationale en créant cette dernière par incorporation des pédégistes, candidats malheureux de la dernière élection présidentielle, et surtout, en les plaçant aux fonctions et aux postes de direction du nouveau parti ont, vraisemblablement, posé aux « opposants classiques » un cas de conscience morale. Il en est de même de l’ACR qui rassemble l’UPG et quelques anciens du régime passé.

Ici, l’aspect et la configuration de ces deux camps qui se réclament de l’opposition sont démonstratifs de la Réalité des relations politiques qui ont toujours existé entre l’Opposition et le Pouvoir et de la Nature profonde de la Démocratie Gabonaise qui sont toutes deux faites, depuis toujours, depuis l’UDSG et le BDG, de compromis, de retrouvailles, de conciliabules, d’alliances de toutes natures, de renoncements, des faux engagements de la part de certains politiciens démagogues. 

L’UN et l’ACR sont des montages qui confirment ces caractéristiques historiques des relations politiques et de la Démocratie Gabonaises et en portent les indélébiles stigmates.

La morale et la leçon à tirer de cette situation sont que, tout candidat doit s’atteler à mettre  tout en œuvre pour gagner une élection, en particulier la Présidentielle, pour ensuite mieux tendre la main aux perdants. Le refus du gagnant à tendre la main aux perdants a souvent eu pour résultats et conséquences, soit le durcissement de la force publique, soit la radicalisation de l’Opposition.

Depuis l’institution de l’élection présidentielle pluraliste en 1993, il semble que ce n’est pas un camp, un groupe de partis ou un projet qui font gagner ou qui gagnent l’élection, mais une Personnalité. En effet, c’est le candidat qui s’adonne, avec détermination et l’énergie qu’il faut à la préparation de son maintien ou de son accession à la direction de l’Etat, qui gagne l’élection.  

A ce jour, la stratégie électorale de l’opposition pour les prochaines législatives, quoique sûrement secrète, ne transpire pas. Seuls les désaccords réels ou inventés entre les deux bords ACR et UN nous parviennent à travers les informations publiées dans les médias.

L’Union Nationale, par sa réputation de porteuse d’espoir, par la qualité et la valeur de ses dirigeants et par sa devanture formée d’anciens membres du Gouvernement : Premiers Ministres, Ministres d’Etat, Hauts cadres… l’UN apparait aux populations comme un groupe nanti et très argenté, qui a la capacité d’accéder au pouvoir si elle s’en donne les moyens. Cette image, qui pourrait gêner l’action de ce parti de l’opposition d’un nouveau calibre et qui compte en son sein d’éminentes personnalités, devrait être gérée avec habileté. 

1 commentaire:

  1. je me suis permis de mettre cette article en ligne sur le site LVDPG car je pensais que c'etait une analyse que tout le monde aurait du lire tellement vous avez beaucoup de lucidité et de recul dessus
    si vous souhaitez le relire taper lvdpg.org
    tribune libre '"ou en est l'opposition"
    il y a plein de commentaires déja parfois c'est un peu offensif

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