Cet
écrit est destiné à tous ceux qui exercent ou qui exerceront une parcelle de
pouvoir dans le régime actuel. Les multiples crises politico-sociales qui secouent
l’Afrique souvent à cause de ses richesses naturelles (minières et pétrolières),
doivent faire réfléchir.
A ces crises s’ajoutent la préoccupante conjoncture économique
et financière et le contexte politique, caractérisés par les élections à venir aux
USA, en URSS et, surtout en France, dans une Europe en « grandes
difficultés ». L’économie gabonaise étant un maillon sûr de l’économie
mondiale, les gouvernants gabonais doivent se montrer plus habiles et plus
sages dans leur gestion des biens et leur administration des hommes. Même
décriés, le Gabon a un passé et une histoire qui méritent respect et
considération ; cela impose à tous ses chefs la modération idéologique et la
sagesse politique.
Naguère,
il était écrit sur le fronton d’une stèle dédiée à la mémoire de nos défunts,
au lieu-dit « monument aux morts »
non loin de l’actuel emplacement du mausolée de feu Président Léon
Mba, une brève dédicace qui attirait mon attention à l’époque de ma tendre et
douce enfance. Le texte de cette dédicace disait :
« A ceux qui sont morts
pour le Gabon, la Patrie reconnaissante ».
La génération actuelle,
trop jeune, en oublie et ne se focalise uniquement que sur le slogan « Gabon d’abord ». Notre pays a connu,
malgré les vicissitudes politiques et sociales, des instantanés de gloire qui
s’apparentaient aux préparatifs à un avenir de grandeur. Ceux qui ont des artères de sexagénaire penseraient rétrospectivement
que le Gabon a été d’une certaine façon un « Pays en voie
d’émergence », porteur de nobles promesses futures en Afrique centrale,
que dis-je, en Afrique Equatoriale Française (AEF).
Dans plusieurs domaines,
nous avons été des pionniers avec des Institutions dynamiques ; des personnalités
politiques, des intellectuels et des notables, aux noms prestigieux qui portent
néanmoins une part de responsabilité dans le « déviationnisme » du
pays post Léon Mba.
Parmi ceux qui, enfant
et jeune, ont marqué nos fantasmes ; il y a : André Gustave Anguilet, Jean-Marc Ekoh Nguema, Vincent de Paul Nyonda, Germain Mba, Avaro Ambourouet, Eugène
Amogho (ami et compagnon politique de mon défunt père), Edouard Alexis Mbouyi
Boutsi, Paul Malékou, Emile Kassa Mapsi, Dr Rahandi Chambrier, Nna Ekamkam,
Abbé Noêl Ngwa, Paul Ngondjout, Jean Pierre Nzoghe Nguema, Paul Okoumba
d’Okwachegue, Marcel Sandoungout, Jean Stanislas Migolet, Jean François Ondo, Georges
Damas, Jean Félix Mbah, Emile Elang, Jean Engone, Jacques Libizangomo, Jean Hilaire
Aubame, Paul Yembit, Léon Mba, Pierre Avaro, Léonard Mbadinga, François Meye, Joseph
Etoughe, Jerôme Okinda, Paul Moukambi, Simost, Lubin Martial Ntoutoume Obame,
Gaubert Obiang, Lengangouet, Pierrot Fanguinoveny, Ogowan, Marc Mba Ndong et
d’autres encore.
Et, bien entendu, celui que beaucoup ont, à tort ou à raison,
considéré comme le meilleur de leur génération : le Dr Marc Saturnin Nan
Nguema qui est énarque, politologue, économiste financier, ingénieur,
informaticien, mathématicien, musicologue, philosophe, enseignant, sportif etc.
Malgré leurs limites et leurs faiblesses, somme toutes humaines, ces
compatriotes, autodidactes pour les uns, intellectuels instruits et diplômés à
la française pour la plupart, aujourd’hui oubliés ou presque, ont marqué à leur
façon le cheminement du Gabon sur la voie du progrès sous l’impulsion et l’encadrement
de la France. De la France civile, militaire et religieuse. Ils sont français. Concernant
les hommes d’armes, je me souviens de 3 soldats nationalistes dont les noms s’étaient
gravés dans ma mémoire juvénile et dont je connaissais à peine les visages ;
ce sont : Mombo, Ndo Edou et Mbene qui ont organisé et exécuté le coup d’Etat
de février 1964 en commettant l’erreur de ne l’avoir pas achevé. Ils ont subi
les humiliations des soldats français leurs promotionnaires et collègues
d’armes. Ils ont été violentés, emprisonnés. Deux sont morts dans
l’indifférence générale. Depuis plusieurs décennies, l’impression qui se dégage
des données sociologiques est que les gabonais ne connaissent pas suffisamment leur pays.
Le chanteur-poète philosophe,
Pierre Claver Akendengue, le leur révèle par l’intermédiaire d’un « salaud »
à qui il fait dire en parlant des gabonais, dans l’une de ses captivantes chansons
que « c’est sur un gisement d’or que
nous dansons depuis des générations ». Dans la même veine, un érudit français,
A. Malraux, d’une voix à la fois
pathétique et quelque peu nostalgique déclarait avec véhémence et une parfaite éloquence,
dans une allocution aux propos très explicites, le 16 Aout 1960 à la veille de l’indépendance du Gabon, que « Depuis
près de huit jours, je parcours l’Afrique pour lui transmettre un massage de Liberté.
Je redis ici, bien entendu, ce que j’ai dit dans chaque pays où je suis allé,
car la France n’a pas changé d’opinion tous les deux jours ; mais en cette
dernière solennité, j’ai la conscience extraordinairement profonde que ce qui
se joue ici est une partie du destin de l’Afrique et, à coup sûr, une partie du
destin du monde…L’Histoire des Etats
faibles a toujours été celle des nations
condamnées etc. etc. ».
Ces paroles doivent être considérées comme
étant hautement significatives pour toutes les générations de politiciens de
toutes les époques qui vont se succéder au Gabon en se proposant de diriger
l’Etat, ainsi que pour tous les acteurs économiques et les intellectuels patriotes
gabonais. Tous doivent relire attentivement cette fresque verbale qui dégage et dévoile également
la réalité de notre pays.
Le Gabon est un merveilleux pays dont le mal a
toujours été la médiocrité de ses hommes politiques d’une part, et d’autre part,
le prestigieux répertoire de ses immenses richesses. Depuis son indépendance,
le Gabon est englué dans cette triste et inextricable contradiction. Réputé riche par
ses ressources naturelles, le Gabon est pauvre de l’absence de valeurs morales
et de qualités patriotiques chez ses dirigeants publiques. Vautrés dans leurs
hautes fonctions et leurs immenses fortunes, nombreux sont les citoyens qui ont
fait et qui continuent encore à faire du
tort au pays ; qui le retardent en professant un dégoûtant tribalisme qui prône
l’exclusion sociopolitique d’une partie du peuple, en pratiquant les détournements
des deniers publics, en proclamant l’impunité, en méprisant les
autres citoyens et en les réduisant à la condition d’esclave social, en les
humiliant, en les trahissant, en les assassinant et en les spoliant.
A
Ceux d’entre eux qui ne sont plus, par pudeur et par humanité, personne n’ira,
ni cracher, ni pisser sur leur tombe. A l’endroit des contemporains, s’il ne faut
proférer ni injures, ni insultes, ni menaces à leur égard ; c’est les cœurs
serrés qu’il faut les combattre pour faire tomber leurs hideux masques.
La
grandeur d’un peuple se trouve dans le sérieux, le patriotisme, la compétence,
le désintéressement, l’humilité et la considération que les gouvernants ont à
son égard. En retour, le Peuple redevient souverain, les Institutions
légitimes et l’Etat républicain. L’on peut alors commencer à parler valablement
de Démocratie, de Liberté, de Paix et de Justice sans lesquelles aucun peuple au
monde n’est fier et digne.
Aucune œuvre collective destinée à la gloire et à la
postérité ne peut se faire sans la participation visible ou secrète de ceux qui
sont dépositaires de la mémoire collective positive d’une Nation, d’une
société. Les apports extérieurs sont nécessaires mais, la mobilisation des
potentialités, des capacités et des compétences internes est indispensable, obligatoire
et vitale.
Beaucoup d’agents et de collaborateurs de l’actuel chef de l’Etat ne
savent rien des tréfonds du gabonais, de l’essence des rites, us et
coutumes noirs du Gabon. Il est affligeant de constater que certaines
pratiques, certaines croyances, des mœurs, venus d’ailleurs sont devenus
dominants par rapport à ceux hérités de nos ancêtres.
Aucune communauté humaine
ne peut se développer sans une cordiale et conviviale relation entre l’Homme et
la Nature, entre les « jeunes » et les « vieux », entre
Dieu et sa Créature. Ah ! Si Jeunesse savait…Si vieillesse pouvait ».
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