17 août 2011

L’EMERGENCE EN QUESTION : SOUTIEN TACTIQUE ET /OU DEMARCATION STRATEGIQUE


Au-delà de nos nuances et de nos différences, sans calcul et sans prétentions aucunes, nous mettrons par moments nos analyses et nos réflexions à la disposition de nos compatriotes et  des Décideurs Etatiques de l’Emergence. Nous donnerons nos vues sur ce Processus qui, malgré ses insuffisances et ses défauts actuels, est  porteur, à n’en pas douter, d’un rêve aux accents patriotiques que le temps se chargera de confirmer ou pas.  

Pour parler vrai, Ali Bongo Ondimba, par ses assertions politiques qui consistent à vouloir faire du « Gabon un pays émergent », comparées à celles de son prédécesseur sur « Les Actes pour le Gabon », met nombre de citoyens qui ne sont pas de son bord dans l’embarras. Le questionnement qui pourrait alors préoccuper, sans opportunisme politique, les honnêtes gens indépendants, patriotes ou opposants est de savoir s’il faut apporter ou pas un soutien tactique à l’Emergence ou s’il faut s’en démarquer totalement. Les justes réponses à ces interrogations seront données par l’action et le comportement du Chef de l’Etat et de ses différents Gouvernements au cours de son mandat.  

Ce questionnement  ramènera, dans un lointain passé, de nombreux hiérarques de la Majorité et de l’Opposition qui étaient des fervents militants des « Associations Estudiantines » en France. Dans un discours à la nation, le 6 août dernier, le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba  avait abondamment présenté sa pensée et ses principes politiques en ces termes :

« Dans toutes les Administrations et les Entreprises publiques de notre pays, je veillerai particulièrement à la qualité, à l’intégrité et à la compétence des femmes et des hommes investis des responsabilités de gestion (…) Le Gabon est à mesure de relever le défi de l’Emergence à l’horizon 2025 (…) La mise en place des mécanismes de la bonne Gouvernance suppose des structures et des institutions solides et bien dirigées capables de prendre en charge les nouveaux défis (...) Aucun pays ne s’est développé en favorisant le laxisme, l’impunité, le détournement des deniers publics et le désordre… Plus que jamais nous nous opposerons à ces comportements déviants d’un autre âge, d’une autre époque ».



Le Président n’avait pas manqué de réaffirmer son ambition qui est de faire du Gabon un pays Emergent, cet édifice dont il rêve. La concrétisation de ces déclarations était, et est toujours, attendue par beaucoup de gabonais qui espèrent que M. Ali Bongo Ondimba fera ce qu’il dit. A bien regarder, la formation des deux premiers Gouvernements de  l’Emergence et les diverses nominations aux hautes fonctions étatiques et administratives n’obéissent que timidement à ces principes qui sont les fondamentaux du projet du chef de l’Etat qui est baptisé « l’Avenir en Confiance ». Nous sommes en face d’une extraordinaire nouvelle donne politique et d’un nouveau Pouvoir détenu et exercé par Ali Bongo Ondimba, fils de Omar Bongo Ondimba qui a régné sans partage sur le pays pendant un peu moins d’un demi siècle au bilan médiocre.
Faut-il se départir ou non de l’adage qui dit « tel père tel fils ? ».Tout compatriote averti et expérimenté devrait adopter la sage et prudente attitude qui consiste, sans que cela soit un retournement de veste, à ne pas juger à priori défavorablement le régime actuel. Mais, tout en critiquant ce qui pose problème, il faudrait apprécier les actes qui seront posés en faveur du Pays et des populations. C’est à l’œuvre, au pied du mur, que l’on découvre l’efficacité d’un maçon. Cette attitude permettra, au moment du bilan, de faire la part des choses pour mieux situer les responsabilités et pointer les ratés. Cependant, ce qui est immédiatement remarquable et qui suscite interrogations et critiques de la part de certains, c’est le caractère métissé et la jeunesse des hommes et des femmes qui sont nommés, tant aux côtés du Président de la République, que dans la haute Administration. 

Métissage qui transparait dans les patronymes des promus et qui fait dire que l’intégration quantitative et qualitative des gabonais d’origine et d’adoption, dans les fonctions étatiques élevées, doit obéir à un judicieux dosage et à une bienveillante préséance nationale. Le processus du choix des femmes et des hommes publics officiels qui doivent piloter et mettre en œuvre l’Emergence du Gabon doit consister à valoriser en priorité les compétences gabonaises, et recourir après cela, aux compétences externes complémentaires indispensables. Sans cela, le «Peuple Souverain » sera poussé à la défiance parce qu’il ne se reconnaitra plus guère dans le Pouvoir qu’il est supposé avoir créé, et dans les hommes et les femmes qui l’exercent au quotidien. 

La Gouvernance, la Bonne, reste indiscutablement, suivant nous,  le premier et le plus grand chantier du Gabon, celui qui doit mobiliser les meilleurs fils du pays. Ce  chantier est, à l’évidence, celui qui est susceptible, s’il est franchement et habilement monté, de donner le véritable niveau de la volonté et de l’engagement présidentiels à faire évoluer le Gabon vers un « pays Emergent », c’est ce chantier qui peut et qui doit ôter tout soupçon de démagogie au discours politique du chef de l’Etat. L’efficacité et la rigueur dans la gestion des deniers publics, en tant qu’exigences communes à la Bonne Gouvernance et au Développement Durable, sont pour la plupart des pays en développement une permanente obligation dont le non respect retarde leur progrès et leur Emergence. 

De la bonne gouvernance dépend une évolution sociale et nationale dans la Paix, grâce à la mise en œuvre victorieuse et  sans failles, des projets de développement national d’intérêt socio collectif programmés et conduits à leur achèvement dans la discipline et l’effort conformément à leur conception initiale. L’énorme gabegie, les détournements impunis de fonds, l’enrichissement abusif et éhonté,  la massive dilapidation des capitaux sont connus de tous les Gabonais et, l’appauvrissement des populations qui s’en est suivi sont les plus grandes tares léguées par les gestionnaires étatiques du régime précédent. En effet, la pratique effrénée des cadeaux, des dons et des pourboires politiques, économiques et financiers ont dévalorisé l’action publique de l’Etat, dégradé la physionomie sociale et contribué à un enrichissement spontané et rapide par «  l’argent facile » en créant des millionnaires parmi nos compatriotes, hommes et femmes,  jeunes, adultes et vieux de tous les bords politiques. 

Le régime du Président Ali hérite d’un pays caractérisé par des mauvaises pratiques, de malsaines habitudes et d’innombrables maux qui devront faire l’objet d’un traitement permanent, graduel et radical. La mise à mort de ces tares doit commencer par la suppression des dépenses publiques inefficaces et la réduction du train de vie de l’Etat et de ses tenants. En conséquence, il serait juste d’harmoniser les traitements et avantages des agents de l’Etat placés au contact de la gestion des finances publiques. Tous les Ministres et autres responsables gouvernementaux, les hauts cadres, les agents à tous les niveaux hiérarchiques et indiciaires de toute l’Administration gabonaise doivent être traités équitablement et harmonieusement. 

Il est largement répandu qu’à situation et position hiérarchiques identiques, certains agents ont des traitements de faveur. Le système institué par le Décret N° 012/PR/MBCPFPRE du 28 Janvier 2010 en complément de celui du11 décembre 1995 relatifs aux traitements des fonctions électives et gouvernementales, doit se généraliser et introduire davantage de justice dans la fixation des rémunérations, des conditions  travail et des modes et qualité de vie de l’ensemble des serviteurs de l’Etat.

Pour ce faire, la rubrique budgétaire relative à cette dépense doit être méticuleusement évaluée et gérée sans complaisance, afin d’éviter que les paiements tardifs des arriérés nés des avancements professionnels non réglés ne constituent plus une dette qui viendrait grever le passif de l’Etat et perturber ses prévisions de trésorerie. L’Etat étant le plus grand employeur du pays, l’on pourrait envisager le détachement du Budget Général, la dépense relative aux traitements et rémunérations pour en faire un appendice dont la gestion et le suivi seraient autonomes et placés sous une équipe de techniciens compétents et soumis aux contrôles légaux.

Le début de solution consisterait à faire connaitre les résultats réels du recensement des fonctionnaires et de mettre les différentes catégories des agents en concurrence saine en les classant hiérarchiquement en fonction des critères objectifs biens choisis et applicables à tous. La responsabilisation sera faite par des auditeurs nationaux indépendants, de cette façon, les agents auront des chefs qu’ils méritent et non plus des chefs qu’on leur impose sur la base des affinités complices.  Les Hommes qui ont la qualité et la charge de chefs bâtisseurs d’une œuvre sont les pièces centrales de l’ouvrage à édifier. Ces hommes, sans leur demander d’être parfaits, doivent avoir des qualités et des aptitudes supérieures « à la normale ». Quel que soit sa formation ou sa qualification, le gabonais bâtisseur doit être travailleur, discipliné, décomplexé, compétent, patriote, modeste, ami de la réussite, juste et soucieux d’une vie régulièrement correcte. 

C’est ce profil qui déterminera ce que nous qualifions d’élite. Elite qui est indissociable et intimement liée à la réalisation de l’Emergence du Gabon. Mais qu’est ce à dire ?  

L’élite gabonaise à consacrer sera plurielle et se trouve dans tous les secteurs et branches d’activités. Tout gabonais, homme ou femme du secteur public et privé, qui s’adonne sérieusement à sa mission, à son travail, à ses affaires dans tous les domaines d’activités de productions, de services et de commerces, qu’il soit manœuvre, ouvrier, cuisinier, chauffeur, maçon, cultivateur, pêcheur, charpentier, cordonnier, tailleur, commerçant, éboueur, avocat, mécanicien, notaire, enseignant, juge, veilleur de nuit, pilote, financier, artiste, romancier, économiste, politologue, philosophe, historien, géographe, photographe ou autres .. Fait partie de cette Elite que nous appelons de nos vœux pour former « la Nouvelle Citoyenneté Gabonaise » qui doit affirmer clairement aux yeux du monde son patriotisme et son appétit pour le progrès. 

Dans cette optique, aucune discrimination ou exclusion liée aux simplistes références intellectuelles, religieuses, politiques, ethniques ; aux diplômes, sexe ou autres  ne seront admises. L’élite gabonaise sera composée des citoyens qui se mettront résolument au service de la mission de Construction Nationale et de Développement Economique et Social Durables que les Hommes politiques préconisent dans leur projet ; qu’il se  nomme « l’Avenir en Confiance » ou « Etre Gabonais Autrement ». Depuis longtemps, très longtemps, la théorie et la philosophie de l’économie politique officielle ont rarement fixé pour notre Gabon un objectif noble fait de grandeur et d’une ambition de portée nationale comme celui que propose le régime actuel d’Ali Bongo Ondimba. Derrière la formulation de cette Nouvelle Economie Politique, on soupçonne  une réelle envie de progrès qui manque, hélas, de rigueur, de discipline, de discernement autant que de femmes et d’hommes expérimentés pour son accompagnement et son encadrement. 

Il faudra au minimum 3 à 5 ans pour que la nouvelle équipe de la génération d’Ali s’adapte au Pouvoir et démarre valablement la mise en œuvre de l’Emergence. Avant cela, il pourrait y avoir, et il y a déjà des ratés, des erreurs, des incohérences et des déboires qui seront causés par la grandeur de l’Ambition et son non appropriation par les différentes équipes et leurs chefs, par l’importance des  moyens à mobiliser ; par la non fixation des priorités claires. Tout cela, ajouté à la diversification des actions, à la multiplication des chantiers et à l’éparpillement des énergies ; pourrait provoquer des fourvoiements. 

Des chantiers sont en cours à Libreville, sur la route nationale ; d’autres sont en exécution et prévus à l’intérieur du pays. Nous souhaitons que la totalité de ces travaux aillent à leur fin, et pour cela, il faudrait prendre le Président de la République aux mots. Il a dit :

« Suivre comment ses collaborateurs vont encadrer les chantiers. Des preuves et des exemples doivent être donnés au peuple pour que ce dernier se rende compte  que l’époque des effets d’annonces est révolue ».  

La réalisation de ces chantiers permettra de créer et de former une conscience populaire et nationale saine et un début de confiance aux dirigeants étatiques, aux Acteurs politiques et à l’Avenir du Gabon. Les dossiers politiques dits Projets de société des candidats à la fonction de Président de la République, sans être identiques, affirment tous la volonté de développer le Gabon et d’assurer le bonheur de ses habitants. Rien d’étonnant que l’opposition et le pouvoir aient des vues proches sur cette stratégie malgré des formulations, des présentations et des conceptions différenciées. 

Du reste, les concepts d’un camp se retrouvent souvent dans l’autre. Les fléaux et les pratiques les plus maléfiques du Gabon sont  la corruption, le tribalisme, le fétichisme, l’immigration sauvage, l’imposture, l’insouciance, l’égoïsme, l’insécurité, la pauvreté, l’incivisme, l’illégalité, l’injustice,  l’incivilité, la vénalité, le favoritisme, l’arrogance etc.

Le Dialogue entre les acteurs socio politiques ne manque pas d’arguments, de sujets, de thèmes et d’acteurs pour critiquer ou pour appuyer l’Emergence d’un Gabon de Valeurs.

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