L’Afrique aux africains et le Gabon aux gabonais, dans un espace francophone des droits de l’homme, de liberté, démocratique, juste et solidaire. Il est communément convenu que sans indépendance économique, un pays n’est pas véritablement indépendant.
Depuis 1960, date de la proclamation officielle de l’indépendance du Gabon, acquise sans lutte contre l’occupant colonial, l’histoire et l’évolution du pays sont marquées par la forte Irruption, tantôt amicale et parfois brutale de la France dans les activités économiques, politiques, institutionnelles et militaires de l’Etat.
Après plus d’un demi-siècle (53 ans), le pays n’a connu que 3 dirigeants, dont le très long règne de 49 ans des Bongo. Les deux successions des Bongo, malgré des nuances, ont reposé sur des schémas similaires.
Le premier changement de 1967 survint dans un contexte caractérisé par quelques faits majeurs qui sont : le coup d’Etat militaire, fomenté 4 ans seulement après l’indépendance, l’apparition sur la scène politique d’un personnage jusque-là inconnu des gabonais qui s’est positionné aux côtés du Président vieillissant et la maladie de ce dernier.
Le séjour en France de Mba, pour des soins, était l’un des éléments du plan de succession concocté par les autorités françaises. C’est ainsi que l’Ambassade du Gabon en France a servi de territoire et l’ambassadeur de l’époque, d’autorité légale. La France de De Gaulle avait déjà choisi et repéré le futur président en la personne d’Albert Bernard Bongo (ABB), ressortissant d’une ethnie minoritaire. Les auteurs-compositeurs-acteurs de la prise de pouvoir d’ABB étaient : le Président De Gaulle, J Foccart, l’ambassadeur de France au Gabon (S.E Quirielle), les milieux pétroliers, miniers et forestiers et naturellement les services de renseignements et d’espionnage placés autour de Mba, ce dernier ayant lui-même été porté au pouvoir par la France et les milieux d’affaires français de Droite installés au Gabon.
Vint ensuite le tour de Bongo.
La France qui venait d’octroyer, 7 ans auparavant, l’indépendance au Gabon puis sauver le régime de Mba en intervenant militairement 4 ans après cette indépendance dans un nouveau « pays souverain », s’obligea à donner à son plan, un caractère légal. Le pays des droits de l’Homme et de la Liberté usa d’un subterfuge juridique qui a consisté à manipuler la constitution d’un Etat de droit en faisant en sorte que Mba et Bongo formassent une candidature unique pour les postes de Président et vice-président. Du jamais vu sous d’autres cieux africains. Malgré les timides contestations de certains leaders politiques et intellectuels au Gabon et à l’étranger, tout se déroula dans le calme et la paix. Bongo succéda à Mba et séjourna, en toute tranquillité, 41 ans au sommet de l’Etat.
Les temps ayant changé, la France de Sarkozy de 2009 a fait autrement…
Après la candidature en "duo" et consensuelle Mba Minko-Bongo, le Gabon a eu droit 42 années plus tard à la confrontation entre André Mba Obame (AMO) et Ali Bongo Ondimba (ABO), deux "potes" qui n’ont pas su manœuvrer…
De même qu’une réforme portant modification de la constitution par la France avait permis de préparer, faciliter et valider la prise de pouvoir d’Albert Bernard Bongo, une réforme institutionnelle permit de créer un Sénat au Gabon, préparant ainsi le début du plan, du côté gabonais, de la succession d’Omar Bongo.
Trois principales dispositions avaient attiré l’attention des observateurs-analystes dont la nôtre :
1 - la nomination à la présidence du Sénat du plus fidèle compagnon politique d’Omar, celui-là même qui était témoin et ouvrier de son ascension politique ;
2 - en cas de vacance de la fonction présidentielle, l’intérim de l’Etat est assuré par le Président du Sénat;
3 - l’impossibilité pour le président du Sénat à se porter candidat à l’élection présidentielle…
Peut-on considérer comme un fait du hasard, banal et anodin les nominations de Mba Obame et d’Ali Bongo aux stratégiques ministères de l’Intérieur et de la Défense, complétées par la nomination de dame Rose Francine Rogombé, et pas Coniquet, à la direction de l’Institution en charge de l’intérim ?
Ces éléments locaux étaient constitutifs du plan franco-gabonais à la succession d’Omar Bongo. De là à dire que la mort subite de G Rawiri a été un élément facilitateur de l’exécution du plan devient une vérité de La Palice.
André et Ali ont commis l’erreur de ne pas s’accorder sur la prise et la gestion partagées du pouvoir d’Etat, parce qu’ils avaient la même envie pour l’unique fauteuil. Les différences entre les deux plans de prise de pouvoir des deux Bongo sont que la première succession avait été accompagnée par le président Mba mourant alors que la seconde s’est faite après le décès du détenteur du pouvoir qui a laissé derrière lui une situation conflictuelle, incompréhensible et désolante de la part d’un Chef réputé sage.
C’est l’occasion de rappeler que seuls les profanes qui ne connaissent pas l’histoire politique du Gabon n’ont pas compris et ne comprendront jamais le désistement de Casimir Oye Mba de l’élection de 2009 quand bien même Casimir Oye Mba aurait gagné à mieux gérer avec classe sa décision…
Le côté sale de la politique fait d’elle une activité dangereuse. Dans ce cas, la politique fait partie des jeux de la mort, au même titre que la roulette russe, les duels, à mort, des seigneurs d’antan ou des cow boys du far west américain.
Visiblement, les deux Bongo s’étaient préparés à leur arrivée au pouvoir avec des préoccupations dissemblables.
Omar arrive avec un programme à fort contenu politique pour faire face à une situation réelle qui pouvait le contrarier. Les partis politiques (CMG-BDG-UDSG-PUNGA- etc.) en présence s’étaient formés sans lui. Ils étaient sous le contrôle des intellectuels et des ressortissants des ethnies majoritaires miènè-pounou-fang-eshira. En conséquence, sa priorité est de les dissoudre et de créer son propre parti en associant l’ethnie majoritaire zebi silencieuse et quelque peu marginalisée.
Né du politique, le régime d’Omar va exceller dans la politique. Au commencement, il crée le PDG par transformation du BDG et explique que :
« Au terme d’un périple à travers toutes les régions du Gabon,…J’ai pris la grande décision de créer un parti unique qui s’appellera le PDG…Si le BDG a gouverné le pays, cela ne signifie pas que le BDG était blanc comme neige. Ceux qui ont fondé le BDG avaient une autre conception, les militants en ont donné une autre…A partir d’aujourd’hui, il y a un seul et unique parti, le Parti Démocratique Gabonais » (discours du Secrétaire Général A. Bongo, le 12 mars 1968- Voir : "Histoire du PDG, les grands textes"., par Pierre R. Saulet - Page 17).
Quant à Ali Bongo, il arrive au pouvoir après avoir voyagé, exercé le pouvoir, tissé des contacts, consulté des alliés, observé les gabonais et leurs chefs. Ayant hérité du PDG, il arrive en 2009 avec un projet plus économique que politique, placé sous le signe de l’émergence.
Contrairement à son prédécesseur, Ali à l’avantage d’être « européanisé » et tourné vers le « modernisme », son malheur est de ne pas être profondément ancré dans nos traditions (même s’il est initié). Il donne l’impression d’être plus attentif à l’économie qu’à la politique où ses lacunes sont perceptibles.
Cependant, sa volonté de faire du Gabon un pays émergent sonne comme une note d’espoir pour tous ceux qui connaissent le processus économique qui a conduit les pays contemporains à l’émergence. Le projet d’Ali contient certains signaux que sa timide et maladroite mise en œuvre tarde à confirmer clairement pour convaincre.
Depuis l’indépendance, en 53 ans, aucun des chefs d’Etat qui a dirigé le pays, n’a jamais été choisi et élu librement par les gabonais.
Mba devient président avec l’appui des politiques français et après avoir "roulé" Gondjout, Anguilet et Aubame avec la complicité des forestiers dont Roland Bru.
Omar Bongo a été choisi par les français.
Ali Bongo a bénéficié du soutien visible du régime de Sarkozy en 2009, soutien que Mba Obame et autres n’ont pas réussi à arracher…
Dans son ouvrage intitulé « Foccart parle », écoutons ce qu’il dit de l’arrivée d’Albert Bongo au pouvoir. L’auteur nous décrit brièvement, avec des incohérences invraisemblables, mais suffisamment clairement pour comprendre le montage qui avait été mis en place, par la France de Droite, pour installer Bongo au pouvoir. Dans le passage baptisé «L’examen de passage de Bongo », il déclare que :
« Ce qu’il y a de vrai, c’est que Mba a besoin d’être soutenu (avant et après le coup d’Etat de 1964)… que notre ambassadeur a laissé un beau gâchis, que les partisans d’Aubame s’agitent et cherchent une revanche, que l’ambassadeur des Etats-Unis qui est un ancien de la compagnie pétrolière MOBILl, est très actif, et que le Gabon est un pays important, bien que peu peuplé. Toutes ces raisons, auxquelles s’ajoute la grande confiance que me témoigne Léon Mba, font que je m’occupe beaucoup de ce pays (P.276)… »
« J’ai appris en janvier 1965 qu’il (Mba) était atteint d’un cancer. Peu après, c’est lui qui a abordé le sujet en toute netteté (P.277)… Il a passé en revue tous ses ministres, pour constater qu’aucun ne serait capable de décider seul et de tenir sa décision. Nous avons élargi le champ de recherches, et nous sommes arrivés ensemble à la conclusion que son directeur de cabinet, Albert Bernard Bongo, âgé de 30 ans, qui n’avait pas une grande formation, mais qui avait de la personnalité, du courage et de la volonté, était la plus capable (P.278) ».
Pauvre Foccart qui raconte des sornettes sur les intérêts d’un peuple qu’il considérait comme esclave. Le colonialiste ajoute :
« …Là-dessus, Léon Mba m’a dit « Ecoutez, nous avons peut-être raison, mais nous n’avons pas vu Bongo à l’œuvre, livré à lui-même. Alors, je voudrais que vous lui fassiez passer un test sans le lui dire. Je vais l’envoyer en mission à Paris. Je vous demande d’obtenir pour lui une audience du général de Gaulle, que vous mettrez dans le jeu et qui vous fera part ensuite de ses impressions…Le test s’est bien passé »…« Celui qui allait devenir le second président de la République du Gabon, et un président de qualité, ne l’a jamais su ». Bongo, dit Foccart, « était à bonne école, mais il n’avait pas d’expérience vraiment politique. Il fallait donc lui donner une formation accélérée et le propulser. Mba n’y est pas allé par quatre chemins : en septembre 1965, il l’a nommé ministre délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense (?!!) et de la Coordination, c’est-à-dire, en fait, chef du gouvernement (P.278) ».
Ce voile levé sur la première succession étatique du Gabon n’a d’intérêt que pour comprendre l’histoire politique réelle de notre pays et se prémunir de l’avenir. La suite, dit Foccart « a été réalisée à Paris, où Léon Mba a été hospitalisé au mois d’août 1966 à l’hôpital Claude Bernard. Le plus sûr était d’organiser la succession automatique, selon le modèle américain. Encore fallait-il réviser la constitution, puis faire élire le président et le vice-président. Les textes ont été préparés discrètement par Jacques Jouhaud et René Journiac, selon les directives de Mba. Le secret a été gardé jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la diffusion au Gabon de l’allocution de Léon Mba annonçant la réforme constitutionnelle et la candidature de Bongo, le 14 novembre 1966. « Nous avions préparé le brouillon du discours, et Mba l’avait corrigé. Il l’avait enregistré à l’hôpital avec le concours discret que j’avais obtenu de deux techniciens de la Radiodiffusion française, et l’enregistrement avait été envoyé à Libreville. Le référendum constitutionnel et l’élection présidentielle se sont bien passés (P.279) ».
Que c’est merveilleux ! Voilà comment l’étranger se substitue aux institutions africaines et les manipule pour asseoir leur puissante domination en Afrique par fantoches interposés.
Foccart était un esclavagiste qui a humilié les africains pendant des décennies. L’analyse de ces passages provoquerait des réactions de haine à l’égard de la France, ce beau pays que nous aimons….Mais tout cela, quoique du passé, nous interpelle encore et toujours.
Il est temps que le peuple devienne le donneur du Pouvoir, librement et dans la transparence… Patriotes, Vive le Gabon ! Vive la Liberté !
Pourriez-vous faireun article sur le desistement de casimir Oye Mba en 2009? Nous avons vraiment soif de connaitre cette situation de desistement. Merci et encore bravo pour le travail que vous faite. Age de moins de 30 ans, nous avons vraiment besoin de connaitre l'histoire de notre pays...
RépondreSupprimer