13 sept. 2012

QUI A FAIT QUOI DU GABON ?

"Au commencement était la parole, et la parole était, avec Dieu, et la parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu…Rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie…" et Dieu dit "Que la lumière soit et la lumière fut.. Dieu vit que la lumière était belle et la sépara d’avec les ténèbres". 

Une fois, j’avais notifié mon point de vue au Président Omar Bongo sur sa succession. Hélas, nous n’en avions jamais parlé. J’ai cependant trouvé quelques similitudes dans l’une de ses dernières déclarations rappelée ci-dessous. « Un Homme sage instruit son peuple et les fruits de son intelligence sont assurés. Il est comblé de bénédictions… Le sage héritera de la confiance de son peuple et son nom vivra à jamais. 

Nul homme, de sexe masculin ou féminin aussi puissant, intelligent, instruit, sage ou riche soit-il, ne s’est jamais soustraie à la mort. 

Tous, autant que nous sommes, sommes nés et mourons au jour fixé, en un lieu, sous une forme que nous ignorons. 

Au moment de mourir, les grands hommes, les vrais parlent aux restants en professant la vérité, en confessant sa foi, ses péchés ou en donnant des instructions sur son corps et ses biens. 

En Afrique, la peur et la fascination de la mort empêchent les individus de rédiger ou de faire connaitre clairement leurs intimes volontés. Même sentant leur mort prochaine, ils oublient que derrière eux, la vie continue avec les vivants dont sa parenté. La pratique du testament écrit n’est pas encore installée dans nos mœurs et habitudes. 

Le testament est, soit directement rédigé par le testateur, soit par un commis. Loin, dans le passé, chez certains peuples, il était généralement oral. Si toutes les paroles n’étaient pas des éléments du testament, celles qui avaient une portée spéciale, un impact fort sur les gens, et qui étaient dites à des occasions ou des circonstances particulières, prenaient une valeur mystique voire divine. 

Nous qualifions de testament les ultimes paroles, volontés et ordres d’un Etre agonisant qui se prépare à quitter le monde. Mais, plus que le testament oral, le testament écrit est un document dans lequel une personne indique précisément les bénéficiaires légaux de ses Biens après son décès. 

Au-delà des biens, le testament permet le transfert des conseils, des bénédictions, des malédictions, des promesses et des faits qui prendront effet après le décès du testateur. 

L’histoire de l’humanité montre que, sentant venir la mort, certains Etres se sont exprimés plus ou moins clairement. Ainsi, Le Christ meurt en promettant l’envoi de l’esprit saint, Jacob bénit sa descendance, Danton demande au bourreau qui le guillotine de montrer sa tête au peuple, Lumumba souhaite pour son peuple et son Congo la paix, l’indépendance et la dignité, Mitterrand avait voulu la présence de son chien à son ensevelissement, Léon Mba présenta publiquement aux gabonais son dauphin, Albert .Bernard Bongo, son successeur, en lui transférant officiellement le pouvoir d’Etat…. « Tout Pouvoir venant de Dieu », Léon Mba fut-il un Dieu en l’espace d’une fin de règne ? 

Pourquoi à son tour, Bongo n’a-t-il pas ouvertement organisé, de gaieté de cœur, sa transmission démocratique du pouvoir ? 

Au nom de la Liberté d’expression ? Quelle Liberté ?... 

Albert Bernard Bongo, Omar Bongo, El hadji Omar Bongo et Omar Bongo Ondimba (OBO) est le même personnage. Cet homme qui a eu ce que personne n’obtiendra plus jamais au Gabon des gabonais : un règne sans partage de 42 ans sur un peuple « tranquille et en Pacifique », et un pays immensément riche. 

Parmi les paroles inoubliables du règne de OBO, citons celles dites au faîte de sa gloire : 

- « Il n’y a que Dieu en haut et Bongo au Gabon »,

- « Si on me provoque, on cherchera le Gabon sur la carte du monde », 

- « Je peux faire d’un chien un ministre », 

- « Plus on me donne, plus j’en demande ». 

Le temps a passé et, l’examen rapide du parcours du long règne de Bongo, fait apparaitre sa vanité et ses excès à travers ces paroles et l’état de délabrement général du pays. 

En 1990, quand le multipartisme devint incontournable, l’homme, après avoir juré que le multipartisme ne se fera pas au Gabon, finit par s’y faire en donnant à la concertation et au dialogue une dimension sociopolitique « apprivoisée » jamais pratiquée auparavant. 

Très tôt, le régime de la Rénovation-PDG avait associé les opposants au processus d’enrichissement facile, ce qui permit à beaucoup d’hommes et de femmes d’accéder, sans efforts, à une vie luxueuse et confortable. La Rénovation-démocratique a accentué et répandu l’aisance de vie à travers le pays par la corruption, les détournements des fonds publics et la distribution facile, sans contrepartie valable, de l’argent, ce « venin ». 

Des jeunes délinquants, garçons et filles devinrent millionnaires en un tour de mains. Sous l’afflux de la manne pétrolière, tout devint marchandise. S’achetant et se vendant : beauté de femme, faux renseignements, dignité, chair, sang et ossements humains, rien n’échappe à l’expansion de ce système fait de jouissance et d’insouciance à outrance. 

Les plaisirs, la fête, le vice, l’orgueil et le mépris de la vie et de l’homme s’installent dans le pays en entrant en contradiction et en conflit avec nos valeurs et références culturelles et ancestrales. 

A ceux qui se vantent d’avoir acquis une expérience dans le système PDG-Rénovation, il faut répondre que toute expérience n’est pas forcément positive et qu’il ne faut pas faire croire que nous sommes tous comptables et responsables au même degré des malheurs et des souffrances des populations.

Indiscutablement, ceux qui ont géré l’argent de l’Etat et qui se sont enrichis dans leurs fonctions sont plus responsables que ces simples agents publics qui ont enseigné et formé les jeunes, soigné les malades, transporté des voyageurs, animé un service etc. 

Quelle confiance avoir, quel progrès peut-on attendre, d’un système de gouvernement où n’importe quel individu peut exercer n’importe quelle haute fonction y compris celle de chef ou de proche collaborateur de chef l’Etat ? 

Où l’on peut occuper les importants postes de Directeur Général, de Ministre, de député, d’ambassadeur, de Général d’armée avec pour références l’amitié, la parenté, le niveau du cours moyen, au mieux, du brevet d’études élémentaires, voire du bac dans une mondialisation qui impose aux acteurs et dirigeants sociaux et étatiques des connaissances précises dans un contexte international de plus en plus exigeant au regard des dossiers et des évènements planétaires communs à traiter. 

Nous ne sommes pas tous coupables de l’abaissement du Gabon. 

Nous avons toujours été partisans d’un Gabon digne, dirigé par des hommes et des femmes de valeur, respectueux du peuple et compétents dans l’une des spécialités qu’exige la gestion d’une société moderne. 

Au regard de ces considérations, nous sommes sûrement nombreux à ne pas nous sentir concernés par les ultimes paroles prononcées au palais de la république par le Président Omar Bongo devant toute la bourgeoisie politico bureaucratique nationale composée en majorité des francs-maçons et rosicruciens dont certains, sans relief, sans connaissances ni éthique, se font passer pour des « super cadres », de « super intellectuels », de « super technocrates » qui détiennent haute fonction, patrimoine et fortune, non point par faveur amicale ou par solidarité fraternelles, mais par leur mérite. 

La formulation, le contenu, l’occasion et le lieu où ces dernières paroles ont été prononcées leur donnent une dimension et une portée qui sont cachées dans le style du Maitre. 

Leur examen thématique révèle un manque de patriotisme, d’amour et de prise de responsabilité de la part d’un homme qui sait qu’il va partir et qu’il n’a pas mis de l’ordre dans ses bagages : sa succession politique. 

L’a-t-il fait pour sa succession familiale ? 

Ce jour-là, de façon inattendue, parce qu’inhabituelle, Omar s’était présenté dans toute sa vérité. 

L’évènement était à la fois mémorable, pathétique et renversant. 

Etait-ce de la confession, de la malédiction, des conseils ou des avertissements à ceux qui s’activaient à diriger le Gabon après lui et qu’il connaissait déjà ? 

Ce jour-là, Omar Bongo Ondimba , relâché et livide, avait dit d’une voix rauque, peu audible et calme : 

« J’ai pour habitude de dire : gabonais nous sommes, gabonais nous resterons. Pensons à notre pays, pensons à notre jeunesse. Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire. Il nous observe, il dit amusez-vous, mais le jour où il voudra aussi nous sanctionner il le fera. Que Dieu protège le Gabon. Je vous dis merci »

Salve d’applaudissements du servile troupeau. 

Cette importante déclaration d’un grand initié, chef de famille et chef de l’Etat, mondialement connu, est très riche d’enseignements. Au-delà de l’intonation de voix, examinons très sommairement l’énoncé et le contenu de ces paroles à travers les personnes, les temps et les verbes conjugués, le vocabulaire et la construction du texte etc 

Les temps utilisés sont : 

- le Passé ("a donné"), le Présent ("nous sommes"), le Futur ("nous resterons, il voudra, il le fera")- Les personnes sont : Je (première personne singulier : OBO), Il (troisième personne singulier : Dieu), Nous (première personne pluriel : OBO et le peuple).

Les verbes : Etre, Avoir, Dire, Faire, Donner, Rester, Penser, Observer, s’Amuser, Vouloir, Sanctionner, Protéger.

Les formes : Négative ("ne nous a pas donné"); Impérative ("pensons à" ; "amusez-vous") ; Affirmative ("j’ai pour" ; "Il le fera").  

Au fond, le Testateur commence par s’engager en se désignant ("j’ai"). 

Puis, il implique tout le pays, tout le peuple ("nous", "notre"). 

Il engage un tiers : Dieu ("Il"), qu’il fait parler ("il dit amusez-vous"). Il prophétise sur ce qui pourrait arriver en mal ("le jour où il voudra nous sanctionner..."). 

Omar termine par une prière ("Dieu protège le Gabon") pour finalement dire : amen ("je vous dis merci"). 

Dans cette fresque, OBO parle indiscutablement de lui, de son œuvre et de sa succession en mettant en scène trois entités qui sont : Dieu, le peuple gabonais, et lui-même. 

A qui Dieu a-t-il donné le Gabon ? A OBO pour 42 ans. 

Qui a confié le Gabon à OBO ? C’est Léon Mba. 

Qu’en a-t-il fait ? Ce qu’il est actuellement, un « lieu d’amusement ». 

Quelle est la sanction suprême de Dieu ? La mort. 

Qui était plus grand que Bongo au Gabon ? Dieu, qui seul peut protéger le Gabon. 

Conclusion : la déclaration du Président était un message très codé, une confession et un aveu d’échec pour son œuvre, une demande de pardon et surtout, un avertissement à ses successeurs qui ont la mission de faire du Gabon un pays développé pour le bonheur de notre peuple. 

Après décodage, voici l’une des versions qu’on peut en tirer : 

«Je dois vous dire aujourd’hui que gabonais je suis devenu, gabonais je suis resté. Pensez à votre pays et pensez à sa jeunesse. Dieu ne m’a pas donné le droit de faire du Gabon ce que j’en ai fait. Il m’a observé, il me dit tu t’es amusé, le jour de la sanction est proche. Faites tous attention, il sévira bientôt. Que Dieu protège le Gabon. Moi j’en ai terminé. Je vous dis merci »

A méditer...


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire