29 oct. 2013

POLITIQUE NATIONALE DES LOGEMENTS SOCIAUX...COMMENT ?

L’évocation des expressions : politique sociale, logement social, plan social, crédit social, assistance sociale, sécurité sociale, le Social… ramène à un sympathique sentiment à l’égard des nombreux citoyens qui ont des besoins sans pour autant disposer de moyens suffisants pour les satisfaire. 

Les différentes catégories de personnes qui composent la société sont placées dans des conditions si contradictoires, au point que les unes, la multitude,  expriment des besoins basiques, tandis que les autres, l’infime minorité, peuvent subvenir à la totalité de leurs besoins en conservant un surplus d’argent inutilisé dont ils ne savent même pas quoi en faire. Cette logique qui est propre aux sociétés  capitalistiques et à leur système économique marchand s’est généralisé ; particulièrement depuis le recul du modèle socialiste (suite à la maladroite pérestroïka initiée par M. Gorbatchev  « qui a mis  fin » de la guerre froide) dont se réclamaient l’URSS, la Chine, l’Albanie, Cuba et d’autres régions du monde, en formant le groupe communiste.  

La question sociale, qui se résume à la recherche des solutions à l’ensemble des difficultés de vie des populations les plus vulnérables d’un pays, a toujours été au cœur de l’action publique des gouvernants, en tant qu’elle touche un grand nombre de familles. 

En Afrique et dans le reste du monde, nombreux besoins sont récurrents et font l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics. Au nombre de ces besoins se trouvent : la santé, l’éducation, l’emploi et le logement qui, avant les besoins en infrastructures, en loisirs et divertissements se rapportent directement à l’intégrité physique et moral, et à la dignité de l’homme. 

Pour cela, un Etat ne doit pas donner l’impression de privilégier les activités festives et jouissives dont les coûts représentent des montants réputés faramineux.  

Au Gabon, le Gouvernement en charge de la mise en œuvre de la politique du Chef de l’Etat a entrepris de traiter graduellement la question du logement, en particulier du logement social. Cette orientation politique officielle qui est ancienne, n’a jamais donné que des résultats mitigés. 

Depuis 1949, la politique étatique du logement en faveur des moins nantis a été conduite par 4 principales sociétés : 

  • la Société Immobilière de l’Afrique Equatoriale Française (SIAEF en 1949), 
  • la Société Immobilière du Gabon (SIG de 1960) devenue Société Gabonaise d’Aménagement et d’Equipement Immobilier (SGAEI), 
  • la Société Nationale Immobilière (SNI en 1971) dont les activités,  pour l’essentiel, n’ont abouti qu’à la formation de nouveaux millionnaires par les détournements des fonds mobilisés. 

Parmi les réalisations depuis 1949 se trouvent les lotissements construits à Jeanne et Blanche (quartier Louis en 1949-1950), la Cité des cadres et Camp de police de Port-Gentil (1951-1952), Akébé-Peyrie (1953-1962), Likouala Moussaka (1963-1972), Gamba (1971-1984), Nomba domaine (1974-1984) et plus récemment, Owendo, Angondjé etc. 

Comme dans la majeure partie des pays du monde, aucun projet ne se fait au Gabon sans que des commissions ne soient versées à leurs gestionnaires. 

Les cités construites par ces sociétés immobilières ressemblaient davantage aux « cages à lapins » qu’à des maisons d’habitation pour l’homme : point de court et de jardin, matériaux primaires à l’instar de Likouala Moussaka et de la SNI Owendo et ailleurs, plans et configurations inadaptés aux mœurs locales. 

L’on a sorti les habitations populaires des bidonvilles pour les reconstituer améliorées en cités dortoirs. Les gabonais ne sont pas habitués aux maisons à niveaux ; ils se sentent bien sur la terre ferme. Les maisons destinées aux personnes à faible revenu doivent être simples, fonctionnelles et « posées sur le sol ». 

Nous avons connaissance de ménagères qui possédaient un lopin de terre, qui y ont construit une maison de 3 à 4 chambres comprenant séjour, salle de repas, douche, WC et  cuisine intérieure avec un salaire mensuel de 90.000 FCFA. 

Les experts des sociétés de promotion immobilière et  les dirigeants de l’Etat n’ont jamais intégré cette réalité dans leur politique de « logements sociaux ». Le gabonais originaire d’une province de l’intérieur du pays, à revenu modeste, qui veut bâtir un logement dans la capitale rencontre un problème fondamental : celui d’acquérir un terrain pour construire sa demeure. 

La politique de l’habitat social concerne en priorité les bas salaires. Elle doit consister à octroyer aux nécessiteux une parcelle de terrain : condition sine qua non pour eux, d’accéder à un logement. 

Aussi, plutôt que de proposer aux citoyens des logements préfabriqués de 20 à 25 millions voire plus, l’Etat devrait chercher à ouvrir de grandes étendues de terrains de plusieurs milliers de parcelles, destinées à la vente à des  conditions adaptées aux personnes cibles de la politique de logement social. 

Chacun devrait alors bâtir sa maison en fonction de ses desiderata en respectant les spécifications que les experts de l’urbanisme auront au préalable défini ; en particulier le positionnement et les caractéristiques communes aux constructions. 

C’est de cette façon que l’on sortira la politique officielle de logement social des « quartiers populeux sous-intégrés » pour la positionner dans le cadre des « Quartiers Résidentiels Populaires Gabonais : QRPG) à créer. Il y a assez de place aux alentours de Libreville, du Cap, d’Essassa et de Ntoum pour une telle stratégie d’accès au logement peu coûteux au moment où par enchantement, les axes routiers Libreville-Kango et Libreville-cap Estérias sont en amélioration continue. 

Concomitamment, en partant de la connaissance des demandes en logements et leur prévision d’évolution, l’Etat pourrait créer une société d’économie mixte (SEM) de commercialisation des matériaux de construction. Pour sa faisabilité, l’agencement des phases d’actions de notre réflexion-suggestion seraient : 


1 - Déterminer le potentiel de demandes de terrains et de logements exprimées par les catégories de salariés ou de personnes ayant des revenus qualifiés de « modestes » et reconnues comme tel, et en prévoir la progression ; 

2 - Repérer et fixer les zones et les superficies à mettre en valeur pour la création progressive des parcelles ; 

3 - Dresser un plan de masse comportant le positionnement des bâtiments, des voiries et de toutes les entités commerciales, sportives et de loisirs collectifs ; 

4 - Fixer la dimension normative de la parcelle entre 2.025 et 2.500 m2 ; 

5 - Créer une grande société de BTP qui ferait, en tant que de besoin, appel aux sous-traitants et qui exercerait les activités de déforestage, d’assainissement, de remblai et déblai, de fabrication de matériaux de construction, placée sous la tutelle technique du Ministère de l’habitat et de partenaires privés ; 

6 - Acquérir les matériels et équipements appropriés de génie civil ; 

7 - Lancer les chantiers et fixer la durée indicative des travaux et la  période d’achèvement ; 

8 - Créer un comité indépendant de réception et d’examen des dossiers de demande et de vente des parcelles ; 

9 - Définir et publier les conditions et les critères stricts d’accès aux terrains ; avec pour priorité, l’engagement d’investir dans la construction d’une clôture ; de faire de la maison son habitation principale pendant au moins 5 ans, de ne pas la mettre en location durant cette période et de ne la vendre qu’après un délai prédéterminé avec l’accord du Comité.

Cette réflexion-proposition, qui émane d’un simple observateur, et point d’un expert en génie civil, fait suite à une visite effectuée aux chantiers en cours pour la construction des logements qualifiés de sociaux à Angondjè et dont la laideur n’a d’égal que la connaissance des us, coutumes et modèles d’habitation des gabonais. 

L’exemple des maisons à deux niveaux de Batavéa et Likouala Moussaka a montré que ce style de logement ne convenait nullement aux familles gabonaises. 

Mais voilà que l’on reprend à plusieurs années d’intervalle, ce modèle avec des matériaux préfabriqués qui ne sont pas adaptés à un pays ensoleillé, chaud et humide comme le Gabon. 

De plus, comme au temps de la SGAEI et de la SNI, les bâtisses sont si rapprochées qu’à des occasions et à des situations spéciales ou particulières, on entendrait le voisin ou la voisine rire, pleurer, crier ou gémir… 

Les cités d’Angondjè ne peuvent intéresser que les personnes qui sont dans l’extrême urgence et ayant un besoin immédiat de foyer. 

Il est inhumain et indécent de proposer ce genre de logis, aux familles qui ont des enfants en bas âge, pour habitation et pour la vie dans un pays où il y a de grands espaces libres. 

La rentabilité d’une politique d’habitat social ne se trouve pas au plan commercial, mais bien au plan sociopolitique. Pour cela, l’Etat devrait se détourner de toute considération mercantile et ne privilégier que la satisfaction des intérêts de ses habitants. Seul l’intéressement  des agents privés doit faire l’objet de recherche de profit pour leur rémunération qui doit être en partie assurée par le projet. 

Répétons que la « politique de logement social », repose sur la justice et la transparence et commence par la disponibilité permanente des parcelles à bas prix destinées aux catégories visées. Les acquéreurs des lotissements seront responsables de la confection du plan, de la mobilisation du financement et du rythme des travaux de construction de leur maison. 

La création de nouveaux types de quartiers populaires pourrait constituer, pour la politique d’émergence d’Ali Bongo, un choix, une décision et un acte décisifs et démonstratifs d’une volonté pour apporter une solution durable à un problème social structurel du pays. 

La mise en œuvre de cette importante politique dans les principaux centres urbains, en particulier à Libreville, serait très mobilisatrice et pourrait réactiver l’attention et la confiance des catégories concernées et atténuer les doutes que certains manifestent à l’égard de la politique sociale officielle émergente préconisée par son initiateur.  





1 commentaire:

  1. Vous avez oublié un petit détail c'est qu'Ali Bongo a d'autres priorités ( le Foot, ou les miss Gabon, se faire une place dans les grands de ce monde ...), mais certainement pas le logement.
    IL en construira 5000 juste avant la présidentielle, pour l'instant ce qui compte c'est de se faire des alliés qui lui permettront de s'imposer en 2017, actuellement il travaille sur les socialistes qui ne l' aime pas trop .
    Pour le peuple il y aura du pain et des jeux en 2017.

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