La Pâque est un évènement majeur pour les chrétiens. Elle contient une dose
d’émotion et de spiritualité indéniable. Le souvenir ou la pensée du Christ
éventré pousse à la compassion, la tristesse.
Combien de fois la lecture du passage des évangiles, qui rapportent l’acheminement
du Jésus vers la croix, a fait verser des larmes aux cœurs purs… La Pâque est
le moment qui concentre la mission terrestre de Jésus, cet envoyé dont l’action
a été inachevé et qui devait se poursuivre sans lui, mais avec un autre envoyé
sans nom qualifié d’esprit Saint.
Jésus a permis à toutes les familles, à tous les vivants d’accéder à
l’esprit saint qui « fait de nous une éternelle offrande à la gloire de
Dieu ». La Pâque est la distribution de l’esprit saint au toute
l’humanité.
A son origine, dans sa présentation biblique publique, la Pâque est un
festin qu’un le peuple se libérant de l’esclavage organisa au sortir de la
servitude en Egypte. A cette occasion, on immola une bête, sans taches, belle
et bien portant ; un agneau, pour agrémenter le divin repas.
Cet évènement festif réunissait le peuple chrétien juif, considéré comme peuple
élu de Dieu.
Très tard après, le repas pascal christique a donné à la Pâque une
solennité et une dimension mystico- spirituelle désormais inégalables. En prévision
de sa mort, Christ a réuni ses 12 fidèles apôtres autour d’une agape spéciale
au cours de laquelle il a dévoilé quelques mystères qui relevaient de sa
mission divine, de son devoir d’enseigner et d’instruire les hommes sur la
puissance et la volonté de Dieu ; des qualités et des propriétés
particulières du pain-chair et du vin-sang…
Aujourd’hui, on a tendance à oublier que la pâque c’est d’abord ce
merveilleux repas secret, bien garni et bien arrosé, au contenu
esthétique et spirituel marqué, pris par 13 gaillards barbus dont 12
étaient anxieux, interrogatifs, dubitatifs et craintifs à la
perspective de la dislocation du groupe après la mort annoncée par leur Maître,
par lui-même.
Ce repas auquel tous les vrais initiés d’aujourd’hui auraient aimé prendre
part et qui les met en appétit chaque fois qu’ils en lisent le récit et le
vivent en imagination, s’est prolongé par la crucifixion au Golgotha de Christ
Jésus, transformé en agneau.
Si l’animal destiné aux succulents mets de tout le peuple était égorgé puis
dépecé au préalable par des spécialistes, en revanche, Christ-agneau a d’abord
été mangé par un petit groupe d’intimes, ses fidèles amis pour
ensuite devenir la gloire de la multitude. L’agape christique semble avoir été
marquée par le recueillement, la prière et les ultimes révélations du Seigneur
entourés des disciples désemparés, dont le plus décrié, Judas Iscariote, doté
d’une audace et d’une intelligence hors pair ; Thomas et Pierre dont les
rôles et les comportements respectifs étaient définis d’avance.
Ironie du sort ou prédestiné, à deux reprises avant sa
mort, Jésus sera en compagnie des gens perfides et impies. D’abord
au cours de la sainte scène dans la chambre haute, puis là-haut, au lieu du
crâne.
En effet, après avoir bien mangé et bien bu en compagnie de
« faux amis », le Christ va se retrouver sur la croix en compagnie
des vrais voyous, dont l’un le prendra à partie en l’invectivant. Trahi et
renié par des proches qui ont mangé et bu avec lui à sa table et après qu’il
leur ait dévoilé certains mystères, Christ sera ensuite injurié par un inconnu,
compagnon condamné à mort en sa compagnie, qui lui demandait de faire la
démonstration de son pouvoir divin.
De part et d’autre, le Christ est resté incompris, même de ceux qui avaient
eu le privilège d’accéder à sa magie. La pâque est aussi un évènement de deuil
fait pour la méditation, la réflexion, les pleurs pour mieux s’interroger
sur la nature humaine, sa foi et sa relation d’avec l’au-delà. C’est à la pâque
que chacun doit rechercher et trouver « le royaume de Dieu au fonds de
lui ». La magie christique, quoique édulcorée, est traduite
dans les évangiles en langage simpliste.
La raison de l’abaissement de l’œuvre mystico-divine de Christ a pour
cause la superstition et de l’idolâtrie. Il faut aller au-delà de la
description biblique pour ouvrir le cœur à la raison, à l’esprit, à la poésie.
La religion, dit R.DENIS, a dénaturé les belles et pures doctrines de
l’Evangile par ses conceptions de péché originel, de salut par la grâce, d’enfer
et de rédemption… La religion a prêté à l’Etre suprême toutes nos faiblesses.
Elle en a fait un bourreau spirituel qui voue aux derniers supplices les Etres
débiles, ouvrages de ses mains. Les hommes créés libres pour leur bonheur,
succombent en foule aux tentations du mal et vont peupler les enfers. Ainsi son
impuissance égale son imprévoyance, et Satan est plus habile que Dieu ».
Malgré des limites, la Pâque est le couronnement de trois vérités
éternelles : la complexité de l’unité de Dieu, l’insaisissabilité de
l’immortalité de l’Ame et la difficile fraternité humaine. En cette période de
deuil, Les chrétiens retrouvent la joie en se référant à la promesse de la vie
éternelle qui découle de la mort de Jésus qui, après avoir tout
accompli a remis son esprit à Dieu. Bon repas, bonne fête de
pâque.
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