A tous les patriotes et nationalistes africains et gabonais, à tous
les hommes dignes, fiers et sages qui s’intéressent à l’évolution de
l’humanité et à celle des peuples historiquement déshonorés et brutalisés
qui sont en quête de leur dignité dans une mondialisation des intérêts, des
cultures, des destins solidement imbriqués.
Une chose est de prendre le pouvoir du pays par la volonté du peuple, une
autre est de le gérer au profit du peuple.
En Afrique noir francophone, l’accession au pouvoir de n’importe quel
candidat se réclamant d’une étiquette libérale ou rarement socialiste est
toujours dominée par le rôle des centres de pouvoirs étrangers qui
sont, soit des Etats, soit des organisations internationales.
Ce phénomène s’est accentué ces dernières années dans l’espace subsaharien
francophone par le fort impact négatif de la mondialisation sur les
mauvaises performances économiques et financières des Etats
occidentaux européens, en particulier de la France qui connait depuis plusieurs
années des crises sociales marquées par des situations de tensions collectives
et individuelles dans lesquelles, de très hauts responsables politiques sont
impliqués : licenciements, grèves, assassinats, sexes, escroqueries et
mises en examen, corruption etc.
La crainte de perdre les zones d’influence traditionnelles, qui sont un
maillon de leurs ressources économiques a également joué un rôle déterminant
dans l’interventionnisme politique anti démocratique et anti populaire éhonté
des puissances occidentales dans une Afrique qui est engagée dans un pénible
processus de démocratisation.
La pénétration de la Chine et son enracinement dans les pays noirs est une
préoccupation supplémentaire des pays « civilisés » qui s’évertuent à
installer à la direction des Etats « nègres » des individus jugés
dévoués, fidèles, supposés ou disposés à servir servilement leurs intérêts.
Cette vision et cette considération des choses ont provoqué et créé des
situations anti occident et anti français dans nombreux pays noirs ; elles
ont indisposé certains francophiles qui ont toujours parlé, écrit, pensé et cru
aux droits de l’homme, à la liberté, à la justice et qui ont adhéré aux nobles
valeurs dont la France se veut l’incarnation depuis des siècles.
Une large part des populations des pays francophones ne comprennent plus la
nécessité d’une coopération privilégiée avec la France : au Togo, au
Benin, au Burkina Faso, au Cameroun, au Congo, au Gabon, un peu moins au
Sénégal et en RDC… les africains sont demeurés ébahis face à la dégradation de
des relations qui existent entre leur pays et les pays supposés les accompagner
dans leur développement économique et
leur démocratisation politique.
Certes, tout noir digne a toujours été considéré comme un ennemi par
les dirigeants des pays colonisateurs, la confirmation se trouve
dans les témoignages et les aveux des mercenaires qui affirment avoir tué
Lumumba, Ouandié, Osende Afana, Um Nyobé, Ndo Edou, Moulélé, Sankara…d’autres
ont été emprisonnés pour avoir réclamé ou s’être exprimer librement.
L’interventionnisme des forces étrangères dans nos affaires intérieures est
ancien. La forme la plus grossière et la plus brutale de cet interventionnisme
a été portée au paroxysme lors de la préparation, du déroulement et de la
proclamation de l’élection présidentielle de la Côte d’Ivoire où un
machiavélique plan concocté par la France de droite et ses partenaires
internationaux se sont substitués au peuple ivoirien pour « élire »
ouvertement un chef d’Etat, en flagrante violation des principes élémentaires
du droit international.
Les africains ne refusent nullement les appuis et les aides des pays amis,
de la France, en cas d’impérieuse nécessité. Ils demandent que cette
aide traduise et tienne compte des valeurs que la France a intégré
depuis la coloniale dans le processus d’assimilation qu’elle a
pratiqué dans ses anciennes colonies; en particulier le respect mutuel des
peuples souverains. Aucun peuple ne peut comprendre que des amis lui refusent
ce qu’ils ont bâti ensemble. Les ingérences de la France, aux périodes des
crises électorales surtout présidentielles, et autres coups d’Etat en Afrique
sont riches d’enseignements.
Pour les élections, les plans pour la prise du pouvoir d’Etat
sont souvent concoctés en secret (de polichinelle) entre un
individu-candidat qui associe son « petit groupe de fidèles » avec le
soutien du pouvoir étranger.
Depuis près de 50 ans, ce schéma a permis les successions « normales
souples » de types monarchiques dans plusieurs Etats noirs où le pouvoir
s’est retrouvé entre les mains des personnes sans relief. Quant aux
crises liées aux coups de forces armées, la France est souvent intervenu dans
deux cas , soit que l’initiative émane des militaires du pays et lui
échappe comme en 1964 au Gabon, soit que l’initiative est d’origine étrangère
en complicité avec les militaires locaux.
Dans le second cas, l’intervention pourrait se justifier pour des raisons
humanitaires et d’intérêts. En effet, l’attaque d’une armée étrangère plus
structurée que l’armée du pays cause souvent plusieurs morts parmi
les civils, d’autre part, la France a le droit, dans ce cas, de
défendre ses intérêts qui sont intimement liés à ceux du pays en crise.
Tout pouvoir établi n’est facilement ébranlé par les populations civiles,
les rebelles ou les gens armés que s’il est établi sur les bases
illégitimes : fragiles, anti démocratiques et anti populaires. A
contrario, un pouvoir élu démocratiquement et dans la transparence
bénéficierait du soutien populaire. Une attaque contre lui provoquerait le
courroux des populations qui l’ont mis en place.
Le cas de la Centrafrique de François Bozizé est encore d’actualité.
Les personnes converties en chef d’Etat par la force, la ruse et le
soutien de l’étranger qui sont incapables de mettre en œuvre une politique de
rassemblement et de justice sociale sont condamnées, tôt ou tard, à affronter
leur peuple. Les incompréhensions et les divergences de vues et de conceptions
qui existent entre la France, le reste des pays occidentaux et les élites
noires francophones, c’est-à-dire les citoyens qui sont susceptibles de diriger
les pays noirs, en se référant aux mêmes critères qu’eux, sont au cœur des maux
de nos pays.
Comment des partenaires qui veulent le bien-être des « peuples
amis » peuvent-ils favoriser l’accession au pouvoir des analphabètes qui
viendraient apprendre à gérer un Etat plutôt, qu’un citoyen expérimenté et
qualifié pour une telle mission.
L’Afrique est parmi les continents où des soldats, les anciens rebelles,
les derniers de la classe et les gens de peu de valeur sans expérience, se
retrouvent dirigeants de peuples. Les exigences dues aux mécanismes de gestion
et les obligations des Etats au niveau international, sous le dictat
de la mondialisation imposent aux peuples de se donner des chefs dignes,
compétents, qualifiés, légitimes et respectueux des engagements et des accords
passés.
L’Afrique n’a pas de raison d’avoir honte de son immobilisme parce que
celui-ci a un ou des co-responsables extérieurs dont l’apport dans les pays est
tantôt placé sous le signe de l’aide, tantôt pour contrarier les processus
proclamés porteurs d’amélioration : gouvernance, démocratie, transparence,
justice, souveraineté… qui ne sont que de fallacieux subterfuges destinés à
asservir les autres parties de l’humanité.
Il y a aujourd’hui en Afrique, des personnalités capables d’affronter les
obstacles et les entraves au progrès des peuples ; capables de
positionner valablement les Etats sur la scène internationale, capables d’une coopération, de partenariats
équitables et durables, capables de servir leur peuple dans le respect et la
réalisation de leurs aspirations.
Une seule chose manque à tout cela : l’existence, l’application juste,
et le respect des conditions qui permettent l’accession de cette catégorie
d’africains à la plus haute responsabilité de l’Etat, à la fonction la plus
importante et la plus exigeante du pays : la fonction de Président de la
République qui a été dévoyée et rabaissée par une pratique des viles amitiés,
des relations occultes et pernicieuses qui ont pris le pas sur des relations à
base du droit international entre les Etats.
Le plaidoyer pour des élections transparentes n’est pas un fait de mode, il
relève de la justice, de la raison, de la morale, de la liberté. Il comporte
plusieurs facettes qui sont entre autres : le respect de la volonté et du
choix des populations, l’indispensable légitimité du Pouvoir, de l’Etat de
droit et de ses institutions ; la reconnaissance du droit international et
sa pratique, dont certaines décisions de l’ONU, de l’Union Africaine (UA) et
les activités de la Cour Pénale Internationale (CPI) démontrent la partialité
et le discrédite, le respect et l’affirmation de l’amitié franco-africaine, la
défense et la valorisation des valeurs de la francophonie…
La transparence électorale n’est pas une revendication spécifique aux Etats
africains. Elle est de nature à assurer la continuité rationnelle de
l’organisation des institutions publiques et à garantir la pérennité de la paix
sociale et partant du monde. Sans l’existence des modalités légales,
claires, et justes d’accession, d’exercice, de transmission du pouvoir
suprême ; aucune tranquillité n’est possible sur le long terme, dans les
Etats africains. Et, la France et la « communauté
internationales » dépenseront toujours beaucoup d’argent, feront tuer
leurs citoyens et ceux des autres pays, détruiront les infrastructures et
retarderont le progrès des autres parties du monde. La Paix et le progrès
universels proclamés se transformeront en leur contraire et les
mêmes causes auront les mêmes conséquences désastreuses.
Dans quelques mois, le Gabon va connaitre une « élection
mineure », les locales. Depuis 4 ans (2009-20013), le Gabon ainsi connu 3
élections ; dont une présidentielle et des législatives qui ont toutes été
marquées par des conflits ante et post électoraux ; au sein du PDG, le
plus grand parti du pays, et entre le PDG et les autres partis et personnalités
politiques.
Le contexte politique actuel est caractérisé par une lancinante crise
sociale larvée, provoquée par ces scrutins, qui n’éclate pas parce
que l’Opposition divisée et sans stratégie est affaiblie ; et parce que la
Majorité au pouvoir réussit encore à maintenir une solidarité de façade, artificielle
et inopérante.
La prise du pouvoir à la suite d’une élection présidentielle est un acte
hautement important qui place un homme face à plusieurs autres. Le pouvoir
dévoile la nature et la qualité des hommes qui conduisent le destin
du peuple. Si les projets de société et autres programmes sont vantés lors des
campagnes, leur portée pratique peut s’avérer nulle et être contrariée par la
réalité ; c’est le cas actuellement en France où la Gauche socialiste au
pouvoir a d’énormes peines à réajuster la vie sociale, du fait d’un lourd et
négatif héritage de la Droite, constitué depuis plusieurs années.
A ce titre, et à celui-là uniquement, la situation du Gabon émergent, qui a
hérité d’une lamentable gouvernance de près d’un demi-siècle de l’après Omar y
ressemble, malgré des annonces gouvernementales teintées de quelques bribes
d’espoirs…
L’Afrique souffre, depuis des siècles, d’un immobilisme généralisé,
provoqué par la ruée vers ses richesses. Cet immobilisme est la source de nos
maux. A cause de nos faiblesses, de notre manque d’audace, de
discernement et de nos ridicules divisions internes, les puissances étrangères
continueront à spolier notre continent avec la complicité de certains de nos
frères qui, pour des intérêts égoïstes pactisent avec l’étranger pour arriver
au sommet de l’Etat, non pas pour servir les populations, mais pour leur gloire
leurs intérêts personnels.
Il est temps d’initier une révision, sans brutalités, des mauvais accords
bilatéraux qui nous lient aux pays étrangers partenaires. Les relations entre
les pays du monde sont placées sous la logique du rapport des forces ; et
l’Afrique est la grande perdante. Cela ne devrait pas empêcher nos Chefs de
faire preuve de clairvoyance et de proposer des améliorations pour un meilleur
partage des valeurs et des biens de l’humanité.
Si le Gabon peut mettre à la disposition de la planète des parties de son
territoire, en guise de participation à la préservation de l’équilibre de
l’écosystème mondial, il doit aussi pouvoir prétendre occuper une bonne place
dans le concert des nations, qui partirait d’une dynamique et astucieuse
réforme relative aux modalités d’accès, d’exercice et de succession du pouvoir
d’Etat ; réforme constitutive d’un indispensable préalable commun à tous
les Etats noirs et autres assimilés qui se trouvent en situation de déficit ou
de crise démocratique.
La mondialisation et les effets pervers et déstabilisateurs qu’elle
trimbale et provoque sur les pays développés devraient pousser à
l’harmonisation généralisée des normes et des saines pratiques démocratiques à
travers le monde.
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