Si la fortune sourit aux audacieux, on est alors tenté de croire que
l’audace est abondamment répandue dans le monde. Mais, le monde est
si fermement placé sous l’emprise du mal, que l’on perdrait sa foi, en
observant les agissements des individus qui se réclament faussement
de la vertu, du patriotisme voire de la probité morale. C’est un mal très grand
de se faire passer pour ce que l’on n’est pas, de penser que ce que l’on fait
est toujours juste, bien ou correct.
La loi de l’unité des contraires nous indique qu’une chose, ou un évènement
peut être porteur d’éléments opposés, divergents et contradictoires ; sans
pour autant qu’une chose ait une nature double, après que les contraires aient
été mis en lumière.
Le patriotisme est l’une des valeurs qui démontre la grandeur des personnes
qui en sont les adeptes, les pratiquent et les vivent. Il est totalement
impossible d’aimer son pays, sans aimer les autres. Les deux amours forment un
seul amour, quand l’Etre qui s’en réclame est sincère, intelligent et
sage. L’âge que le temps confère à l’homme, nous enseigne qu’il y a
un temps pour chaque chose : un temps pour être jeune, beau, fort et
téméraire, et un temps pour vieillir et être sage, poète, prophète, faiblir et
gémir.
Au crépuscule d’une vie, tout homme se souvient et fait le bilan instantané
des actes de celle-ci. Tous les grands esprits passent par ces
chemins aux itinéraires ressemblants, marqués par des sentiments variés, faits
de regrets, de modestie, de gloire, d’envie ou de mépris, de joies et de
peines, de spectacles et de faits sociaux divers, amour du prochain : hommes, femmes,
parents, amis, enfants, petits-enfants, de la nature et de Dieu et dédaigneux des
nombreux apparats de la vie : argent, honneurs, pouvoir et autres attraits
subalternes et fallacieux qui font croire aux vivants que tout mal, ou toute
mauvaise œuvre sont possibles et pardonnés ; parce leurs auteurs sont des créatures
à l’image de Dieu. Tout comme l’homme qui passe de l’enfance fragile à l’adulte
robuste pour se retrouver dans la délicate vieillesse, tout évolue de
l’inférieur au supérieur pour mieux préparer la fatale chute.
La philosophie, et la poésie encore plus, ne sont que des parts
de la divinité. Conçues et enfantées par la réflexion et la méditation, elles
naissent par la parole et grandissent grâce à l’éloquence traductrice de la
parole divine. Quelles valeurs ont le soleil, la lune, les étoiles, les ténèbres,
la lumière, le sol, les eaux, les animaux, les oiseaux, les plantes, les
poissons… sinon une valeur divine complétée ou concrétisée par une valeur
sociale et naturelle pour la gouverne de l’homme.
Tous les éléments de la création ont une valeur propre par elle-même, mais aussi et surtout une valeur en
rapport avec l’homme pour ses besoins vitaux.
L’homme qui magnifie les éléments de la création par la parole poétique
reconnait objectivement l’existence de Dieu. Cet aveu se trouve dans ses joies,
ses succès, son bonheur, ses cris, ses pleurs, ses plaintes… Tout est propriété
de la divinité qui les manifestent, qui les révèlent, les cachent ou les fait
disparaitre.
Peu de choses appartiennent à l’homme, excepté tout ce qu’il porte, et qui
ne peut se détacher de lui. Les parties externes et internes de son corps
physique et astral que certains extériorisent par l’éloquence, l’intelligence,
l’habileté, la virtuosité, la poésie, le génie, le talent, le patriotisme…. Ou
par la méchanceté, l’orgueil, la jalousie, la violence, la cupidité, la bêtise,
le vol… Puisqu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, à contrario, il
faut admettre que tout homme est imparfait.
De génération en génération, le temps colporte tout en guise de
bagages : les nobles et les viles œuvres et personne ne sait à quelle
destination il les dépose après nous.
La poésie et les écrits mystico-sacrés et de vérité sont ces appendices du
temps qui rappellent aux générations d’après, les générations qui les ont
précédées. On trouve dans les Ecritures et la Poésie, à toutes les époques,
deux entités divines qui ont profondément inspiré et émerveillé les âmes
sensibles, ce sont la Nature et l’Homme.
La Nature fascine les Etres qui s’en approchent par
la passion, la géniale sublimité de la pratique de la science. Au contact de la
nature, nombreux scientifiques, par leurs recherches, ont acquis d’énormes
connaissances qui leur ont permis de tisser des relations étroites et intimes
avec les plantes, les herbes, les feuilles, les racines, les écorces, l’eau, le
feu, le ciel, la terre etc. Cette connaissance aboutit à découvrir et à
reconnaitre que Dieu y est présent.
Tout scientifique, grand, honnête et digne arrive à cette conclusion. En
retour il peut recevoir de Dieu, par la grâce, une saine assistance spirituelle
dans la conduite de son œuvre.
Un érudit français disait que : « nous avons tous un génie
tutélaire qui nous inspire aux heures difficiles et nous dirige vers le droit
sentier. De là, la poétique légende chrétienne de l’ange gardien ».
Christ en est la parfaite illustration. Sa connaissance et sa maitrise des
éléments de la création ont introduit en lui un puissant esprit ayant le
pouvoir et la faculté de poser, sans efforts, des actes par sa seule parole
devenue force transformatrice de la réalité. Parole de vérité et volonté de
Dieu. Ainsi, il pouvait transformer l’eau en vin sans pour autant être
vigneron, obtenir et offrir du pain sans être boulanger, obtenir et offrir du
poisson sans pour cela avoir été à la pêche, soigner les hémorragies, les
paralytiques, les aveugles sans avoir être médecin, marcher sur les eaux sans
planche, ressusciter les morts sans les avoir tués.
Christ était capable de réaliser tous ces miracles parce qu’il avait réussi
à loger la divinité en lui, et à se convaincre de la présence de Dieu dans tout
ce qui l’environnait et au contact duquel il se trouvait, tout en sachant, par avance, que son séjour
terrestre sera de courte durée : il était seigneur.
Les initiés, les vrais, les grands qui ont entrevu le mystère de la
création savent que tous bruissements ou émissions sonores provenant d’un
homme, d’un animal, d’un oiseau, d’un insecte, d’une chose: verre, assiette,
fourchette, cuillère, clef… d’un instrument de musique : guitare, cithare,
batterie, flute, piano, harmonium, clairon, hautbois, trompette, balafon,
tambour, harpe etc… Toute sonorité émise par l’une de ces créatures de Dieu, ou
par les entités fabriquées par l’homme, expriment et véhiculent un message. Le
bruit des gouttes d’eau de pluie sur le toit, sur le sol… sur une surface
quelconque, le cri ou le chant harmonieux de l’oiseau (alouette, rossignol et
autres), le grondement du tonnerre, les balbutiements du muet etc… : « Tout
ce qui émet un son parle et porte sa raison ».
L’autre créature qui invite à la poésie est l’Homme. Particulièrement
la femme, réputée symbole du charme et de la douce que Dieu a créé pour le
bonheur de l’homme. Quand une âme sensible a perçu le divin dans les autres
créatures, elle entreprend de les magnifier par la prose, le verbe, la
tendresse, la poésie ou par l’art et la médecine qui sont les autant de
relais entre certains hommes et Dieu. Au centre de toutes ces œuvres trône le
Temps qui leur donne un caractère onirique. Toutes les grandes œuvres ont une
portée poétique inaltérable qui les incorpore au temps, pour leur faire
parcourir les générations. Héritages transmis d’une génération à l’autre, les
œuvres humaines tombent, par périodes, dans l’oubli par la faute de ceux-là
même qui en sont les destinataires et les bénéficiaires. Parce que la Beauté
est d’abord d’essence sensorielle et d’excitation poétique, la majorité des
poètes qui ont magnifié la femme, ont privilégié sa beauté ; ce message
silencieux qui réveille le divin qui est en tout mâle. Peu ont mis l’accent sur
son intelligence et sa sagesse.
Au-delà de cette reconnaissance de la divinité dans sa création, se trouve
la connaissance du mystère de la fin de toute vie, de la fin du séjour
terrestre de l’homme, le mystère le plus achevé de Dieu, celui qui a clôturé
son œuvre au septième jour. Heureux ceux qui se préparent à cet évènement (dont
nous en avons déjà parlé dans des publications antérieures) et qui est commun à
tous, dans la foi et l’espérance de la sublime rencontre avec les siens :
parents, anges, christ… La propriété foncière faisait des gens du passé des
seigneurs et celle des biens matériels et de l’argent fait des hommes actuels
des riches bourgeois. Mais, ni la
possession des terres, ni la détention des biens et des masses d’argent ne
donnent le ciel et la garantie d’une posture de Seigneur à travers le temps.
Le caractère éphémère des richesses terrestres contraste à la fois avec les
bienfaits durables de l’existence invisible, sans retour au monde des humains et
avec la vie sans fin de l’esprit.
« S’ils se taisent les pierres crieront…Le ciel et la terre
passeront, mes paroles ne passeront jamais » avait dit Jésus.
La poésie porte une prophétie similaire. En vérité, nous sommes sur terre
pour nous perfectionner et pour apprendre à accéder aux secrets d’outre-tombe,
en travaillant par avance, pour notre infinie félicité par la
pratique de la prière, de la charité et de l’Amour qui ont pour ingrédient la
Douleur.
La douleur a plusieurs vertus, dont celle de développer les
forces viriles de l’âme, de la tremper pour la lutte et l’ascension, l’épurer,
la mûrir, l’élever, lui ouvrir les portes de la vie bienheureuse.
De Musset, écrivain français, avait dit :
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se
connaît tant qu’il n’a pas souffert. C’est une dure loi, mais une loi suprême, Vieille
comme le monde et la fatalité, qu’il nous faut du malheur recevoir le baptême,
et qu’à ce triste prix tout doit être acheté ».
Pour terminer ces élucubrations, nous affirmons que l’Homme est dépositaire
d’une portion de la divinité. Par la poésie, la prière, l’éloquence parlée ou
écrite, il dévoile Dieu.
Il s’accroche à la vie, soit par méconnaissance de Dieu, soit par la prise
de conscience de son caractère d’Etre fini qui cependant lui font concevoir la
vie éternelle. Son passage sur terre est un mélange de tout…
Ecoutons ce que disait l’un de ces grands initiés divin de son
vivant :
« Ainsi, toujours
poussés vers de nouveaux rivages, dans la nuit éternelle emportés sans retour,
ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul
jour ?... Quand prêt à quitter l'horizon de la vie, Je me retournerai
encore, et d'un regard d'envie, je contemplerai ces biens dont je n'ai pas
joui. Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui ».
Certes à l’impossible nul n’est tenu…La leçon achevée de la vie est que le
séjour terrestre est une école d’apprentissage et de perfectionnement par le
travail, la prière, l’étude, la méditation, la souffrance… Il n’y a ni bonheur
ni souffrance éternels, tout tient au bon ou mauvais usage que nous faisons de
notre libre arbitre, ce don de Dieu, et des facultés et qualités que nous
aurons développées et introduites en nous.
Le Bien (Amour) est la valeur suprême de l’univers. Mais, il s’agit à la
fois de faire le bien et d’être bon. Le but de la vie terrestre de tout homme
est d’éduquer son Ame par la souffrance, de lutter pour l’amélioration de la
société. Il faut initier ses semblables aux splendeurs du Vrai et du Beau. Par
la mort, la vie change simplement de forme et, le tombeau nous ramène au
berceau, passage incontournable pour accéder à l’immortalité.
Aimer la vérité et la justice, pratiquer la charité, la bienveillance, être
bon : tel est secret du bonheur dans l’au-delà. Tel est le Devoir.
Chacun porte son paradis et son enfer.
Note : certains passages de cet écrit sont de
trois auteurs français : Denis, Lamartine et Musse.
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