Finies les
législatives. S’il y a eu des fraudes, elles ont été très négligeables et nous
pouvons affirmer que le scrutin a été très transparent à cause de la qualité,
de l’appartenance politique des compétiteurs à la Majorité et du faible nombre
d’électeurs qui ont pris part à cette consultation électorale. Le résultat
donne l’occasion aux démocrates patriotes d’engager un débat de fonds sur les
taux de participation, d’abstention et surtout sur la représentativité réelle
ou fictive de notre future Assemblée Nationale.
A n’en pas douter, le résultat
de l’élection est préoccupant pour tout citoyen, un tant soit peu sincère et honnête,
même si le « tsunami » pédégiste était prévisible pour tout analyste
connaissant le Gabon. Espérons que nos amis du PDG n’ont pas oublié leur
devise : « Dialogue-Tolérance-Paix ». Attention au retour en arrière.
L’excessive et
impressionnante victoire que le Parti Démocratique Gabonais (PDG) vient d’obtenir aux législatives, après le
refus d’une partie des candidats de l’opposition à prendre part au scrutin du
17 décembre 2011, est riche d’enseignements sur la nouvelle étape de
l’évolution, qualifiée de démocratique du Gabon, après l’arrivée au pouvoir du
Président Ali Bongo. En 51 ans, le Gabon n’a connu qu’une seule succession au
pouvoir ; celle de 1967, quand le jeune Albert Bernard Bongo âgé seulement
de 32 ans, remplace le Vieux Président Léon Mba, mort en France des suites
d’une grave maladie. Personne à l’époque ne pouvait deviner les qualités
d’homme d’Etat que nombreux gabonais et étrangers ont vanté et reconnu plus
tard à Bongo.
C’est alors qu’une partie de l’opposition avait rallié le nouvel
homme fort en adhérant à son PDG naissant et/ou en participant à la gestion de
l’Etat en qualité de membre du Gouvernement. Si en 1967, A.B. Bongo qui était
un proche collaborateur du Président avait, dit-on, bénéficié de l’onction de
ce dernier pour devenir Vice-Président puis Président après une campagne
électorale savamment menée avec l’Assistance de la « Communauté
Internationale ». En 2009, Ali Bongo, fils et proche collaborateur du
défunt Président O. Bongo, a fait une campagne unipersonnelle en tant que
candidat en compétition avec les autres gabonais. Parmi ses concurrents se
trouvait son frère et ami intime, fils adoptif et proche collaborateur du défunt
Président ainsi que d’anciens Premiers Ministres et Ministres, proches
collaborateurs du défunt Bongo Ondimba : bref, pour l’essentiel, la
majorité des candidats à l’élection présidentielle de 2009 se connaissait tous,
parce qu’ayant siégé les uns aux côtés des autres dans les différents
Gouvernements gabonais.
A noter que même les opposants candidats au même scrutin
rentraient naguère dans le giron présidentiel d’Omar. Tous les citoyens et acteurs
politiques savaient que 2 ans après l’élection présidentielle devaient se tenir
les législatives conformément au calendrier légal. Pour plusieurs raisons, l’on
constate que la non-participation des populations à ces dernières est criard.
D’abord et surtout à cause de la détérioration et la dévalorisation de l’image
des leaders politiques de tous les bords aux yeux du peuple. C’est la cause
majeure en tant que donnée sociopolitique permanente. Ensuite, le contentieux électoral
lié aux présidentielles en est l’une des causes réelles. Puis, la
dissolution de l’Union Nationale, causée par une grossière erreur politique de
l’un de ses leaders et l’appel à l’abstention lancé par l’opposition sont
la raison d’actualité. Enfin, le rejet et le manque de confiance des
populations aux Institutions chargées d’organiser et de juger les votes et dont
la crédibilité doit être restaurée. Pour toutes ces causes et raisons, l’abstention
ou la non-participation électorale se sont désormais installées dans l’électorat
gabonais. Elles commencent lors de la révision des listes électorales par le peu
d’empressement de certains citoyens à s’y inscrire ; elles s’achèvent par le
respect de la moindre consigne qui les excite, les taquine et les convie à la
désobéissance civique.
A observer de près, tous les actes et toutes les prises
de positions politiques de l’opposition contre le nouveau pouvoir s’expliquent
par le refus né de l’élection du nouveau Président, dont l’arrivée à la
direction de l’Etat a fait l’objet d’une vive contestation, jusqu’à un an après
la tenue du vote. Que ce fut le fidèle compagnon du Chef de l’Etat, qui ait le
plus remis en cause cette victoire en rajouta à la situation. L’amorce de la
mise en œuvre du projet pour l’Emergence du Gabon, qui s’accompagne de
destructions de taudis et autres habitations aux abords des rues de Libreville
provoque un mécontentement populaire qui, espérons-le se transformera en joie et
en fierté après l’exécution des
chantiers en cours.
Dans ce contexte où ce qui provoque la colère est plus
tenace que ce qui porte l’espoir d’un avenir en confiance et meilleur, il est
compréhensible que les populations rejettent les évènements entachés de
« Mal Etre » auxquels ils sont invités. C’est ce faisceau de faits
qui expliquent la très forte abstention. La grave erreur commise par le PDG est
de vouloir démontrer sa domination politique ; y compris à l’égard de ses
partenaires et alliés de la Majorité Républicaine pour l’Emergence. Infantile et
blâmable erreur politique dans la mesure
où l’on ne cesse de répéter, dans l’Opposition et dans la Majorité, que le
Gabon est un pays en voie de démocratisation, un pays de Droit et de Loi :
une République.
L’imposante victoire pédégiste
jette le Gabon dans le camp des pays à « Pensée Unique ». Avec
61 députés, tout parti ou groupe de partis se trouve majoritaire à l’Assemblée Nationale gabonaise ;
avec plus de 100 députés, on frôle l’autocratie et l’indécence. Pour obtenir un
tel résultat, Il a fallu que la majorité des irréductibles électeurs
disciplinés et fidèles au PDG, se soient mobilisés pour aller aux urnes ;
rendant ainsi le scrutin tout à fait transparent. L’attitude de la masse des
gabonais, pas forcément de l’Opposition, qui n’ont pas participé aux
législatives lancent au Pouvoir un message qu’il doit décoder. Déjà dans un article publié avant le 17 décembre
dans le « Mbandja » nous disions que :
« Les
prochaines législatives donneront l’occasion au Pouvoir de se renforcer, pour
cause de l’absence des candidatures des personnalités connues dont certaines
seront de retour au Palais Léon MBA, dans cinq ans au moins, ou avant, si entre
temps, le Chef de l’Etat décide de dissoudre l’Assemblée, ou elles se
retrouveront au Senat après les locales et les sénatoriales. Le vote à venir permettra-t- il de rehausser
ou pas l’image du législateur de la République et la fonction de député ?
C’est l’une des questions que l’on peut se poser quand on observe la
non-participation des leaders, anciens membres de la Majorité et de
l’Opposition. L’attention devra porter sur la composition de la future Assemblée.
Combien de députés de l’opposition y
siégeront ? Pour quels partis politiques? Combien de députés de la
Majorité et quelle en sera la répartition entre les membres ? Combien de
députés indépendants ? L’attention devra également porter sur les
convergences, les rapprochements et les
nouvelles alliances post électorales qui pourraient naître, une fois le
contentieux électoral vidé au plus vite… Il suffit qu’une infime partie des
électeurs aillent voter et qu’un candidat se retrouve avec un pourcentage de
voix supérieur aux autres pour être légalement proclamé vainqueur. Le scrutin à
tour unique c’est l’élection des minorités majoritaires victorieuses. C’est
ainsi que l’on peut gagner les élections avec n’importe quel pourcentage de
voix, pourvu que ce pourcentage, quoique minoritaire, soit supérieur aux autres ».
Préparée par le PDG et
aidée par le boycott de l’Opposition, l’énorme victoire du PDG est un mauvais
service rendu au Chef de l’Etat qui n’avait pas besoin d’autant d’élus pour
mettre en exécution son programme de développement économique et social pour un
Gabon Emergent. Le groupe de Conseillers et autres collaborateurs du Chef de
l’Etat doivent maintenant se mettre au turbin pour conserver au Gabon l’image
d’un pays démocratique, de Liberté, de Droit et de Paix. Quel que sera le
résultat de ce difficile exercice, il restera que nombreux observateurs ne
comprendront pas que des Responsables politiques, juristes et administratifs qui ont côtoyé, servi, travaillé et vu le
Président Omar Bongo, orfèvre politique parmi les orfèvres, n’aient rien appris
et retenu de ses « Leçons de Choses Electorales » et gèrent maladroitement
sa continuité moins de 7 ans après son décès. C’est vrai que le PDG a gagné
l’élection dans la transparence « pour soi » en rassemblant en
priorité ses troupes. Mais, cette victoire montre qu’un insidieux danger
politique menace présentement le pays.
Il est l’œuvre des anti-démocrates de
tout et de même acabit, nostalgiques des temps passés, et a pour nom Parti
Unique.
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