5 mars 2012

ECRASANTE VICTOIRE DU P. D. G : ENTRE RAISONS ET VANITES


Finies les législatives. S’il y a eu des fraudes, elles ont été très négligeables et nous pouvons affirmer que le scrutin a été très transparent à cause de la qualité, de l’appartenance politique des compétiteurs à la Majorité et du faible nombre d’électeurs qui ont pris part à cette consultation électorale. Le résultat donne l’occasion aux démocrates patriotes d’engager un débat de fonds sur les taux de participation, d’abstention et surtout sur la représentativité réelle ou fictive de notre future Assemblée Nationale. 

A n’en pas douter, le résultat de l’élection est préoccupant pour tout citoyen, un tant soit peu sincère et honnête, même si le « tsunami » pédégiste était prévisible pour tout analyste connaissant le Gabon. Espérons que nos amis du PDG n’ont pas oublié leur devise : « Dialogue-Tolérance-Paix ».  Attention au retour en arrière. 

L’excessive et impressionnante victoire que le Parti Démocratique Gabonais (PDG)  vient d’obtenir aux législatives, après le refus d’une partie des candidats de l’opposition à prendre part au scrutin du 17 décembre 2011, est riche d’enseignements sur la nouvelle étape de l’évolution, qualifiée de démocratique du Gabon, après l’arrivée au pouvoir du Président Ali Bongo. En 51 ans, le Gabon n’a connu qu’une seule succession au pouvoir ; celle de 1967, quand le jeune Albert Bernard Bongo âgé seulement de 32 ans, remplace le Vieux Président Léon Mba, mort en France des suites d’une grave maladie. Personne à l’époque ne pouvait deviner les qualités d’homme d’Etat que nombreux gabonais et étrangers ont vanté et reconnu plus tard à Bongo. 



C’est alors qu’une partie de l’opposition avait rallié le nouvel homme fort en adhérant à son PDG naissant et/ou en participant à la gestion de l’Etat en qualité de membre du Gouvernement. Si en 1967, A.B. Bongo qui était un proche collaborateur du Président avait, dit-on, bénéficié de l’onction de ce dernier pour devenir Vice-Président puis Président après une campagne électorale savamment menée avec l’Assistance de la « Communauté Internationale ». En 2009, Ali Bongo, fils et proche collaborateur du défunt Président O. Bongo, a fait une campagne unipersonnelle en tant que candidat en compétition avec les autres gabonais. Parmi ses concurrents se trouvait son frère et ami intime, fils adoptif et proche collaborateur du défunt Président ainsi que d’anciens Premiers Ministres et Ministres, proches collaborateurs du défunt Bongo Ondimba : bref, pour l’essentiel, la majorité des candidats à l’élection présidentielle de 2009 se connaissait tous, parce qu’ayant siégé les uns aux côtés des autres dans les différents Gouvernements gabonais. 

A noter que même les opposants candidats au même scrutin rentraient naguère dans le giron présidentiel d’Omar. Tous les citoyens et acteurs politiques savaient que 2 ans après l’élection présidentielle devaient se tenir les législatives conformément au calendrier légal. Pour plusieurs raisons, l’on constate que la non-participation des populations à ces dernières est criard. D’abord et surtout à cause de la détérioration et la dévalorisation de l’image des leaders politiques de tous les bords aux yeux du peuple. C’est la cause majeure en tant que donnée sociopolitique permanente. Ensuite, le contentieux électoral lié aux présidentielles en est l’une des causes réelles. Puis, la dissolution de l’Union Nationale, causée par une grossière erreur politique de l’un de ses leaders et l’appel à l’abstention lancé par l’opposition sont la raison d’actualité. Enfin, le rejet et le manque de confiance des populations aux Institutions chargées d’organiser et de juger les votes et dont la crédibilité doit être restaurée. Pour toutes ces causes et raisons, l’abstention ou la non-participation électorale se sont désormais installées dans l’électorat gabonais. Elles commencent lors de la révision des listes électorales par le peu d’empressement de certains citoyens à s’y inscrire ; elles s’achèvent par le respect de la moindre consigne qui les excite, les taquine et les convie à la désobéissance civique. 

A observer de près, tous les actes et toutes les prises de positions politiques de l’opposition contre le nouveau pouvoir s’expliquent par le refus né de l’élection du nouveau Président, dont l’arrivée à la direction de l’Etat a fait l’objet d’une vive contestation, jusqu’à un an après la tenue du vote. Que ce fut le fidèle compagnon du Chef de l’Etat, qui ait le plus remis en cause cette victoire en rajouta à la situation. L’amorce de la mise en œuvre du projet pour l’Emergence du Gabon, qui s’accompagne de destructions de taudis et autres habitations aux abords des rues de Libreville provoque un mécontentement populaire qui, espérons-le se transformera en joie et en fierté après l’exécution  des chantiers en cours. 

Dans ce contexte où ce qui provoque la colère est plus tenace que ce qui porte l’espoir d’un avenir en confiance et meilleur, il est compréhensible que les populations rejettent les évènements entachés de « Mal Etre » auxquels ils sont invités. C’est ce faisceau de faits qui expliquent la très forte abstention. La grave erreur commise par le PDG est de vouloir démontrer sa domination politique ; y compris à l’égard de ses partenaires et alliés de la Majorité Républicaine pour l’Emergence. Infantile et blâmable erreur politique  dans la mesure où l’on ne cesse de répéter, dans l’Opposition et dans la Majorité, que le Gabon est un pays en voie de démocratisation, un pays de Droit et de Loi : une République. 

L’imposante victoire pédégiste  jette le Gabon dans le camp des pays à « Pensée Unique ». Avec 61 députés, tout parti ou groupe de partis se trouve  majoritaire à l’Assemblée Nationale gabonaise ; avec plus de 100 députés, on frôle l’autocratie et l’indécence. Pour obtenir un tel résultat, Il a fallu que la majorité des irréductibles électeurs disciplinés et fidèles au PDG, se soient mobilisés pour aller aux urnes ; rendant ainsi le scrutin tout à fait transparent. L’attitude de la masse des gabonais, pas forcément de l’Opposition, qui n’ont pas participé aux législatives lancent au Pouvoir un message qu’il doit décoder. Déjà  dans un article publié avant le 17 décembre dans le « Mbandja » nous disions que : 

« Les prochaines législatives donneront l’occasion au Pouvoir de se renforcer, pour cause de l’absence des candidatures des personnalités connues dont certaines seront de retour au Palais Léon MBA, dans cinq ans au moins, ou avant, si entre temps, le Chef de l’Etat décide de dissoudre l’Assemblée, ou elles se retrouveront au Senat après les locales et les sénatoriales.  Le vote à venir permettra-t- il de rehausser ou pas l’image du législateur de la République et la fonction de député ? C’est l’une des questions que l’on peut se poser quand on observe la non-participation des leaders, anciens membres de la Majorité et de l’Opposition. L’attention devra porter sur la composition de la future Assemblée. Combien de députés de l’opposition y  siégeront ? Pour quels partis politiques? Combien de députés de la Majorité et quelle en sera la répartition entre les membres ? Combien de députés indépendants ? L’attention devra également porter sur les convergences, les rapprochements  et les nouvelles alliances post électorales qui pourraient naître, une fois le contentieux électoral vidé au plus vite… Il suffit qu’une infime partie des électeurs aillent voter et qu’un candidat se retrouve avec un pourcentage de voix supérieur aux autres pour être légalement proclamé vainqueur. Le scrutin à tour unique c’est l’élection des minorités majoritaires victorieuses. C’est ainsi que l’on peut gagner les élections avec n’importe quel pourcentage de voix, pourvu que ce pourcentage, quoique minoritaire, soit supérieur aux autres ».
 
Préparée par le PDG et aidée par le boycott de l’Opposition, l’énorme victoire du PDG est un mauvais service rendu au Chef de l’Etat qui n’avait pas besoin d’autant d’élus pour mettre en exécution son programme de développement économique et social pour un Gabon Emergent. Le groupe de Conseillers et autres collaborateurs du Chef de l’Etat doivent maintenant se mettre au turbin pour conserver au Gabon l’image d’un pays démocratique, de Liberté, de Droit et de Paix. Quel que sera le résultat de ce difficile exercice, il restera que nombreux observateurs ne comprendront pas que des Responsables politiques, juristes et administratifs qui ont côtoyé, servi, travaillé et vu le Président Omar Bongo, orfèvre politique parmi les orfèvres, n’aient rien appris et retenu de ses « Leçons de Choses Electorales » et gèrent maladroitement sa continuité moins de 7 ans après son décès. C’est vrai que le PDG a gagné l’élection dans la transparence « pour soi » en rassemblant en priorité ses troupes. Mais, cette victoire montre qu’un insidieux danger politique menace présentement le pays. 

Il est l’œuvre des anti-démocrates de tout et de même acabit, nostalgiques des temps passés, et a pour nom Parti Unique. 

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