5 mars 2012

VIVE LA CAN ET MERCI BONNES GENS !

Ah ! Si nous avions été en finale de la CAN ! « Faute de grives, on mange des merles : quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut se contenter de ce que l’on a ». Nos panthères ont fait ce qui était à leur portée ; ils nous ont mobilisé et fait vibrer en l’espace de 4 matchs. Les réactions juvéniles observées chez certains d’entre nous traduisaient une projection sentimentale fusionnellee et patriotique que seuls les évènements d’apparence neutres peuvent provoquer. Le retour à l’enfance, voilà la grande vertu du sport, ce domaine des passions populaires et collectives.

Quoique décevante, l’élimination des Panthères en quart de finale de la CAN n’a pas surpris et choqué les observateurs avertis et les anciens footballeurs. D’une part parce que le coup d’essai aurait été un vrai coup de maître si le Gabon avait remporté la CAN ; d’autre part, une finale opposant le Gabon à la Zambie aurait été d’une cocasserie inouïe et chargée d’une forte dose d’émotion. 

Deux évènements-souvenirs sont certainement revenus à la mémoire d’une grande partie de nos compatriotes; en particulier ceux qui sont âgés entre 35 et 55 ans. Le premier souvenir, douloureux et triste, est la mort tragique par crash d’avion, de 18 footballeurs Zambiens au large de Libreville. Dix-neuf ans après, l’équipe nationale de la Zambie vient de jouer et de gagner une finale de la CAN au Gabon qui deviendra, à coup sûr, pour ses joueurs une terre de gloire et de recueillements sacrés. 


Le souvenir du crash aurait indubitablement plané sur une rencontre Gabon-Zambie. La victoire de la Zambie sur la Cote d’Ivoire à la finale est méritée. Elle a été porteuse d’émerveillement et relève de la justice. Non point seulement de la justice pour les vivants, mais surtout de la justice rendue aux footballeurs zambiens décédés dans notre pays qui est hautement mystique. Cette victoire a comblé de bonheur tous ceux qui ont le cœur tendre et qui n’oublient pas le passé, dès lors qu’il est entaché de compassion, de regrets et d’inachevés. Il nous a été agréable d’entendre le coach de la Zambie dire à la fin du match : « nous étions poussés par une Puissance… », Puis d’évoquer Dieu. 

Il existe des forces bienfaisantes qui peuvent, à certaines grandes occasions, se rendre disponibles, pour assister et aider un homme ou un groupe d’hommes afin de leur permettre de réaliser un noble rêve. L’équipe du Coach Renard et du Capitaine Katongo vient de nous en faire la démonstration. Ceux qui ont regardé la finale CAN  à travers le monde peuvent, en revivant à postériori le déroulement du match intérieurement en eux, sentir et se rendre compte de la manière dont la victoire des zambiens, au fil du match, se dessinait inexorablement et comme par extraordinaire. 

Du pénalty raté de Drogba au tir ailleurs de Gervinho, quelque chose semblait préserver la victoire au profit de la Zambie. Sans méconnaitre la virtuosité des joueurs ivoiriens, il faut magnifier ces zambiens qui viennent de vivre en terre gabonaise, une merveilleuse histoire qu’ils n’oublieront jamais. 

Jamais, parce qu’ils viennent d’obtenir récompense et reconnaissance de la part de nos mannes et de nos populations. Parce qu’ils viennent de recevoir de la part des footballeurs défunts de leur patrie un fort signe de solidarité et d’Amour. Parce qu’ils viennent de faire d’une portion de la plage souillée de Libreville un lieu de rémission des maux, de sanctification des esprits et de purification des corps. Aux bouquets de fleurs donnés à la mer par nos frères et hôtes, la mer leur a offert en retour la Coupe d’Afrique des Nations, Graal qui a couronné le mérite d’un succès héroïque tiré d’un troublant sacrifice. 

Le second souvenir est pour ceux, plus âgés, qui ont suivi la finale de ce qui peut est considéré, sans ’excès, comme la dernière grande coupe du monde. Celle de 1970 au Mexique, qui a été remportée et conservée par la sélection du Brésil. Le plus grand artisan de cette victoire avait été cet homme vieillissant qui vient d’être honoré par le Gabon et la Guinée Equatoriale et leurs deux Chefs d’Etat. 

Cet homme de 72 ans qui marche maintenant, Ô temps destructeur ! avec quelque peine et dont le corps est soutenu par des jambes et des pieds qui ont été reconnus comme les plus adroits et les plus habiles par les spécialistes du football mondial. 

Cet homme aux exploits innombrables et inégalables qui a légué au sport le plus populaire de la planète, un gros et prestigieux héritage qui ne sera jamais totalement partagé par ses successeurs. 

Cet homme est lui aussi revenu dans notre  pays où naguère, il avait permis aux amoureux du foot de passer quelques instants de bonheur en sa compagnie. Cet homme, c’est Edson Arantes Donascimento : PELE. 

Pelé au Gabon lors de la CAN 2012

Je pense ici à  tous ceux qui, gamins, ont commencé à découvrir le foot quand Pelé jouait déjà, et qui prenaient pour surnom Pelé. C’est durant la coupe de 1958 que les rares experts internationaux attentionnés et connaisseurs passionnés du ballon rond découvrirent que les amoureux de ce sport s’étaient constitués en un Peuple qui constatait, émerveillé, qu’un Roi était né et s’imposait à eux. 


Ainsi, Pelé fut intronisé Roi à 18 ans. Il demeurera  Roi de ce royaume jusqu’à sa mort, tous les princes attendront  Il a donné au foot ce qu’aucun joueur n’avait donné à ce sport avant lui et qu’aucun joueur ne lui donnera jamais après ; même si les gestes seront toujours les mêmes qu’au temps de la consécration de Pelé. 

La statue de Pelé au Stade de l'Amitié au Gabon (Libreville) - CAN 2012
Mais Roi, il a donné à ces gestes une dimension qui ne sera point égalée parce qu’il a mis l’harmonie du mouvement du corps, la beauté et le style du jeu et la puissance des gestes au service de l’efficacité qui a pour objectif  le but, le goal. Jeune lycéen, j’ai vu et touché cet homme à la plage du Lycée Léon Mba en compagnie de Vito et de Rildo, nous lui avons demandé de nous monter ses pieds et il l’a fait, il a signé sur les photos de lui que nous avions en collection. A ce jour encore, j’ai une profonde admiration pour lui.   

Je l’ai vu il y a quelques jours en compagnie des personnalités connus, les deux chefs d’Etat des pays organisateurs de la CAN bien sûr, mais surtout de l’un de mes aînés avec qui, étudiants en France, nous partagions, lui, Serge et moi, une folle admiration pour ce génie du foot, oui, j’ai vu René Ndemezo Obiang, ancien footballeur de talent qui calquait, par mimétisme, son style de jeu sur Pelé. J’ai imaginé toutes les pensées qui trottaient dans sa tête de Ministre des sports, ancien joueur de foot, participant aux côtés du Roi de sa jeunesse, à la plus belle fête de foot du continent. Heureux as-tu été René. 

J’ai aussi aperçu Gaston Mondzogo et Pierre Odounga autres admirateurs du Roi. Je ne me suis pas privé de penser à quelques autres fans du Roi de notre jeunesse : Hervé Ossamané, Alain Ondo, Moise  Nsole Biteghe, Jerôme Mikala, Dieu Donné Dibady, Victor Ndong Mba, Roger Sickout, Michel Menga, Vincent Essono Mengue, Martin Kassa, Soukous Mikouma, Paul Bayonne, Henri Bignoumba, Katsanis, Herbin Mihindou, Nanda Raouto, Modeste Obiang, Mathieu Douna, Calixte Nsie, Jean Baptiste Babadounga,Vincent Essame, Christian Mba etc. et bien d’autres qui ne sont plus. Deux présidents de la République viennent de rendre hommage à un Roi qui a énormément donné à l’humanité, et qui pourtant n’a pas suffisamment reçu du monde du foot ; tant en gloire qu’en numéraire. 

En le gardant quelques jours chez nous, les Présidents Bongo Ondimba et Obiang Nguema ont posé un acte qui a honoré tous ceux qui ont aimé, qui aiment le beau foot et qui ont été reconnaissants à ce jeune nègre de 18 ans qui lui a donné un Royaume dès 1958. Merci Messieurs les Présidents pour nous avoir ramené dans l’enfance pendant quelques jours. 

Celui qui dit que le  sport n’a rien en commun avec la politique n’est qu’un menteur. La CAN vient de confirmer que tout revient directement ou indirectement à la politique qui est au cœur de tous les évènements de toute société. Un peuple peut vibrer à l’unisson grâce aux exploits sportifs. Nous savions que le défunt Président aimait la boxe. Mais, très peu parmi nous savait que le Président Ali était un amoureux du foot et qu’il était gaucher comme Philippe Doucet. Qui pouvait penser qu’il allait prendre le temps de se consacrer à cette manifestation en s’impliquant aussi fortement à la CAN? 

Pourquoi le Président Ivoirien s’est-il déplacé pour voir la finale de la CAN ? Sans considération subjective, la CAN s’est bien déroulée au niveau sportif ; mais pas en ce qui concerne l’implication des nationaux à son intendance. Mea Culpa, j’étais du nombre des sceptiques qui avaient des réserves sur la réussite sportive de la CAN au Gabon. Par souci d’honnêteté et pour la postérité  je le confesser, puisque je l’ai  écrit. Bravo les Panthères. 

Bravo Messieurs le Ministre des sports et de la Fégafoot !

Bravo et merci aux Présidents du Gabon et de la Guinée Equatoriale !

Cependant, nous répétons que les simples citoyens gabonais n’ont pas profité de la manne de la CAN en ce qui concerne les locations des logements, des véhicules et la restauration. Mesdames, Messieurs, Tout n’est que politique, ironie et passe-temps. 

Il faut maintenant que le Chef de l’Etat et son Gouvernement mettent en place un système fiable pour l’entretien, l’exploitation et la rentabilité de belles infrastructures réalisées pour le pays.             

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